Entretien avec Anne Min-Thu Quach

Anne Min-Thu Quach est une des nombreuses députées élues lors de la « vague orange » de 2011, mais aussi, et c’est plus rare, une députée néodémocrate réélue en 2015. Si elle n’est pas forcément la plus connue du caucus, j’ai souvent apprécié ses prises de position, l’élue s’engageant sur des sujets qui me sont chers : après avoir été porte-parole du caucus sur les questions de santé, puis d’environnement elle est porte-parole du NPD pour la jeunesse depuis novembre 2015. Merci encore à elle et à ses assistants pour l’accueil et la mise en place très rapide (autour de 24h !) de ce rendez-vous.

Anne Minh-Thu Quach à la Chambre des communes en mars 2018.

Avant de débuter sur vos combats propres j’aimerai savoir comment vous vivez l’environnement actuel, comment luttez-vous face à un premier ministre comme Trudeau ?

On continue de se position comme le vrai parti progressiste au Canada. On est le parti qui peut défier le gouvernement sur ses discours à saveur progressiste mais qui sont dans les faits éloignés des revendications des groupes de femmes, des groupes environnementaux, de la société civile, qui ne sont pas satisfaits. Pour cela le sens de mon travail est toujours le même, et ce ne sont pas les conservateurs qui vont se positionner sur ces enjeux en défendant un point de vue progressiste.

Sur les sujets progressistes justement on a un gouvernement qui se dit ouvertement féministe, quelle est votre analyse de ça ?

Pour l’instant c’est dans les paroles, dans le dernier budget je crois qu’on recensait presque 700 fois le mot « équité des genres » mais dans les faits on en est pas là du tout. Oui il y a eu quelques avancées comme le cabinet paritaire ou la loi permettant l’octroi de congés payés par l’employeur pour les femmes victimes de violences conjugales, pour qu’elles puisse se remettre sur pied et trouver une nouvelle place. C’est un enjeu sur lequel on s’en positionné et qu’on défendait, on est content que ça ait été fait.

Mais sur d’autres questions comme l’équité salariale, cela fait presque trois ans que les libéraux disent qu’ils vont proposer une loi proactive là dessus. Dans leur dernier budget ils ont écrit qu’ils allaient faire quelque chose dessus, mais il n’y a toujours pas de projet de loi déposé, et encore moins d’engagement concrets ou de budget attribué, on est donc bien encore que dans les paroles.

Sur d’autres sujets comme le développement de refuges et de logements sociaux pour le femme ou le développement de système de garde universels, comme il y a au Québec mais élargit à tout le Canada, ils refusent d’avancer. Si on veut que les femmes travaillent au même titre que les hommes mais qu’elles n’ont pas la possibilité d’inscrire leurs enfants à un service de garde, alors qu’on sait que cela pousse souvent les femmes à rester à la maison, c’est contradictoire. Beaucoup de choses comme ça, qui remontent directement du terrain, sont inexistantes dans les projets de lois.

Par curiosité, quels sont les équilibres femmes/hommes à la Chambre ? Est-ce qu’il y a des règles de parités sur les candidatures comme en France ou pas du tout ?

On n’est que 26 % de femmes, au Nouveau parti démocratique on est le parti qui s’en approche le plus. On est 42 % je crois, pas juste de candidate mais d’élues, et notre leader Ruth-Ellen Brosseau a demandé à plusieurs reprises au Premier Ministre Trudeau ce qu’il entendait faire au niveau de la législation pour qu’aux prochaines élections il y ait des amélioration mais jusqu’ici elle n’a pas eu de réponses. Et ce ne sera pas réglé avec les listes à la proportionnelle puisque la réforme à la proportionnelle a été abandonnée.

Pour en venir à vos portefeuilles, quelles sont les priorités du NPD sur les questions de droit des femmes et de jeunesse ?

