Entretien avec Alexandre Leduc : un an de mandat

Dès le soir de sa défaite en 2014, Alexandre Leduc annonçait qu’il souhaitait reporter les couleurs de Québec solidaire (QS) dans Hochelaga-Maisonneuve (HM), et revenait sur sa campagne pour notre site. En octobre 2018, il a bien été candidat et a fait partie de cette petite vague de néo-députés solidaires, avec dans son cas une très confortable avance : plus de 7000 voix sur la députée péquiste sortante. Retour une première année de session parlementaire.

Il y a un an, les résultats ont été très bon pour Québec solidaire, empochant des circonscriptions espérées – et mêmes quelques inespérées -, réussissant notamment à percer hors de Montréal. Quelle a été ta perception de ces résultats dans ton comté (où tu obtiens 50 % des suffrages et donc une majorité d’électeurs, chose rare dans le système à un tour) et dans la province ? Et quelle a été ta première impression une fois réuni en caucus ou dans le salon bleu, enfin élu après trois candidatures  ?
Au déclenchement de la campagne, QS avait de grandes ambitions et j’étais assez confiant à propos de chance de l’emporter dans HM, mais dans l’absolu rien n’est joué et tout peut s’effondrer rapidement. Cependant, à mesure que la campagne avançait, quelques indices confirmaient qu’on se dirigeait vers une victoire dans mon quartier. Tout d’abord, nous avions un nombre record de personnes qui installaient une pancarte sur leur balcon. Il y en avait au moins une dans chaque rue du quartier, c’était impressionnant. Ensuite, j’obtenais beaucoup plus de succès auprès des indécis à qui je parlais que les élections précédentes. Finalement, la bourde monumentale du chef péquiste lors du deuxième débat des chefs a scellé la chose dans HM. Le résultat a malgré tout été passablement plus fort que nous l’avions projeté. On s’attendait à gagner avec des appuis alentour de 40%. Le 50,05% fût donc une agréable surprise et aussi une sérieuse obligation d’être à a hauteur de la situation.
Nous avons tenu notre premier caucus 4 jours après le vote. C’était un moment très fébrile, car nous étions tous encore sur un nuage. De plus, c’était des occasions de premières rencontres pour certains et certaines d’entre nous. En effet, j’avais rencontré qu’une seule fois Émilise Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) et je n’avais jamais rencontré Christine Labrie (Sherbrooke). J’étais un ami de Sol Zanetti (Jean-Lesage) et Catherine Dorion (Taschereau), mais je ne les avais pas du tout vus de la campagne. Je me demandais donc ce qu’il et elle venaient de vivre comme expérience électorale dans la ville de Québec, réputée très conservatrice.
Le moment le plus émotif était le tour de table. Chaque nouveau député se présentait en disant son nom suivi de son nouveau statut (i.e. bonjour je suis Alexandre Leduc, député de Hochelaga-Maisonneuve). C’était donc des cris de joie à chaque présentation d’un nouveau député.
Le caucus a surtout servi à discuter des prochaines étapes, de conseils pour mener à bien les embauches dans les différents bureaux de circonscription, commencer à réfléchir à nos intérêts pour le partage des dossiers et discuter de la cérémonie d’assermentation.
J’avais déjà eu affaire au parlement dans le passé dans des simulations parlementaires et comme conseiller du président de mon syndicat dans le cadre d’auditions de commissions parlementaires. J’étais donc assez familier avec l’endroit. Cependant, lorsque tu ouvres la porte de ton bureau pour la première fois et lorsque tu vois ton nom sur ton pupitre au salon bleu, il y a bien sûr une charge émotive qui accompagne le moment. Le sens des responsabilités t’envahit et tu espères être à la hauteur du défi.

