Solidaire de toutes les nations sans état, j’ai fait mon choix pour le Bloc

Après avoir interviewé les deux candidats à la course à la chefferie du Bloc Québécois, il était désormais de mon devoir d’adhérent du parti (et oui) de faire mon choix. J’ai soupesé leurs réponses, mais aussi beaucoup regardé et lu leurs autres interventions, cherchés quelles étaient leurs priorités pour le parti comme pour le Québec. Vous trouverez ci-après une tribune publiée parallèlement sur le Huffington Post Québec expliquant mon choix.

Cela fait des années que je m’intéresse au Québec, d’abord en tant que critique de bande dessinée, puis comme visiteur acharné, et enfin comme analyste politique sur un blog dédié. C’est un peu étrange, sans doute, de voir un français prendre part au débat politique québécois, mais je le fais en camarade et non en colon. Quand j’ai choisi de rejoindre Québec Solidaire en 2008 c’était pour soutenir un projet global – mettant à égalité social, écologie et indépendance – pour un Pays que je rêve de voir exister, quand bien même je n’y résiderai pas. Je voulais aider un petit parti qui n’avait alors qu’un député, et je ne le regrette pas.

J’ai pris ma carte au Bloc plus tardivement, parce que je voyais mal l’utilité de députés fédéraux indépendantistes, parce que l’attitude méprisante du parti envers d’autres formations que le PQ me déplaisait. Aussi parce que le parti était ultra-dominant, et n’avait pas besoin de moi. En 2011 la sonnette d’alarme a été tirée, la sévère défaite du Bloc – pour tout un tas de raisons déjà bien analysées – m’a poussé à m’y intéresser, jusqu’à rejoindre le parti en 2013. Car quand on se penche sur les travaux des députés bloquistes on voit l’importance qu’ils ont eu pour le Québec, on voit le sérieux de leur travail, leur volonté progressiste, et que la violence du rejet était assez injuste. J’avais donc envie de soutenir ce Bloc là.

La course à la chefferie créé par la démission surprise a longtemps failli ne pas avoir lieu. André Bellavance, ultra-favoris, voyait ses concurrents potentiels se désister et semblait courir droit vers le poste. Ses qualités sont indéniables et il les prouve chaque jour, à l’Assemblée comme ailleurs. Mais après de nombreux événements douloureux – du départ de Mme Mourani au retour des libéraux après un an de péquisme –, le débat semble plus que jamais nécessaire. Pas un débat histoire de brasser de l’air, mais un vrai débat, stratégique, mettant en valeur les propositions du Bloc et certaines divergences qui existent en son sein. Accepter des opinions différentes à partir d’un corpus commun n’est pas un défaut, c’est signe de sanité démocratique, pas de division, et c’est ce qu’a offert la candidature de Mario Beaulieu.

Militant de longue date de la cause indépendantiste M. Beaulieu a expliqué s’être lancé dans la course pour éviter que le Bloc ne fasse la même erreur que le PQ : celui de la « bonne gouvernance ». Et ce ne sont pas des paroles en l’air, le risque est là, et l’on trouve d’étonnant parallèle à ce sujet entre le Québec et la France.

Au Québec le PQ a décidé depuis longtemps de ne pas porter haut l’indépendance, se cachant derrière une politique du petit pas, excluant avec frayeur tout référendum, préférant créer les conditions d’un pays. Pourquoi pas ? Mais outre que cela semble dire que les conditions ne sont pas là – or, elles y sont – , force est de constater que la recette de fonctionne pas. Élue sur la détestation de Jean Charest en 2012, Pauline Marois n’a pas réussi à transformer l’essai dans une campagne qui s’est transformée en jeu de massacre quand les candidats péquistes ont commencé à expliquer qu’ils voulaient un pays. Mais n’est-ce pas normal quand on est dans un parti indépendantistes ? Loin d’attirer les personnes réticentes quand à l’indépendance, cette position tiède ne fait qu’en repousser les militants.