Sur les l’égalité femmes-hommes c’est vraiment l’équité salariale que l’on défend sans cesse. Cela fait juste quatorze ans qu’un rapport est sorti sur cette question, toutes les études et consultations ont été mené, il est chiffré, les recommandations sont là. On ne devrait pas attendre pour en faire une loi mais là ils nous disent qu’ils sont encore en train de consulter alors qu’il y a tout qui est là, et notamment les travaux expliquant combien ce serait positif pour tous. Aujourd’hui une femme touche environ 80 % de ce que touche un homme au Canada, au même poste, c’est pas mal en retard pour un pays du G7 et un gouvernement qui se proclame féministe. Et on lie ça beaucoup avec le programme de garde universel, qui est lié à la jeunesse aussi finalement.

Pour la jeunesse on s’est engagé à réduire très fortement le fardeau des étudiants au niveau des prêt étudiants. En congrès on s’est prononcé très récemment en faveur de la gratuité scolaire pour le niveau collégial et universitaire. C’est une mesure très forte, qui serait un soulagement pour beaucoup de jeunes et aussi une vraie assurance d’égalité.

C’est en effet très important mais y-a-t-il d’autres mesures pour ceux qui ne sont pas étudiants, en primaire ou par exemple pour ceux qui ne peuvent pas faire d’études, qui peinent à s’insérer dans l’emploi ?

On parle beaucoup de précarité de l’emploi présentement, de jeunes qui sont travailleurs autonomes pour des plateformes, ce qui paraît leur seul débouché. On veut développer un plan très fort sur la formation pour leur permettre d’avoir d’autres solutions qui les rendent moins dépendants mais quand j’ai dit ça aux libéraux le ministre des finances m’a dit « get used to it », « il va falloir s’y habituer » donc ils n’ont clairement pas envie de s’y attaquer.

Sinon, là je viens d’une conférence de presse sur le sujet de l’exploitation des jeunes mineures. En 2015 la Chambre des communes a adopté à l’unanimité un projet de loi qui s’appelle C-452 qui fait en sorte que les proxénètes et ceux qui font de la traite et de l’exploitation, souvent à 50 % sexuelle, des femmes, en majorité de jeunes femmes, puissent avoir des sanctions cumulatives et qu’il y ait un renforcement du fardeau de la preuve. On ne peut plus voir des jeunes de quatorze-quinze ans à témoigner en cours pour prouver qu’elles sont des victimes par exemple. Un troisième point ajoutait la traite de personnes à la liste des infractions permettant la confiscation des produits de la criminalité.

On avait adopté ce texte, les libéraux ont voté pour, il a eu la sanction royale mais les libéraux disent qu’ils ont soudainement vu un problème constitutionnel avec les peines cumulatives. Ils ont déposé à projet de loi à eux, qui s’appelle C-38, qu’ils n’ont pas encore mis au débat. Cela fait un an qu’ils en parlent mais pendant ce temps les victimes, elles, attendent toujours, et il n’y a aucun plan de financement pour aider celles qui sont touchées par cette criminalité. C’est une autre aberration qui touche beaucoup les jeunes.

On s’est aussi impliqué sur le projet de loi sur la Marijuana. Le gouvernement considère que la légalisation va tuer le marché noir, et on est d’accord là dessus, mais on pense qu’il faut investir beaucoup plus en prévention sinon les jeunes vont se dire « oh c’est légal, c’est donc que ce n’est pas dangereux ». Au départ les libéraux partaient sur du dix millions sur cinq ans, soit deux millions par années et pas juste pour la Marijuana mais pour toutes les drogues ! Alors qu’on traverse en ce moment une très grave crise sur les opioides. Là on est monté à sept millions, mais par comparaison on cite souvent le Colorado qui investi par années 40 millions pour la prévention. Les policiers, les enseignants, demandent de la formation aussi, et ce qu’on entend c’est surtout le gain financier pour l’état, mais il faut aussi faire de la sensibilisation. Et il y a beaucoup de problématiques auxquelles les libéraux n’ont pas pensés, ils sont encore en train de consulter des experts pour savoir quelle quantité de THC va être autorisées dans quels produits, par exemple pour ce qui risque d’affecter les facultés de conduites.

