Entretien avec Audrey Boisvert, militante multi-fonctionnelle

Si elle s’est fait discrète depuis quelques années, Audrey Boisvert reste ancrée dans la mémoire des électeurs de Laval et du Québec. En 2005, à 18 ans, elle se présente face à l’inamovible Gilles Vaillancourt et obtient 18% des voix, les médias suivent de près cette jeune femme aux convictions bien accrochées qui n’a pas peur de se jeter dans l’arène. Une seconde étape est franchie quand elle est candidate, en 2008, pour Québec Solidaire dans Vimont en 2008 (4,3 %). Puis elle s’en va vers la Gaspésie et quitte la vie publique pour se consacrer à l’écologie concrète, une autre forme de politique. Entretien avec une militante qui n’a cessé de se battre.

Avant de parler strictement politique, peux-tu te présenter à nos lecteurs, expliquer d’où-tu viens, quelle est ta formations, quelles sont tes valeurs clefs, ce que tu fais aujourd’hui, etc. ?

Tout d’abord, je suis native de Laval, la troisième plus grande ville au Québec. Sa caractéristique principale est qu’elle est la banlieue de Montréal. Jusqu’à 16 ans, je ne me suis pas trop questionnée sur mon environnement ayant grandie dans une famille bienfaisante.

C’est entre 16 et 18 ans que j’ai premièrement acquis un esprit critique face à ma ville et à la société en général. Je me suis impliquée dans un organisme qui s’appelle le Forum Jeunesse de Laval et qui gérait de grosses sommes d’argent pour des projets jeunesses. C’est grâce à eux, entre autres, que je me suis de plus en plus intéressés à la vie politique municipale. À peu près au même âge, je suis entrée au Cégep Ahuntsic pour faire deux ans d’études en sciences humaines. J’ai participé à recréer le comité d’environnement étudiant.

En 2005, une grève étudiante s’est déroulée partout au Québec et ce fût une expérience super enrichissante qui m’a permis de rencontrer des gens ayant les mêmes valeurs que moi et aussi de participer de façon active aux événements militants. Nous avons fait la grève pendant 10 jours, dormant au cégep et participant à des manifestations tous les jours. C’était le début d’une conscience sociale et d’un devoir de participer à l’amélioration des conditions de vie pour tous et toutes.

Ensuite, en 2007, je suis allée à l’université en travail social. Ces études allaient dans le sens d’une plus grande justice sociale, d’une meilleure compréhension des enjeux sociaux actuels et d’une augmentation des outils pour réussir à faire une différence. Après mon BAC, en 2010, direction Gaspésie, région éloignée du Québec. Je me suis installée et j’ai travaillé pour le gouvernement et pour un organisme sans but lucratif. J’y ai rencontré de fabuleuses personnes! Je me suis impliquée dans plusieurs projets et organismes dont le centre de femmes de mon village Femmes en Mouvement et les soirées de slam/poésie.

Pendant mon séjour à Bonaventure, avec des amis, nous avons démarré un projet de communauté intentionnel qui s’appelle le Manoir. ( www.triple-brain.org/manoir)

Présentement, après avoir voyagé un peu partout au Québec au début 2014, je me suis installée depuis le mois de mai aux États-Unis, en Virginie, dans une communauté intentionnelle vivant et partageant mes revenus avec 100 autres personnes. Cette communauté s’appelle Twin Oaks et a des valeurs d’égalité, de féminisme et de non-violence.

Tu as dit que ta candidature en 2005 avait « marqué l’imaginaire collectif », ce qui est indéniable. Au delà de ton âge, le fait de n’avoir pas d’expérience politique et d’être une femme étaient autant de handicap dans un monde politique macho, vieillissant et peu ouvert, et pourtant tu as obtenu un score très honorable. Comment est-née cette candidature, et comment as-tu décidé d’y aller ?

Cette candidature est née surtout à cause d’un excellent momentum entre ma vie, mes implications, mes amiEs et la politique de ce temps-là. Avec des amis, au printemps 2005, nous étions allés à une simulation du conseil municipal lavallois organisé par le forum jeunesse de Laval (dont je faisais partie) Après cette scéance, nous nous étions amusés à imaginer les prochaines élections municipales (en novembre 2005) en présentant 200 candidatEs. Vu qu’il faut seulement 200 signatures pour se présenter aux élections, on pensait que chaque personne pourrait signer pour les 199 autres! C’est de là qu’est partie l’idée.