On trouve un peu la même chose en France ou le Parti Socialiste s’est fait élire en 2012 sur un programme de lutte contre la finance et de réorientation de l’Europe, sans oublier là aussi une détestation du sortant. À peine élu le président Hollande enterra ses promesses, se posant en gestionnaire face aux marchés financiers, en solitaire de gauche dans une Europe de droite ne pouvant rien faire d’autres que de suivre une ligne libérale en acceptant du bout des doigts quelques réformes sociétales. Bref, en impuissant, en tiède. Le résultat ne s’est pas fait attendre : aux municipales les socialistes ont subit une défaite historique, pas tant que la droite ait progressé en voix, mais les électeurs de gauche ne voyaient pas pourquoi voter pour un parti menant la même politique que le précédent gouvernement, tandis que ceux de droite préféraient l’original à la copie.

La réponse d’Hollande à cette sanction du peuple de gauche fut de nommer premier ministre le plus à droite de ses cadres, accentuant encore ce fossé, confirmant la chute aux européennes ou le PS obtint le pire score de son histoire et le Front National, parti d’extrême droite xénophobe, se pavana en première place.

Quand j’entends M. Bellavance appeler les non-indépendantistes à voter pour le Bloc car c’est pour lui le meilleur moyen de servir le Québec je ressens le même non-sens. Alors que les électeurs ont sévèrement sanctionné le flou de madame Marois sur la question du référendum, André Bellavance prône la même stratégie. Mais nous connaissons son résultat : on ne peut qu’échouer en reniant son ADN.

Mario Beaulieu, alors que tous les sondages montrent un décrochage de l’option souverainiste, propose de remettre ce débat au cœur. « Hérésie ! » crient certains, mais c’est pourtant ce qui semble la seule solution logique. Si les partis indépendantistes renoncent à porter fièrement ce combat, qui pourra le faire ? Si l’option souverainiste baisse, n’est-ce pas justement parce que plus personne ne la porte fièrement, en expliquant pourquoi c’est non seulement possible, mais aussi souhaitable ? Mario Beaulieu propose d’investir sur l’avenir, en reprenant le grand travail de réflexion et de pédagogie sur le sujet. Il souhaite faire du Bloc le porte-voix des nombreuses initiatives citoyennes sur l’indépendance, fructueuses, riches, mais peu audibles. Il souhaite tout simplement mettre les moyens du parti au service de son but premier. Une évidence me direz-vous ? Je suis d’accord, mais ce n’est malheureusement pas ce que propose son adversaire.

C’est d’abord dans l’Imaginaire collectif qu’un pays s’impose, c’est en s’affirmant peuple qu’on le devient et ce n’est pas en cachant ses convictions qu’on peut les partager. J’ai décidé de soutenir Mario Beaulieu dans la course à la chefferie du Bloc Québécois parce que je veux pas voir le pays Québec disparaître des esprits, et que je veux revoir des citoyens de tous âges porter avec enthousiasme cet espoir. Français mais solidaire de toutes les nations sans état, en amour du Québec depuis des années, mon choix est fait pour que le Bloc et ses idées résonnent à nouveau.

Entretien avec André Bellavance, député de Richmond-Arthabaska, candidat à la chefferie du Bloc Québécois

Le premier déclaré des candidats à la chefferie du Bloc Québecois en est aussi l’un des rares élus. Journaliste de carrière, qu’il émaille de quelques postes de collaborateur parlementaire, il a principalement officié à la radio, notamment autours de Victoriaville. En 2004, il réussit à prendre des mains des conservateurs la circonscription de Richmond-Arthabaska. Député apprécié, il est réélu en 2006, en 2008 et est un des quatre survivant des élections de 2011.

Porte-parole du parti en matière d’agriculture et d’agroalimentaire et leader parlementaire depuis décembre 2011, il a rapidement annoncé ses ambitions lors de la démission de Daniel Paillé. Longtemps seul en lice, il mène campagne depuis des mois, a le soutien des trois autres parlementaires et fait figure de favoris. Premier à nous avoir répondu, nous publions donc son entretien avant celui de Mario Beaulieu, qui paraitra la semaine prochaine.

En 2011, le Bloc a subi sa plus sévère défaite. Comment avez-vous analysé cette défaite et avec quels objectifs souhaitez-vous aborder les élections de 2015 ?