Sur un autre sujet, j’ai regardé votre activité parlementaire et j’ai vu un projet de loi qui m’intéresse particulièrement en tant qu’écologiste, sans doute lié à vos anciens portefeuilles, sur l’alimentation locale.

Oui, je l’ai déposé lors de la précédente législature, j’étais porte-parole en santé, mais il n’a toujours pas été débattu en Chambre, à l’époque les conservateurs s’y étaient opposé. Il s’agit de demander au ministre de l’agriculture au fédéral de se réunir avec les ministres provinciaux de l’agriculture, d’abord pour définir ce qu’est le « local » : pour certains c’est provincial, pour d’autres à 100km à la ronde, pour d’autres c’est le pays – c’est qui peut faire très éloigné mais toujours moins que si ça vient de Chine. Ensuite, le projet demande de faire en sorte qu’il y ai une quantité minimale d’achats de produits locaux dans les 48000 établissements fédéraux, selon la saison évidemment.

On sait que si individuellement on fait un achat de 5 $ d’aliments locaux à l’épicerie ça aide grandement les agriculteurs, donc si l’état fédéral ça engage ça pourrait tout changer. Ça peut leur permettre simplement de survivre, dans les douze dernières années on a perdu près de 10000 fermes familiales. Au Canada un emploi sur huit est rattaché à l’agroalimentaire, c’est beaucoup d’emploi, en région surtout, et pour les jeunes et la relève agricole c’est essentiel de conserver des fermes familiales.

Quand j’ai déposé ce projet de loi, je n’étais pas rattaché à l’agriculture, mais régulièrement dans les comités les gens me disaient que les personnes âgées et les jeunes n’ont pas accès aux fruits et légumes parce que ça coûte trop cher. En défendant les agriculteurs locaux et leurs conditions de travail cela permettait de contrebalancer ça aussi.

C’est un projet déposé il y a longtemps mais c’est toujours un actuel projet, malheureusement il n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant en 2015 quand les conservateurs l’ont refusé les libéraux s’étaient prononcés en faveur du projet de loi, maintenant qu’ils sont au pouvoir ils semblent avoir oublié. J’essaie de le faire revenir dans le projet sur l’alimentation mais à ce qu’ils m’ont dit, ils ne comptent pas l’intégrer.

Sur le site de la chambre des communes je me suis aussi intéressés à vos commissions mais je n’en ai vu aucune dont vous étiez membre, c’est normal ?

Oui, c’est la réalité en ce moment, j’ai eu une petite fille qui a trois ans et je suis dans le bon parti, qui a été très accommodant avec ça. C’est connecté aux autres enjeux au fond. Le NPD m’a laissé réintégrer mes travaux au fur et à mesure, je devais voter aux votes prévisibles mais était dispensés des votes imprévisibles qui sont parfois par surprise. Lors de mes « tours de garde », ces moments dans le caucus où l’on se partage des temps où on doit être cinq heure dans la chambre, ont été pris par d’autres collègues, vraiment c’était super généreux mais c’était d’entrée de jeu proposé. Je ne sais pas si c’est comme ça dans les autres partis.

On s’est battu aussi pour avoir une salle spéciale – il y a une garderie mais il faut que les enfants y soient cinq jours semaines ce qui est impossible avec nos agendas, et c’est à partir de 18 mois –, jusqu’ici nous n’avions pas de salles spécifiques. Christine Moore, une collègue néodémocrate qui a eu deux enfants dans les deux dernières législatures, a fait un accord avec la Chambre des communes pour une nounou privée, qu’elle paie avec ses propres fonds, mais la sécurité est assurée par la Chambre. On a maintenant une salle familiale aussi, on ne l’avait pas avant, pour allaiter on allait dans la « salle des époux » qui est à côté de la chambre. Mais parfois les députés la réservent pour des conférences de presse et dans ce cas les femmes qui allaitent doivent partir, si le bébé est en train de dormir il faut le lever et le déplacer…

On a aussi demandé que les votes aient lieu dès après la période des questions, et pas à finir toujours tard le soir. La semaine dernière on a eu des votes tous les jours en fin de journée, les libéraux disent travailler fortement pour la conciliation travail/famille, ça ne se voit pas ici. Ce sont des anecdotes mais c’est important, c’est ce genre de choses qui font que c’est difficile de convaincre des jeunes, et particulièrement des jeunes femmes, de s’engager en politique. On leur dit « venez, c’est faisable de concilier avec des projets de familles », c’est vrai que c’est faisable, mais est-ce que c’est facile ?, là non.