Tu es assez logiquement (avant son élection, M. Leduc était conseiller syndical sur les questions de droit du travail) membre de la commission de l’économie et du travail. François Legault se vante d’être un manager, un chef d’entreprise, l’économie est censée être son pré-carré. Quel bilan tires-tu du début de mandat sur cette question précise ?
Le dossier du travail est malheureusement peu couvert en dehors des grands conflits de travail. À preuve, des deux grands dossiers Travail de la précédente session parlementaire – lock-out d’ABI à Bécancour et réforme de la loi sur l’équité salariale (LÉS) – les médias n’ont couvert que le premier.
Dans les deux scénarios, le gouvernement Legault a adopté une attitude hostile au mouvement syndical. Il a pris parti pour l’entreprise ABI (bien qu’elle bénéficiait déjà d’un rapport de force inégale en raison d’une ridicule clause de force majeure dans son contrat d’électricité avec la société d’État Hydro-Québec). Son implication dans le dossier fût très négative et a permis à l’employeur de jouer l’horloge jusqu’à l’épuisement des troupes. Paradoxalement, la CAQ avait obtenu un fort appui dans la région où est située l’usine. Parions que cet appui ne sera pas le même en 2022.
La réforme de la LÉS était une réponse à un jugement de la Cour suprême qui obligeait le gouvernement à réécrire sa loi, car elle était discriminatoire. La nouvelle mouture comportait encore des défauts, mais réglait les principaux irritants. Le scandale est qu’elle ne s’applique pas aux anciennes plaintes déposées avant la réforme. Les anciennes plaintes seront traitées par l’ancienne loi… que la Cour vient de juger discriminatoire. Il y aura donc une nouvelle ronde judiciaire menée par le mouvement syndical pour démontrer que la nouvelle LÉS ne répond pas adéquatement au jugement.
Dans les deux scénarios, le gouvernement agit en gestionnaire qui prend fait et partie pour le capital et ses propres intérêts comme État-employeur plutôt que de penser au rehaussement des conditions de vie des travailleurs et travailleuses du Québec.
Nous attendons une importante réforme en santé et sécurité au travail et une autre sur les services essentiels. Je ne m’attends malheureusement pas à un changement d’attitude de la part du gouvernement.

Le fait d’avoir un groupe reconnu donne des moyens à QS, mais vous n’êtes malgré tout que dix. As-tu l’impression de réellement pouvoir exercer ton travail de député face à une majorité caquiste écrasante ? Le député a t-il un réel pouvoir ? Si oui peux-tu donner un ou deux exemples d’impact concret des députés d’opposition ?
Passant de 3 à 10 députés, on peut maintenant à peu près tout couvrir et être présent partout où sont normalement les autres partis. C’est tout un changement par rapport à la précédente dynamique où les trois élus devaient constamment faire des choix déchirants concernant les interventions médiatiques à préparer, les commissions parlementaires à couvrir, les invitations à accepter ou refuser, etc.
Ce n’est donc pas moins de travail que lorsque nous étions trois, mais une meilleure présence dans l’ensemble des dossiers.
Un député d’opposition n’a pas plus ou moins de pouvoir qu’un député du parti au pouvoir qui n’est pas ministre. Un député d’arrière-ban peut parfois avoir plus de problèmes qu’un bon député d’opposition pour avoir accès à un ministre. Tout dépend de sa capacité à mener ses dossiers, sa crédibilité et les relations tissées avec les ministres.
Localement mon équipe et moi avons mené quelques dossiers où j’ai participé à obtenir des subventions pour des groupes, débloquer un important dossier d’agrandissement de garderie et réussi à mettre la main (via une demande d’accès à l’information) sur les plans autoroutiers du ministère des Transports sur un secteur industriel en développement.
Ce sont de petites victoires qui s’ajoutent aux dizaines d’autres petites victoires sur des dossiers de citoyens et citoyennes qui viennent cogner à la porte du bureau de circonscription. Là-dessus, tout le crédit revient à mes collègues attachées politiques qui font tout ce travail essentiel.

Alexndre Leduc au lancement de sa campagne en 2018 /
AndréLegault – Wikicommons

Pourrais-tu me donner un exemple de chose qui t’a surpris lors de cette session, en négatif et en positif ?
J’ai été surpris négativement par le peu de décorum au salon bleu. C’est pire que ce qu’on perçoit à la télévision où le téléspectateur entend parfois un brouhaha. Quand tu es assis au centre de l’action, tu vois ce que la caméra ne voit pas et tu entends ce que le micro n’entend pas. Ce n’est pas joli. Les élus du PLQ sont de loin les plus indisciplinés. Certains ministres de la CAQ (surtout des hommes, bien entendu) étaient un peu trop contents d’avoir gagné en début de législature. Je trouve que ces comportements ne sont pas à la hauteur de notre fonction.
D’un autre côté, en dehors des moments plus « spectacle » de la politique (période des questions, commissions, entrevues, etc.) il règne une surprenante convivialité à l’Assemblée, en particulier entre les élus. Ça se tutoie très rapidement, les ministres sont très accessibles et l’ambiance est bon-enfant. Le contraste entre ces moments et ceux relevant du spectacle est donc total. Cela fait en sorte que deux députés sont capables de s’engueuler pendant la période de questions, mais de régler des dossiers 15 minutes après dans la file d’attente de la cafétéria.

