Entretien avec Pierre-Luc Dusseault, député NPD de Sherbrooke

Petite rupture estivale pour un entretien avec Pierre-Luc Dusseau, en attendant la rentrée. Député de Sherbrooke, il est un des nombreux élus NPD de la « vague orange » de 2011. Mais contrairement à ce qui a pu être dit sur certains de ses collègues, ce n’est pas un élu par hasard, son engagement politique étant ancien. Il se n’attendait peut-être pas à être élu à 19 ans mais a tout de suite choisi d’assumer sa fonction. Retour sur trois ans de mandat.

En 2011 le NPD a raflé de nombreux sièges au Québec, surprenant de nombreux observateurs et parfois même des candidats. Votre cas est différent, dès le début vous y croyiez et avez fait campagne pour gagner, en vous appuyant sur un bagage politique et un territoire que vous connaissiez. Pouvez-vous me présenter votre parcours et l’origine de votre engagement ?

Je me suis engagé au NPD vers la fin de mon passage au CÉGEP. Pendant ma première année universitaire, j’ai été de plus en plus impliqué avec le NPD : que ce soit en étant un des membres fondateurs du NPD de l’Université de Sherbrooke, en participant aux différentes instances de l’aile québécoise du NPD fédéral ou en devenant Président de l’association de circonscription du NPD Sherbrooke. Je me suis joint au NPD en grande partie pour le message positif et optimiste que portait son chef à cette époque : Jack Layton. De fil en aiguille, j’ai appris à mieux connaître le NPD au point de vouloir mettre mon nom sur le bulletin de vote lorsque l’élection générale de mai 2011 est arrivée.

Ce fût une expérience exigeante mais très instructive. Dès le départ, je souhaitais obtenir le meilleur résultat possible pour notre formation politique dans le comté de Sherbrooke. J’ai fait campagne à temps plein en allant dans des endroits publics distribuer des dépliants, en faisant du porte-à-porte et en participant aux débats des candidats. Ces efforts ont porté leurs fruits, mais il ne faudrait surtout pas sous-estimer le poids que la campagne nationale du NPD, avec Jack Layton, a eu sur nos campagnes locales en tant que candidats du NPD au Québec. Ma campagne active et visible au niveau local conjugué à la popularité de notre chef m’a permis de l’emporter dans un territoire considéré imprenable.

Élu à 19 ans et onze mois, vous êtes le plus jeune député de l’histoire de la Chambre des communes. C’est un atout, mais ça peut aussi être très réducteur : avez-vous ressenti un jugement de certains ? (comme un refus de vous prendre au sérieux, ou des tentatives de vous cantonner aux questions de jeunesse…) Je pense cela autant au sein votre caucus qu’après de vos adversaires ou de vos électeurs.

Être le plus jeune député de l’histoire de la Chambre des communes a fait circuler mon histoire à travers le Canada dans les jours suivants mon élection. Des centaines de jeunes mon contacté pour me dire qu’il était inspiré par mon exploit et que ça leur donnait espoir dans le système politique actuel. Par contre, quand je suis arrivé au Parlement, ma crainte était de ne pas me faire prendre au sérieux et d’avoir de la difficulté à faire ma place. Ce n’est pas ce qui est arrivé. Probablement que si je n’avais pas pris mon travail au sérieux et que je ne m’étais pas montré comme une personne responsable, mes collègues ne m’auraient pas considéré. Mais comme j’ai pris mon travail très au sérieux et que j’ai fait mes preuves, je crois avoir gagné le respect de mes confrères et consœurs députés.

L’une des preuves de cette confiance est certainement lorsque mon chef m’a désigné comme Président d’un comité parlementaire. Ce travail me permet de gagner le respect de mes collègues de tous les côtés de la Chambre également. Est-ce que les jeunes députés ont plus de pression pour performer et démontrer leur sérieux ? Probablement. Il suffit de prendre ses responsabilités et prouver qu’on est tout autant qualifié pour faire ce travail.


Pierre-Luc Dusseault en 2011 lors de son assermentation

Le NPD est un parti progressiste, lors des dernières élections il est pour la première fois devenue opposition officielle mais le gouvernement de Stephen Harper à la majorité absolue. Afin de bien faire comprendra votre positionnement, pourriez vous donner un exemple de loi votée par les conservateurs à laquelle vous vous êtes vivement opposé ?

Le soir du 2 mai 2011, j’ai appris une très bonne et une très mauvaise nouvelle à la fois : j’ai été élu député de Sherbrooke et les conservateurs ont gagné une majorité de sièges. J’ai été amèrement déçu de ce dernier résultat. Par contre, ma réaction à quand même été positive. J’ai décidé de me retrousser les manches et de travailler encore plus fort pour faire avancer mes idées contre un gouvernement diamétralement opposé à mon Parti. Cette réalité parlementaire nous a vite rattrapé lorsque nous avons été à la Chambre des communes devant le gouvernement conservateur.

L’un des premiers combats que nous avons mené a eu lieu dès le premier mois de séance : la défense de Postes Canada. C’est une des joutes parlementaires qui m’a le plus marqué depuis mon élection. Nous avons tenu tête aux conservateurs pendant plus de 3 jours consécutifs de débats pour empêcher une Loi de retour au travail suite au Lock-out décrété par la direction de Postes Canada.

De manière plus personnelle, pouvez-vous présenter un projet de loi que vous êtes le plus fier d’avoir défendu et/ou voté ?

Oui, l’un des projets de Loi que j’ai été le plus fier de défendre a été le Projet de Loi sur le bilinguisme des agents du Parlement, présentée par ma collègue Alexandrine Latendresse. C’est un projet de Loi qui a d’ailleurs reçu la sanction royale depuis et j’en suis très fier.

Vous êtes très présent en ligne, que ce soit sur votre site, facebook, twitter, etc. Est-ce vous qui vous exprimez directement ? Si oui, pensez-vous que cela permette réellement de rapprocher élus et citoyens ?

Oui, je publie la très grande majorité des messages qui sont envoyés sur mes comptes de réseaux sociaux. Considérant les expériences que j’ai eues sur les réseaux sociaux, je peux confirmer que ce canal de communication additionnel est très utile et utilisé par mes concitoyens. C’est un nouveau moyen de communiquer directement, sans intermédiaire, avec les citoyens qui m’ont élu comme leur représentant au Parlement fédéral.

 Entretien réalisé par
courriel en juin 2014

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