Il y a quand même quelques commissions sur votre page, j’ai notamment vu que vous apparteniez à un réseau autour de la francophonie. Y représentez vous le Québec ou bien tout le Canada ? Avez-vous travaillé avec des élus français ?

J’en suis membre depuis un an et demi, je fais partie du programme jeunesse de la francophonie. Il a été initié il y a trois ans pour permettre aux jeunes parlementaires de réseauter à travers toute la francophonie des quatre continents pour mieux comprendre les enjeux des autres pays. Et finalement on a trouvé ça tellement enrichissant qu’on s’est dit qu’il faudrait que ça nous survive, car ça devait durer deux ans mais on a consacré la troisième année à pérenniser ça en mettant sur pied le Réseau parlementaire de la jeunesse. Il devrait aboutir en juillet et d’ailleurs il y a un sénateur français qui nous a rejoint récemment, Cyril Pellevat, qui est membre du parti des Républicains.

Ma dernière question est plus personnelle, je suis bibliothécaire et j’ai vu que vous étiez membre du comité d’administration de la bibliothèque parlementaire, en quoi ça consiste ?

J’aimerai pouvoir vous le dire mais j’en suis membre depuis 2015 et ce comité… ne s’est jamais réuni ! Il est censé réunir des députés et sénateurs qui travaillent en appui des bibliothécaires et recherchistes du Parlement afin d’assurer le meilleur fonctionnement de cette formidable ressource mais je n’en sais pas vraiment plus. Depuis quelques années on a plusieurs fois demandé aux président des deux chambres d’organiser un comité, mais sans succès.

C’est réellement dommage parce qu’on utilise beaucoup la bibliothèque et les chercheurs. Trente-huit députés se sont ajoutés en 2015, qui peuvent aller à la bibliothèques et utiliser leurs services, ainsi que leurs assistants, il y a peut-être des besoins d’organisation, de ressources ou des aides à mobiliser. Mais nous ne pouvons donc pas les appuyer alors qu’on sollicite énormément leurs aide.

Enregistré le 29 avril 2018
à Ottawa.

Entretien avec Alexandre Boulerice, député NPD de Rosemont – La Petite-Patrie

D’abord journaliste syndiqué, Alexandre Boulerice devient rapidement employé du Syndicat Canadien de la Fonction Publique, où il élaborera les stratégies de communication durant neuf ans. Militant néodémocrate depuis les années 90, il est élu député de Rosemont-La Petite-Patrie en 2011 lors de la vague orange. Construit idéologiquement, habitué à la joute orale, il prend rapidement des fonctions au sein du Caucus : d’abord porte-parole de l’opposition officielle pour le Conseil du trésor, il est aujourd’hui porte-parole en matière de Travail, en matière d’Éthique et pour le dossier Postes Canada.

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Lors d’une manifestation de soutien à Radio-Canada

Pour débuter, pouvez-vous revenir sur l’origine de vos engagements dans le syndicalisme et au NPD avant d’être député ? Vous avez déjà été candidat dans les années 90, ça remonte à loin…

J’ai toujours été sensible aux questions de justice sociale et de redistribution de la richesse. Je crois profondément que tout être humain devrait vivre dans la dignité. Cela a toujours influencé mon implication qu’elle soit syndicale ou politique. En effet, après avoir été représentant des journalistes pour notre syndicat local, j’ai découvert le monde des travailleurs non-syndiqués avec l’Union des travailleurs et des travailleuses de Montréal, d’où mon envie de participer à l’élaboration d’un bon filet social et d’un marché de l’emploi qui garantit des conditions décentes de travail. Cela m’a d’abord conduit à mon engagement au SCFP puis à la politique, pour qu’un réel changement se produise grâce au NPD.