La majorité du travail parlementaire est en fait assez mal connu, quelle action discrète – pas forcément dépendant uniquement de toi, mais qui te semble essentielle – voudrais-tu faire mieux connaître du grand public ?
J’éprouve beaucoup de frustration devant ma difficulté certaine à faire parler de mes dossiers locaux dans les médias. Mes collègues qui sont hors Montréal ont tous des médias régionaux qui s’intéresse de près à leurs travaux. À Montréal, il n’y a que des médias nationaux et il est difficile d’attirer l’attention sur un quartier en particulier. Je crains que cela donne l’impression aux résidents de ma circonscription que je ne fais pas grand-chose pour le quartier. Il y avait un média local citoyen pendant quelques années dans le quartier, mais il a fermé faute d’implication. Nous cherchons des solutions, mais ce n’est pas simple.
Nous faisons face à un important phénomène de gentrification (embourgeoisement) dans HM et cela a des conséquences insoupçonnées, notamment sur le financement des écoles et plus spécifiquement sur le financement de la « mesure alimentaire », un programme de collation gratuite et de dîner à 1$ pour les enfants de familles à faible revenu dans les écoles du quartier. La disparition de ces programmes ne touche pas seulement mon quartier donc il a été difficile d’attirer l’attention des journalistes sur le sujet. On a donc tourné notre propre reportage qu’on a mis en ligne [voir https://www.facebook.com/LeducAlexandreQS/videos/418350962341311].

Déjà en 2014 tu indiquais ne pas être membre de parti fédéral ni vouloir te positionner publiquement au nom de la séparation entre les échelons électoraux. Mais sans appeler à voter pour tel ou tel parti, quelle est ton analyse du mandat Trudeau et des dynamiques en cours (notamment l’arrivée de pouvoirs conservateurs dans tous le Canada) ?
En effet, au Québec il n’y a pas de liens organiques entre les partis fédéraux, provinciaux et les rares partis municipaux. Québec solidaire a donc pris position il y a quelques mois pour affirmer son désir de ne pas soutenir un parti ou un autre dans la course fédérale. De fait, aucun parti fédéral ne nous rejoint sur l’ensemble de nos positions. De toute manière, l’ère des consignes de vote est révolue, car même les centrales syndicales ne procèdent plus ainsi.
Je connais certains membres de QS impliqués au Bloc, d’autres au NPD ou encore au Parti vert. Je leur souhaite bonne campagne!

Histoire : Le Parti égalité

L’actualité n’est pas pauvre en ce moment, mais entre les candidatures à la chefferie du PQ qui continuent, l’austérité toujours plus grande des libéraux et les bilans de fin d’année des ministres, il y a comme une impression de redondance. L’objectif de ce blog étant de ne pas répéter ce qui est dit partout, j’ai eu envie de faire un bon en arrière et de parler d’Histoire. Tout comme il me semble important de jouer le jeu comparatif Québec/France dans mes analyses, il m’apparaît essentiel d’avoir un peu de recul historique pour mieux saisir ce qui existe aujourd’hui. Pour cette première note historique je vais vous brosser le portrait d’un parti défunt et assez original dans son positionnement : le Parti Égalité.

Naissance du parti

À la fin de la 31e législature (1976-1981) il y a cinq partis représentés à l’Assemblée Nationale (Parti Libéral du Québec, Parti Québécois, Union Nationale, Ralliement Créditiste et le Parti national populaire), les élections de 1981 ballayeront cette diversité en instaurant le nouveau bipartisme PQ/PLQ et en rayant l’Union Nationale, ancien grand parti conservateur, de la carte. L’élection suivante (1985) confirmera ce bipartisme, le libéral Robert Bourrassa devenant premier ministre, largement majoritaire avec ses 99 députés face aux 23 péquistes formant l’opposition. Autant dire que l’ambiance est au PLQ triomphant.