Donc, on arrive en septembre où j’obtiens facilement 200 signatures de personnes de mon cégep. Je me suis donc présentée au greffier de la ville qui recevait les candidatures. Rendue là-bas, le monsieur m‘a dit: es-tu certaine de vouloir faire cela? Ça engendre des coûts aux lavallois!! Dans ma tête, je pensais :  »Oui, oui, la démocratie, ça l’a un coût monsieur, vous avez raison. » Lui, il prenait pour Gilles Vaillancourt. Je me demande ce qu’il est devenu maintenant!

Quelques heures après être allée porter ma candidature, je me demandais: Mais comment je vais faire pour que les lavalloisEs sachent que Gilles Vaillancourt n’est plus la seule option? Je me disais que j’allais peut-être organiser une conférence de presse à un moment donné. Dans tous les cas, je ne devais pas dépenser d’argent puisque j’avais un budget 0. Finalement, un journaliste m’a contacté la journée même pour me poser des questions sur ma candidature. Le lendemain, plus de journalistes m’ont contactés. Finalement, quand je revenais de l’école, j’avais souvent des messages d’une dizaine de journalistes.

Je trouvais important de répondre aux journalistes, pour permettre aux gens de savoir qu’il y avait une alternative. Je n’ai jamais pensé gagner et je ne voulais pas être mairesse de Laval non plus. Mais, c’était primordial de militer en faveur d’un meilleur urbanisme, d’une démocratie saine ainsi que d’une meilleure protection de l’environnement.

Ta candidature a soulevé l’intérêt de tes concitoyens, puisque tu as obtenus 18% des voix, mais aussi des médias. Comment as-tu géré cette soudaine « célébrité », ne t’es-tu pas souvent sentie réduite au rôle de « candidate la plus jeune du Québec » ? Aujourd’hui quel bilan tires-tu de cette campagne ?

En fait j’ai eu 16% des voix. Ce qui équivaut à environ 12 600 personnes.

On peut donc dire que j’ai marqué l’imaginaire de mes concitoyen-nes, des médias et aussi des habitant-e-s du Québec. Cette campagne électorale n’en était pas vraiment une. Je n’ai pas serré de mains, je ne suis pas allée dans un centre de personnes âgées, j’avais 0$ de budget. Dans le fond, je participais activement à ce qui m’était proposé par les journalistes.

Sérieusement, depuis cette expérience, je pense que les médias influencent à au moins 16% les votes. Les gens ne me connaissaient pas, ils auraient pu voter pour les 4 autres candidats qui se présentaient en même temps que moi, mais les médias parlaient surtout de moi. Il était donc plus simple, si on ne voulait pas du maire sortant, de voter pour la personne qui avait le plus de visibilité.

En repensant à la campagne, je pense aussi à tous les mauvais articles de journaux qui sont sortis sur moi avec plein d’erreurs à l’intérieur. C’est un peu troublant d’avoir une conversation avec un journaliste qui, par après, écrit un article avec des phrases que je n’ai pas dites ou des informations fausses. Ça me questionne vraiment sur la véracité de ce qui sort dans les journaux ou à la télévision !

2010-05-19-10-09-10-4bf3f1066da34AngBoisvert_-Audrey en 2008 lors de la campagne provinciale
(Article sur le site du 
Courrier de Laval)

En 2008, tu rejoins Québec Solidaire pour les élections provinciales et te présentes dans Vimont, une décision commentée et vue comme une « belle prise ». Mais au-delà de cette réduction médiatique, qu’est-ce qui t’as fait rejoindre QS et où en es-tu avec ce parti aujourd’hui ?

En 2008, j’habitais encore à Laval et le parti de Québec Solidaire n’était pas un parti très connu. Avant les élections, aucun député n’avait été élu. C’est en 2008 que le parti a reçu environ 5% des votes et a eu son premier député: Amir Khadir. Dans le fond, je m’intéressai à ce parti dès sa formation, puisque c’était celui-ci qui me rejoignait le plus dans mes valeurs. Étant à Laval, je savais que je n’avais aucune chance d’être élue et c’était tant mieux parce que je ne voulais pas rester 4 ans de plus à la banlieue !