Après l’élection de 2011, nous avons entamé une analyse sérieuse des résultats de la campagne électorale. Nous avons fait ce travail avec rigueur et sans complaisance. Cela nous a conduit à lancer un grand chantier de réflexion auprès de toutes les militantes et de tous les militants afin de redéfinir en profondeur ce qu’est le Bloc Québécois et ce à quoi nous aspirons. Cet exercice audacieux culminera les 23 et 24 mai prochain à Rimouski.

Quant à l’aspect plus technique, avant d’être contraint de quitter pour des raisons de santé, Daniel Paillé a fait un travail important pour moderniser l’organisation et nous donner les moyens d’atteindre notre objectif : montrer aux Québécoises et aux Québécois que seul le Bloc Québécois porte l’ensemble de leurs valeurs, l’ensemble de leurs aspirations et l’ensemble des consensus québécois.

Beaucoup d’électeurs ont de la sympathie pour le Bloc mais se questionnent sur l’utilité d’un parti fédéral qui ne peut pas avoir de majorité. Comment justifiez-vous le sens du Bloc ?

Le Bloc Québécois est le seul parti sur la scène fédérale qui a défendu, et qui défend encore, chacun des consensus de l’Assemblée nationale.

Au sein des partis fédéralistes, même quand l’Assemblée nationale parle d’une seule voix, il s’en trouve toujours pour dire qu’ils connaissent mieux ce qui est bon pour le Québec que le seul Parlement contrôlé par la nation québécoise !

Cependant, ce ne sont pas seulement les partis fédéralistes qui sont à la source du problème. C’est le système fédéral lui-même. Le fossé entre les intérêts du Québec et les intérêts du Canada s’élargit jusqu’à les rendre souvent inconciliables. Pourtant, aucun parti fédéraliste n’est prêt à permettre au Québec de faire ses propres choix, de prendre ses propres décisions.

Vous n’avez jusqu’ici jamais été candidat-e à la chefferie d’un parti, qu’est-ce qui vous a motivé à y aller cette fois-ci ? Et quels sont les axes majeurs de votre candidature ?

Mon ambition a d’abord été d’être un bon député.

Je me considère comme un joueur d’équipe. J’ai appuyé Gilles Duceppe, j’ai appuyé Daniel Paillé, et j’ai toujours cru sincèrement qu’ils étaient en mesure de faire avancer le Québec.

Mais comme dans toute équipe, il faut prendre ses responsabilités, ne pas reculer quand c’est à notre tour de prendre le leadership, quand ce sont nos forces et nos qualités qui sont requises. J’estime avoir la rigueur, l’écoute, l’humilité et la ténacité pour conduire le Bloc Québécois aux prochaines élections.

Dès le 22 avril, j’ai dévoilé les trois axes majeurs qui fondent ma candidature et qui découlent des nombreuses rencontres et discussions tenues avec les militantes et militants depuis les dernières élections fédérales. J’entends démontrer que ce ne sont pas seulement les partis fédéralistes qui sont à la source du problème, mais le système fédéral lui-même ; faire du Bloc Québécois une coalition au sein de laquelle les souverainistes et tous ceux et celles qui croient que le Québec mérite d’être respecté pourront contribuer et favoriser l’implication des élus du Bloc Québécois dans les débats qui touchent directement la population.

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Vous êtes élu depuis 2004, avez-été vice-président du caucus et êtes leader parlementaire, dans ce laps de temps quelle sont les projets de lois qui vous ont particulièrement tenus à cœur ? Pourriez-vous présenter des victoires législatives à nos lecteurs ?

Outre les batailles et les victoires du Bloc Québécois sur la reconnaissance de la nation, le déséquilibre fiscal, les commandites, la loi antigang et les mesures contre les fraudeurs, je suis particulièrement fier d’avoir fait adopter à l’unanimité une motion pour la protection de la gestion de l’offre qui empêche encore aujourd’hui le gouvernement de sacrifier les agriculteurs lors des négociations de libre-échange.