Seulement, le PLQ – surtout à cette époque – reste un parti plus “à gauche” que les anciens conservateurs. Surtout, le PLQ revendique la particularité du Québec dans le Canada et contient encore plusieurs membres réellement indépendantistes*, Bourrassa doit donc jongler entre son fédéralisme clair et la revendication nationale des Québécois. Il va donc négocier les accords du Lac Meech, qui vise à faire adhérer le Québec à la Constitution Canadienne en échange de plusieurs concessions comme la reconnaissance de la « Société distincte » Québécoise. Les accords échouent mais marquent les esprits. Bourassa va aussi faire adopter la  « clause nonobstant », qui a permet au Québec d’outrepasser des lois fédérales et de conserver l’intégralité de la Charte de la langue française, notamment l’affichage unilingue.

C’est dans ce contexte que le Parti Égalité est fondé en avril 1989, quelques mois avant les élections générale. Son nom pourrait le faire passer pour un parti de gauche**, ce qui serai une grave erreur. En effet, outre l’égalité linguistique, le PÉ défendra une ligne clairement conservatrice. Mais en 1989 ce sont les questions identitaires qui sont essentielles, et elles jouent à plein, le programme du parti demande notamment :

  • L’affirmation du droit de demeurer Canadien en cas d’indépendance du Québec ;
  • L’obligation de consulter tous les Canadiens et non seulement les Québécois sur un éventuel référendum de partition ;
  • L’abrogation de la 101 (Charte de la langue française imposant le français comme seule langue officielle) ;
  • L’autorisation pour tout Québécois de mettre ses enfants dans une école anglophone (depuis le premier gouvernement péquiste, seuls les enfants d’anglophones ont ce droit) ;
  • La ratification immédiate de la Constitution Canadienne ;
  • Le rejet de la reconnaissance du Québec comme  « Société distincte » ;
  • Une  « responsabilité fiscale »  à tous les échelons, ce qui pourrait se traduire par  « moins d’impôts et moins de fonctionnaires ».

Fort de ce programme très ciblé, le PÉ présente dix-neuf candidats aux élections provinciales de septembre 1989 et, à la surprise générale, obtiennent quatre députés et manquent de peu d’en faire élire cinq autres.

 Les députés du Parti Égalité

atkison cameron
Gordon Atkinson& Neil Cameron

Si le PÉ ne s’attendait sans doute pas à un tel résultat dès le départ, les terres d’élections des députés restent peu surprenantes : il s’agit à chaque fois de circonscriptions montréalaises à très forte majorité anglophones qui votent libéraux sans hésiter depuis les années 60 (certaines depuis toujours). Il est à noter que ça n’a pas beaucoup changé, ainsi la circonscription D’Arcy-McGee est encore aujourd’hui le territoire le plus libéral du Québec, le député PLQ y ayant obtenu… 92,2% lors des dernières élections !

Quatre députés sont donc élus :

  • Gordon Atkinson, ex-militaire de 67 ans devenu journaliste sur les radios anglophones, défait le député sortant de Notre-Dame-de-Grâce avec 43% des voix ;
  • Neil Cameron, professeur d’histoire et chroniqueur cinquantenaire, qui s’impose dans Jacques-Cartier avec lui aussi autour de 43% ;
  • Richard Holden, avocat de 58 ans qui avait déjà tenté sa chance comme indépendant en 1962, puis comme progressiste-conservateur en 1976, et arrache la circonscription de Wesmount avec 40%, juste deux points devant le candidat libéral ;
  • Robert Libman, architecte et chef du parti, qui obtient plus de 57% des voix et devient, à 28 ans, un des plus jeunes députés de l’histoire ;

Le PÉ existe donc fortement à l’issu de ces élection, même s’il n’a pas du tout assez d’élus pour faire la balance du pouvoir. En effet, le PLQ conserve 92 sièges et n’a donc pas besoin de se pencher vers sa droite pour gouverner. Grand bien lui prend d’ailleurs, le PÉ explosant rapidement en vol, sans doute victime de son succès inattendu qui créé de multiples querelles d’ego minant sa crédibilité.

Cela commence en octobre 1991 ou Richard Holden est exclu pour avoir enfreint la discipline du parti. En fait, il défendait ardemment les accords du Lac Meech, contre lesquels le parti s’était en partie créé ! Siégeant comme indépendant, il rejoint le Parti Québécois en août 1992. Un choix pour le moins incongru, qui le brouillera avec sa famille et qui sera évidemment rejeté par la plupart des électeurs. Il est à noter que divers témoignages indiquent qu’il avait auparavant voulu rejoindre les libéraux.