Encore aujourd’hui, QS est le parti qui est le plus prêt de moi. Avec son plan de sortie du pétrole, ses prises de décisions humanistes, féministes et pour un Québec plus égalitaire, c’est aussi dans ce sens-là que j’ai le goût d’aller pour la société. C’est sûr que le système électoral tel qu’on le connaît a fait ses preuves quant à son incapacité à résoudre la crise environnementale et à répondre aux besoins fondamentaux de tous et toutes. Québec Solidaire participe à ce système lui aussi, mais il est surtout une petite roche dans l’engrenage bien huilée.

Présentement, en 2014, 3 députés de QS ont été élus et je suis sûre que leur travail sera bénéfique pour la société en général. Pendant les élections en mars 2014 j’étais en Gaspésie et j’ai aidé la candidate de QS, Patricia Chartier, dans sa campagne. Notamment à écrire ses discours pour les débats publics. J’étais contente d’aider une telle candidate, très à gauche dans le parti. Après avoir eu les résultats des élections qui indiquaient que les libéraux étaient majoritaires, Patricia mentionnait qu’on devrait retourner dans la rue pour faire valoir nos intérêts, parce que c’est comme ça que les libéraux nous avaient habitués. J’ai aimé ce discours et oui, il faut s’organiser entre les élections !

Au delà-de cet engagement politique, ta vie en Gaspésie est aussi au plus près de tes convictions, notamment écologistes. Peux-tu nous expliquer ce qui a décidé ton départ de Laval et ce que tu construis à Bonnaventure ?

Mon départ de Laval s’est fait graduellement. C’est en 2008 que je suis partie de Laval pour déménager à Montréal dans un collectif (coop sur généreux). Ensuite, après mes études en travail social, j’ai décidé d’aller vivre en campagne puisque c’était un rêve que je chérissais depuis plusieurs années. Pour moi, la banlieue (Laval est le paroxysme de ce concept) n’est pas fait pour moi puisque c’est un endroit où l’individualisme, la culture de consommation et la non-valorisation de l’environnement dominent l’espace. J’avais le goût que mon mode de vie soit plus ancré avec mes valeurs.

La Gaspésie m’attirait particulièrement, tout le monde y passe ses vacances, pourquoi je ne passerais pas un bout de ma vie là-bas? Alors, depuis 2010, mon domicile stable (quand je ne suis pas en voyage) est situé dans le village de 3000 habitants de Bonaventure. J’ai pu créer un jardin, avoir des poules, cueillir des champignons sauvages, aller à la pêche, fabriquer une toilette compostable chez moi. Toutes ces choses et même plus encore sont possibles puisque j’habite en campagne.

À Bonaventure, j’ai travaillé comme travailleuse sociale et intervenante pour les jeunes. J’ai aussi vécue avec plusieurs personnes dont 8 à l’été 2013. J’ai toujours aimé vivre en commun et je pense que le faire peut être un acte politique. Vivre ensemble, c’est éloigner un peu plus l’individualisme de ma vie et nous rendre tous et toutes plus fort-e-s. Je ne me suis pas impliquée beaucoup en politique dans les quatre dernières années. Mais je ne suis pas restée indifférente à ce qu’il se passait autour de moi et même plus loin, à Montréal pour la grève étudiante de 2012 par exemple.

Bien que retirée des affaires publiques, tu y es brièvement revenue l’an dernier, quand Gilles Vaillancourt et une grande partie de son conseil sont tombés pour corruption. Par un slam et un entretien au Devoir tu as appelé les citoyens de Laval à se réveiller. Pourquoi as-tu ressenti le besoin de sortir ainsi de te réserve ? Et penses-tu un jour revenir en politique active ?

Lorsque Gilles Vaillancourt a été accusé de gangstérisme, j’étais très contente qu’enfin il se passe quelque chose sur ce sujet. Les lavallois-e-s en parlaient depuis plusieurs années. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de comparution, mais j’ai très hâte de voir comment cela va se passer. Avec tout l’argent qu’il s’est fait, on peut facilement croire qu’il pourra se payer les meilleurs avocats pour se défendre !