Je suis aussi très heureux d’avoir déposé un projet de loi visant à abolir la Loi sur la clarté qui octroi au gouvernement fédéral le dernier mot sur un référendum tenu au Québec. Même si le projet a été battu, cela a été l’occasion pour le Bloc Québécois d’accueillir un nouveau député, Claude Patry, et ça nous a permis de démontrer que tous les partis fédéralistes refusent à la nation québécoise le droit de choisir librement son avenir.

Vous avez-vécu la sévère défaite de 2011, l’exclusion de Mme Mourani, la démission de M. Paillé, la chute de Mme Marois et du PQ… Si vous êtes-élus à la chefferie du Bloc, quelles seront vos premières actions ?

Ce n’est pas parce que le chemin apparaît difficile qu’il est infranchissable, au contraire. Je suis prêt, dès le jour 1, à mettre les efforts qu’il faut pour redonner aux Québécoises et aux Québécois une alternative aux partis fédéralistes.

D’abord, je fais en sorte que le Bloc Québécois se rapproche encore davantage des Québécois, qu’il défende leurs intérêts dans tous les dossiers. Je m’assure que le Bloc Québécois se rebranche sur les préoccupations des citoyens.

Ensuite, je compte faire élire des députés pour qu’on se redonne la force du nombre, les moyens de nos ambitions et pour faire la différence pour les gens, en travaillant pour le Québec, au quotidien.

Parallèlement à notre travail de députés de tous les Québécois, je veux lancer l’idée d’une vaste réflexion sur l’avenir du Québec. Si je deviens chef du Bloc Québécois, je vais initier de nouveaux chantiers de réflexion sur l’avenir du Québec et la souveraineté en 2015.

 

Pour aller plus loin :
Site de campagne d’André Bellavance
Site officiel (hors-campagne) d’André Bellavance
Page facebook d’André Bellavance

Crédits photos : http://www.andrebellavance2014.com

Entretien avec Xavier Barsalou Duval, président du Forum jeunesse du Bloc Québécois

Seul parti indépendantiste sur la scène fédérale, le Bloc Québécois a longtemps été le parti majoritaire au Québec. Arthimétiquement incapable de prendre le pouvoir (il faut 141 sièges et le Québec en pourvoit 75), il a cependant toujours tourné entre 30 et 50 députés, devenant même l’opposition officielle du Canada en 1993 ! En 2011, à la surprise générale, le Bloc a été balayé par le Nouveau Parti Démocratique (NPD) de Jack Layton, ne réussissant à faire élire que quatre députés alors qu’il avait 49 sortants. Une claque sévère qui a durablement secoué le mouvement indépendantiste.

Trois ans après cette lourde défaite, alors que d’autres crises ont traversé le mouvement – exclusion d’une députée, démission du chef de parti pour raison de santé, lourde défaite du Parti Québécois le mois dernier – le Bloc se prépare aux élections de 2015, avec la ferme intention de refaire entendre sa voix à Ottawa. Un nouveau chef sera désigné en juin et portera la responsabilité d’un parti historique affaibli, mais au nombre de militants encore très élevé et à la présence forte dans l’imaginaire collectif. Pour en parler, j’ai le plaisir de recevoir Xavier Barsalou Duval, président du Forum jeunesse du Bloc Québécois depuis 2012, qui a activement participé à la « reconstruction » du Bloc.

En 2011, le Bloc a connu le plus gros revers de son histoire, perdant la plupart des députés et son groupe parlementaire. Vous avez été élu en 2012 à la tête du forum jeunesse, quelles ont été les priorités que vous avez voulu traiter en cette période de reconquête ?

À mon arrivée à la tête du Forum jeunesse du Bloc Québécois, tout était à reconstruire. Nous avions subi une raclée en 2011, les démissions avaient étés très nombreuses par la suite et lors de la course à la direction s’étant terminée en décembre 2011, nous n’avions pas appuyé le chef victorieux. Nous étions donc dans une situation très difficile.