Neil Cameron dépose bien le projet de loi 199, qui vise à faire de l’anglais et du français les deux langues officielles dans la province, en 1993, mais les combats internes rendent l’action inaudible. La violence est telle que Robert Libman – pourtant chef du parti ! -, le quitte en décembre 1993 pour siéger comme indépendant. En mars 1994 c’est Gordon Atkinson qui quitte le navire, laissant Cameron seul pour terminer la mandature.

L’élection de 1994 et l’avenir des élus

holden libman
Richard Holden & Robert Libman

Les élections de septembre 1994 sont cuisantes pour les sortants comme pour le parti qui passe de plus de 125 700 voix à à peine plus de 11 500. Pour ce qui est des quatre députés du PÉ, tous virent leur carrière politique s’arrêter brutalement lors des élections de 1994.

Richard Holden se présente pour le PQ dans Verdun (sa circonscription avait en effet changé de contours) et est largement battu par le sortant libéral. Il est cependant nommé à un poste de haut fonctionnaire à la Régie du logement par le gouvernement péquiste. Souffrant de douleurs insupportables aux dos, il se suicide en 2005 à l’âge de 74 ans.

Gordon Atkiston se représente dans sa circonscription comme indépendant mais n’obtient que 5,4% contre 73% au candidat libéral. Neil Cameron, seul resté fidèle au PÉ, n’en tire pas vraiment bénéfice puisqu’il obtient 6,15%, devancé par le PQ et un libéral caracolant en tête avec 83,6% des suffrages. Aucun des deux ne refera le saut en politique. Atkiston, doyen du groupe, décède début 2006 à 83 ans tandis que Neil Cameron continue une carrière de journaliste et chroniqueur – exclusivement dans les médias anglophones bien sûr – et a même un site sur lequel il publie régulièrement recherches et opinions.

Robert Libman est un cas à part car, malgré sa défaite honorable comme candidat indépendant – un peu plus de 30% des voix -, il contine une carrière politique. Une chose pas si étonnante si l’on se rappelle qu’en 1994 il n’a que 33 ans. S’il n’a jamais été à nouveau candidat à un poste provincial, il est maire de la commune de Côte-Saint-Luc de 1998 à 2001, date de sa fusion avec la ville de Montréal. Il devient alors maire de l’arrondissement de Côte-Saint-Luc–Hampstead–Montréal Ouest et, à ce titre, membre du bureau éxécutif de la ville jusqu’en 2005. Intervenant de temps à autres dans le débat public il appelle notamment à voter pour la CAQ en 2012 et est actuellement candidat à l’investiture pour le parti conservateur dans la circonscription de Mont-Royal en vue des élections fédérales de 2015 .

Quelle influence après le déclin ?

Bien que présentant par la suite plus d’une vingtaine de candidats, le PÉ ne réussira jamais à faire réélire un député. Tous sont largement battus et en 2003 le parti récolte à peine plus de 4000 voix pour 21 candidats. Continuant d’être enregistré au près DGEQ pendant plusieurs années, le parti perd finalement sa reconnaissance officielle en 2012.

Le PÉ n’aura donc été qu’un feu de paille, typique incarnation de ce que peut-être la politique québécoise, très prompte à renverser la table sans que cela s’inscrive réellement dans le temps, le passage de l’ADQ en opposition officielle en 2007 en est un autre exemple… Peu influent, le PÉ voit pourtant aujourd’hui ses idées assez portées par des libéraux devenus clairement anti-indépendance, voulant réouvrir le dossier constitutionnel et dont le premier ministre n’hésite plus à ne parler qu’anglais quand il est à l’étranger… On en viendrait presque à regarder Bourassa avec nostalgie.

* En 1994 Mario Dumont quitte le PLQ pour créer l’ADQ, un mouvement autonomiste qui fait campagne pour le oui lors du référendum.
** Un ami québécois peu impliqué en politique m’a avoué avoir voté pour eux parce que l’égalité lui semblait un bon concept.

Pour aller plus loin :
Site (conservé en cache) du Parti égalité
Article de CTV Montréal sur les 25 ans du Parti égalité

Crédit photo : Assemblée nationale du Québec.