Pour moi, cette histoire d’élection municipale de 2005 est chose du passée et c’est un journaliste du Devoir qui m’a contacté pour une entrevue. Je trouve ça important de répondre aux journalistes, ça donne une voix à une autre façon de voir la politique, du moins à Laval ! Par hasard, quelques semaines avant cette entrevue, j’avais écrit un slam sur Laval, ma ville natale pour nos soirées de slam à Bonaventure. Je l’ai proposé au journaliste qui a tout de suite voulu le publier. (vous pourrez bientôt visionner un court extrait de mon slam dans le film l’Espouère de Moïse Marcoux-Chabot)

Outre cet événement médiatique anecdotique, je ne pense pas vraiment retourner en politique-électorale- active. Je vois la politique avec un œil différent où les citoyen-ne-s ont aussi du pouvoir sur les décisions des députés et ministres. Je suis politisée, active dans mes réflexions et essayant de mettre à l’avant des manières alternatives de vivre. Je pense pouvoir aider parfois le parti de Québec Solidaire puisqu’eux seuls peuvent être une roche dans l’engrenage si bien huilée du système électoral québécois. (je veux enlever la dernière phrase.)

Personnellement, je ne pense pas me représenter comme candidate pour bon nombre d’années encore. Néanmoins, je ne veux pas mettre de côté la possibilité d’être un jour candidate dans mon village avec une équipe de gens voulant vivre différemment.

Entretien réalisé
en mai-juin 2014

Pour aller plus loin :
– Slam et rencontre avec Audrey après la démission de Gilles Vaillancourt ;
Lespouère, film de Moïse Marcoux-Chabot où l’on croise la communauté où Audrey vit actuellement.

Crédits photos : Audrey Boisvert en 2013 et Courrier de Laval

Solidaire de toutes les nations sans état, j’ai fait mon choix pour le Bloc

Après avoir interviewé les deux candidats à la course à la chefferie du Bloc Québécois, il était désormais de mon devoir d’adhérent du parti (et oui) de faire mon choix. J’ai soupesé leurs réponses, mais aussi beaucoup regardé et lu leurs autres interventions, cherchés quelles étaient leurs priorités pour le parti comme pour le Québec. Vous trouverez ci-après une tribune publiée parallèlement sur le Huffington Post Québec expliquant mon choix.

Cela fait des années que je m’intéresse au Québec, d’abord en tant que critique de bande dessinée, puis comme visiteur acharné, et enfin comme analyste politique sur un blog dédié. C’est un peu étrange, sans doute, de voir un français prendre part au débat politique québécois, mais je le fais en camarade et non en colon. Quand j’ai choisi de rejoindre Québec Solidaire en 2008 c’était pour soutenir un projet global – mettant à égalité social, écologie et indépendance – pour un Pays que je rêve de voir exister, quand bien même je n’y résiderai pas. Je voulais aider un petit parti qui n’avait alors qu’un député, et je ne le regrette pas.

J’ai pris ma carte au Bloc plus tardivement, parce que je voyais mal l’utilité de députés fédéraux indépendantistes, parce que l’attitude méprisante du parti envers d’autres formations que le PQ me déplaisait. Aussi parce que le parti était ultra-dominant, et n’avait pas besoin de moi. En 2011 la sonnette d’alarme a été tirée, la sévère défaite du Bloc – pour tout un tas de raisons déjà bien analysées – m’a poussé à m’y intéresser, jusqu’à rejoindre le parti en 2013. Car quand on se penche sur les travaux des députés bloquistes on voit l’importance qu’ils ont eu pour le Québec, on voit le sérieux de leur travail, leur volonté progressiste, et que la violence du rejet était assez injuste. J’avais donc envie de soutenir ce Bloc là.

La course à la chefferie créé par la démission surprise a longtemps failli ne pas avoir lieu. André Bellavance, ultra-favoris, voyait ses concurrents potentiels se désister et semblait courir droit vers le poste. Ses qualités sont indéniables et il les prouve chaque jour, à l’Assemblée comme ailleurs. Mais après de nombreux événements douloureux – du départ de Mme Mourani au retour des libéraux après un an de péquisme –, le débat semble plus que jamais nécessaire. Pas un débat histoire de brasser de l’air, mais un vrai débat, stratégique, mettant en valeur les propositions du Bloc et certaines divergences qui existent en son sein. Accepter des opinions différentes à partir d’un corpus commun n’est pas un défaut, c’est signe de sanité démocratique, pas de division, et c’est ce qu’a offert la candidature de Mario Beaulieu.