Nous avons accompli un travail herculéen de recrutement en parcourant le Québec et en prenant contact avec des ex-militants, d’autres organisations indépendantistes existantes, les différentes associations étudiantes, etc. Nous avons bien sur bénéficié du printemps québécois de 2012 au cours duquel de nombreux jeunes ont eu un éveil politique. Nous avons organisé un nombre incroyable d’activités dont certaines de très grande envergure, dont le Sommet de la Relève indépendantiste en novembre 2012 ainsi que le congrès national des jeunes en janvier 2014.

Notre message était simple :
1) Le Bloc Québécois est le seul parti indépendantiste sur la scène fédérale et nous n’avons pas le droit de laisser toute la place à nos adversaires.
2) Sur la scène fédérale, contrairement à la scène provinciale, il n’y a qu’un seul parti indépendantiste où nous avons l’occasion d’être tous unis.

Ce travail a porté fruit à un point tel que nous pouvons affirmer sans gêne que nous sommes l’aile jeunesse fédérale la plus forte au Québec et nous en sommes très fiers.

En tant que groupe jeunesse du Bloc vous portez leurs positions, mais vous participez aussi au débat. Quelle est l’utilité d’un tel mouvement et vous sentez-vous écouté au sein du bloc ?

Les jeunes du Bloc regroupent les jeunes membres de 16 à 30 ans. Lorsqu’on a 16, 18 ou même 20 ans, cela peut paraître intimidant de faire valoir son point de vue sur un exécutif local où les autres membres ont souvent des dizaines d’années d’expérience. L’aile jeunesse permet alors à ces jeunes militants d’acquérir rapidement de l’expérience et de gagner en assurance.

En militant chez les jeunes, on développe aussi un large réseau de contacts et nos congrès permettent de frayer un chemin à des propositions qui n’auraient probablement jamais pu se rendre au congrès senior autrement. Même si ce n’est pas toujours évident, je crois que nous avons le devoir de faire avancer les débats et nos idées.

forum jeunesse

Malgré sa situation difficile le Bloc a quand même pu défendre des sujets qui lui sont chers, et réussi à porter des projets de lois au-delà de ses simples élus. Avez-vous des exemples concrets d’apports du Bloc depuis 2011 ?

Depuis mai 2011, le Bloc Québécois a mené de nombreux combats pour les intérêts du Québec. C’est notamment le Bloc qui a fait battre la motion d’appui à la loi 78, une loi digne d’un régime dictatorial visant à restreindre les droits des individus de manière éhontée qui a depuis été abrogée par le gouvernement du Parti Québécois, puisqu’une telle motion requérait l’unanimité de la chambre.

Nous avons fait en sorte que le gouverneur général, représentant de la couronne britannique au Canada, soit désormais assujetti à l’impôt canadien comme tout autre citoyen.

Nous sommes le seul parti fédéral à avoir pris position en faveur du rapatriement de l’assurance emploi au Québec suite aux nombreuses coupures du gouvernement conservateur.

Nous avons ramené le débat sur la loi sur la clarté référendaire, une loi qui laisse notamment sous-entendre qu’un vote pour l’indépendance à 50%+1 pourrait ne pas être reconnu.

Nous avons décrié le soutien au projet du Bas-Churchill qui vient aider Terre-Neuve à faire compétition à Hydro-Québec avec l’argent des Québécois alors que le Québec n’a jamais reçu d’argent du fédéral pour développer Hydro-Québec.

Nous sommes le seul parti fédéral ayant appuyé le gouvernement du Parti Québécois dans sa démarche en faveur d’une Charte de la laïcité au Québec

Nous avons joint notre voix à la campagne «Uni-e-s contre la francophobie» qui visait à dénoncer le «Québec-bashing» et les propos antis-francophones que l’on retrouve trop souvent dans les médias.

Plus récemment, nous avons été les seuls sur la scène fédérale à militer en faveur du vote à visage découvert.

Cela constitue une banque d’exemples, mais il serait facile de mentionner de nombreuses autres situations où le Bloc Québécois a été le seul porte-parole des Québécois au parlement du Canada.

Le NPD est un parti fédéraliste, mais plus progressiste que les conservateurs et les libéraux, avez-vous pu travailler avec eux sur certains projets ? Ce parti étant majoritairement représenté au Québec, on imagine qu’il y a des convergences possibles.

Contrairement à ce que l’on retrouve en Europe, au Québec, la division des partis se fait davantage sur un axe fédéraliste-indépendantiste que sur l’axe gauche-droite. Cependant, il nous arrive effectivement de mener des batailles aux côtés d’autres partis fédéraux.

Depuis 2011, tant le Bloc Québécois que le Parti Libéral et le NPD ont dénoncé les trop nombreuses attaques idéologiques du gouvernement conservateur à l’égard des travailleurs. Nous avons aussi dénoncé ses positions primitives sur la question environnementale et sur l’opacité de ce gouvernement.

Un an après la défaite du Bloc, un gouvernement souverainiste était élu à Québec, prouvant que cette ambition n’avait pas quitté les Québécois. Mais la sévère défaite du PQ renverse cette analyse, que faut-il faire selon vous pour « réveiller la flamme » ?

Aux dernières élections québécoises, le Parti Libéral du Québec (PLQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont sans cesse martelé que le Parti Québécois déclencherait un référendum sur la souveraineté du Québec s’il obtenait un mandat majoritaire de la part de la population. Le vote s’est donc polarisé sur cet enjeu davantage que sur les enjeux de gouvernance.

Malheureusement, le Parti Québécois a préféré demeurer le plus flou et le plus ambigu possible sur sa démarche, ce qui n’a évidemment pas plu à son électorat. Je crois que si le Parti Québécois avait assumé sans honte son option, nous aurions probablement obtenu un résultat différent.

Entretenez-vous des liens avec la branche jeune du PQ, et si oui quels sont-ils ?

Même s’il nous arrive parfois d’avoir des divergences, nous entretenons une relation constante avec le Comité national des jeunes du Parti Québécois (CNJPQ). Ayant tous deux une raison d’être et des objectifs semblables (faire entendre la voix des jeunes au sein de nos partis respectifs et faire la promotion de l’indépendance auprès des jeunes) les liens entre les deux organisations sont très forts et nous sommes très régulièrement appelés à travailler ensemble.

Cela dit, tous les membres du FJBQ ne sont pas membres du CNJPQ et l’inverse est aussi vrai. Nous sommes donc également appelés à collaborer avec d’autres partis politiques ainsi qu’avec des organisations de jeunes indépendantistes comme le Conseil jeunesse de la Société Saint-Jean Baptiste (CJSSJB), le Regroupement des mouvements indépendantistes collégiaux (RMIC) ou encore l’organisme Génération Nationale (GN).

Vous indiquez avoir des relations avec d’autres partis que le PQ, ce qui est normal vu que le Bloc est le seul parti indépendantiste fédéraliste. Quels liens entretenez-vous avec Québec solidaire, Option Nationale et le Parti Indépendantiste ? Les représentants du Bloc ont souvent eu des mots durs à leur égard.

Le lien que le Bloc Québécois entretient avec les autres formations politiques est en constante redéfinition. Le Bloc Québécois a une longue histoire de collaboration avec le Parti Québécois. Toutefois, depuis quelques années, on constate qu’il y a un nombre important de jeunes militants qui décident de s’impliquer ailleurs.
Même si la plupart des militants du Bloc Québécois sont affiliés au Parti Québécois sur la scène provinciale, étant donné que le Bloc québécois est le seul parti indépendantiste sur la scène fédérale, il est en quelque sorte un point de convergence naturel pour tous les indépendantistes. Pour cette raison, il est donc normal que les militants ayant une affiliation politique autre que le Parti Québécois soient très nombreux au Bloc Québécois et qu’il s’y crée ainsi de nombreux liens.

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Même après le choc de l’élection de 2011, une page que l’on imagine tournée, il y a eu d’autres crises : l’exclusion de Mme Mourani, la démission pour raison de santé de M. Paillé. Quel est votre regard sur ces deux événements abondamment commentés et quel regard portez-vous sur l’avenir ?

Nous ne pouvons pas cacher que ces deux événements ont porté un coup dur à notre formation politique. Madame Mourani avait malheureusement des positions irréconciliables avec celles du parti concernant la charte des valeurs québécoise. Le Canada et le Québec proposent deux modèles complètement différents qui sont incompatibles.