Militant de longue date de la cause indépendantiste M. Beaulieu a expliqué s’être lancé dans la course pour éviter que le Bloc ne fasse la même erreur que le PQ : celui de la « bonne gouvernance ». Et ce ne sont pas des paroles en l’air, le risque est là, et l’on trouve d’étonnant parallèle à ce sujet entre le Québec et la France.

Au Québec le PQ a décidé depuis longtemps de ne pas porter haut l’indépendance, se cachant derrière une politique du petit pas, excluant avec frayeur tout référendum, préférant créer les conditions d’un pays. Pourquoi pas ? Mais outre que cela semble dire que les conditions ne sont pas là – or, elles y sont – , force est de constater que la recette de fonctionne pas. Élue sur la détestation de Jean Charest en 2012, Pauline Marois n’a pas réussi à transformer l’essai dans une campagne qui s’est transformée en jeu de massacre quand les candidats péquistes ont commencé à expliquer qu’ils voulaient un pays. Mais n’est-ce pas normal quand on est dans un parti indépendantistes ? Loin d’attirer les personnes réticentes quand à l’indépendance, cette position tiède ne fait qu’en repousser les militants.

On trouve un peu la même chose en France ou le Parti Socialiste s’est fait élire en 2012 sur un programme de lutte contre la finance et de réorientation de l’Europe, sans oublier là aussi une détestation du sortant. À peine élu le président Hollande enterra ses promesses, se posant en gestionnaire face aux marchés financiers, en solitaire de gauche dans une Europe de droite ne pouvant rien faire d’autres que de suivre une ligne libérale en acceptant du bout des doigts quelques réformes sociétales. Bref, en impuissant, en tiède. Le résultat ne s’est pas fait attendre : aux municipales les socialistes ont subit une défaite historique, pas tant que la droite ait progressé en voix, mais les électeurs de gauche ne voyaient pas pourquoi voter pour un parti menant la même politique que le précédent gouvernement, tandis que ceux de droite préféraient l’original à la copie.

La réponse d’Hollande à cette sanction du peuple de gauche fut de nommer premier ministre le plus à droite de ses cadres, accentuant encore ce fossé, confirmant la chute aux européennes ou le PS obtint le pire score de son histoire et le Front National, parti d’extrême droite xénophobe, se pavana en première place.

Quand j’entends M. Bellavance appeler les non-indépendantistes à voter pour le Bloc car c’est pour lui le meilleur moyen de servir le Québec je ressens le même non-sens. Alors que les électeurs ont sévèrement sanctionné le flou de madame Marois sur la question du référendum, André Bellavance prône la même stratégie. Mais nous connaissons son résultat : on ne peut qu’échouer en reniant son ADN.

Mario Beaulieu, alors que tous les sondages montrent un décrochage de l’option souverainiste, propose de remettre ce débat au cœur. « Hérésie ! » crient certains, mais c’est pourtant ce qui semble la seule solution logique. Si les partis indépendantistes renoncent à porter fièrement ce combat, qui pourra le faire ? Si l’option souverainiste baisse, n’est-ce pas justement parce que plus personne ne la porte fièrement, en expliquant pourquoi c’est non seulement possible, mais aussi souhaitable ? Mario Beaulieu propose d’investir sur l’avenir, en reprenant le grand travail de réflexion et de pédagogie sur le sujet. Il souhaite faire du Bloc le porte-voix des nombreuses initiatives citoyennes sur l’indépendance, fructueuses, riches, mais peu audibles. Il souhaite tout simplement mettre les moyens du parti au service de son but premier. Une évidence me direz-vous ? Je suis d’accord, mais ce n’est malheureusement pas ce que propose son adversaire.

C’est d’abord dans l’Imaginaire collectif qu’un pays s’impose, c’est en s’affirmant peuple qu’on le devient et ce n’est pas en cachant ses convictions qu’on peut les partager. J’ai décidé de soutenir Mario Beaulieu dans la course à la chefferie du Bloc Québécois parce que je veux pas voir le pays Québec disparaître des esprits, et que je veux revoir des citoyens de tous âges porter avec enthousiasme cet espoir. Français mais solidaire de toutes les nations sans état, en amour du Québec depuis des années, mon choix est fait pour que le Bloc et ses idées résonnent à nouveau.