L’un propose la ghettoïsation des individus ainsi que l’inversion du devoir d’intégration et l’autre propose de définir des bases communes pour encadrer la vie en société. Quand un pays a comme première phrase de sa constitution « que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu », il est difficile de prétendre ensuite à la neutralité de cet État et surtout de dire qu’il n’y a pas de hiérarchie des droits en ce pays. Alors, quand le Québec propose d’établir une véritable neutralité de l’État et surtout quand le principe fondateur de la Charte priorise l’égalité entre les hommes et les femmes par rapport à la liberté religieuse, on comprend que la symbolique de cette charte est extrêmement forte.

Pour ce qui est du départ de Daniel Paillé, il est tout aussi regrettable, mais quand la maladie s’abat sur nous, on ne peut pas toujours y faire grand-chose. Daniel Paillé a travaillé très fort pour le parti et il nous a notamment laissé des finances et une organisation en bon état. Toutefois, nous pouvons aussi voir le déclenchement de la course à la direction du Bloc Québécois comme une opportunité pour le parti de débattre sur les orientations que nous voulons nous donner en vue des élections de 2015.

Il y a quelques jours un nouveau candidat s’est lancé dans la course à la chefferie du bloc : Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Après un débat, le forum jeunesse a appuyé sa candidature. Comment avez-vous pris cette décision, pourquoi et comment le forum va-t-il s’investir dans cette candidature ?

L’exécutif élargi du Forum jeunesse du Bloc Québécois (FJBQ) a constitué une liste de demandes afin de mieux cerner la vision des candidats en lice. Le FJBQ a par la suite annoncé qu’au terme de l’échéancier, le lundi 28 avril à 22h, il prendrait position en faveur du candidat ayant le mieux répondu aux revendications formulées.

Mario Beaulieu, président de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal et du Mouvement Québec français, a transmis ses réponses au FJBQ quelques minutes avant l’heure de tombée. En plus de partager le désir de placer l’indépendance au cœur de l’action politique du Bloc Québécois, M. Beaulieu a soutenu et défendu le rôle du FJBQ au sein des instances du parti ; a exprimé son appui aux travailleurs et aux syndicats québécois dans leur lutte contre le projet de loi C-38 du gouvernement Harper ; s’est dit ouvert au principe de ne pas prêter serment à reine tout en ne définissant pas de modalité d’action précise ; partage le sentiment d’injustice quant à l’annexion du Labrador à Terre-Neuve, mais invite à la prudence dans ce dossier et surtout, au dialogue avec les autochtones ; fait le constat que l’idée républicaine fait son chemin chez beaucoup de Québécois en soutenant que l’indépendance nationale pose la question du régime politique dont le Québec voudra se doter ; croit qu’il doit y avoir un débat de société sur la légalisation de la marijuana ; s’oppose à tout entreposage de déchets nucléaires canadiens sur le territoire du Québec et, finalement, souscrit au consensus québécois concernant le protocole de Kyoto en soulignant que la situation provinciale du Québec l’empêche de participer aux décisions internationales en matière d’environnement. Ces réponses ont été considérées très satisfaisantes par le FJBQ.

Quant au candidat briguant le poste depuis plusieurs semaines déjà, André Bellavance, député de Richmond-Arthabaska et leader parlementaire du Bloc Québécois, il a signifié ne pas vouloir répondre à la demande soumise par le FJBQ. Ainsi, il n’a formulé aucune réponse aux revendications lui ayant été transmises par l’aile jeunesse.

Dans ces circonstances, après avoir tenu un vote sur la question, le FJBQ a pris la décision d’appuyer Mario Beaulieu dans la course à la direction du Bloc Québécois. Cette décision a été rendue à la majorité des voix exprimées.

Entretien réalisé par courriel
entre le 1er et le 4 mai

Pour aller plus loin :
Forum jeunesse du Bloc Québécois

Crédits photos : Facebook de Xavier Barsalou Duval / Page de soutien à Mario Beaulieu