Cette expérience vous a permis de prendre rapidement des responsabilités au sein du caucus. Pouvez-vous présenter des mesures fortes portées dans chacun de vos trois porte-parolats successifs (Conseil du Trésor, Éthique, Travail) ?

En ce qui concerne le Conseil du Trésor, j’ai dénoncé les coupures massives dans les services publics et les pertes d’emplois.

Au niveau de l’Éthique, le NPD a dévoilé et questionné les scandales des dépenses du G-20 détournées ainsi que les scandales des sénateurs conservateurs et du chef de cabinet du Premier Ministre, Nigel Wright.

Enfin étant porte-parole du NPD pour le Travail et porte-parole adjoint en matière d’éthique, nous avons lutté contre les projets de lois 377 et également déposé un projet de loi pour que, sous la juridiction fédérale, les travailleuses aient accès aux programmes provinciaux de retrait préventif de la femme enceinte.

Vous vous êtes particulièrement fait entendre sur la question des postes, où le NPD mène une lutte acharnée depuis le début du projet conservateur. Pouvez-vous rappeler à notre lectorat en quoi ce combat est crucial et ce que propose votre parti pour assurer la modernisation des postes sans attaquer le service public ?

La fin unilatérale de la livraison à domicile n’est pas justifiée financièrement et va heurter de plein de fouet les personnes âgées et les personnes handicapées. Les gens tiennent à ce service postal chez eux, nous avons les moyens de le préserver et il n’y a aucune raison d’être le seul pays du G7 à être incapable de livrer le courrier chez les gens. En plus, c’est 800 bons emplois qui risquent de disparaître.

Le combat continue puisque nous recevons tous les jours des pétitions de mécontentement de la position prise par les conservateurs sur le dossier de Postes Canada. Le NPD a d’ailleurs annoncé le 21 mai 2015 qu’il s’engage à remettre en place ce service après son élection.

On vous a également beaucoup entendu sur lors de la Guerre de Gaza de 2014, vous avez marqué largement votre solidarité, parfois plus que votre leader. Quelle position voudriez-vous voir prise par le Canada dans le conflit israélo-palestinien ?

Nous voulons une résolution de ce conflit où les peuples palestiniens et israéliens pourront vivre en paix et en sécurité. Nous favorisons des négociations, la fin des colonies illégales et la création d’un État palestinien basé sur les frontières de 1967. En effet, les deux États doivent être viables afin d’avoir une sécurité à long terme d’où la nécessité de les aider à négocier un réel processus de paix pour régler cette situation de crise durable.

Votre statut de membre de l’opposition vous empêche de pouvoir faire passer beaucoup de lois, il y a cependant un long travail de commission et, parfois, des compromis. Pouvez-vous citer deux exemples de projets que vous avez portés et qui vous tenaient particulièrement à cœur, qu’ils aient échoué ou aient été adopté ?

Comme vous l’indiquez, le fait d’être dans l’opposition permet surtout de montrer notre désaccord envers les mesures injustifiées que prennent les Conservateurs. Toutefois, nous avons réussi à faire adopter un projet de loi rendant obligatoire le bilinguisme pour les « agents du parlement » dont les Commissaires. C’était une grande victoire pour la place du français à Ottawa. En outre, nous avons aussi amendé le projet de loi 525 en écartant les pires règles prévues au départ, notamment pour compter les votes lors d’un processus de syndicalisation. Cependant, mon projet de loi sur le retrait préventif des femmes enceintes a été battu par les conservateurs et les libéraux.

Comme de nombreux députés néodémocrates votre élection a été une surprise. Quel est votre regard sur ces 4 ans de mandat inattendu, n’avez-vous jamais regretté votre vie d’avant et quelles mesures souhaiteriez-vous particulièrement porter si vous êtes réélu en 2015 ?

Ouf ! Oui!  Bien-sûr que l’on peut parfois regretter car la vie familiale souffre avec le travail de député. En effet, cette fonction n’avait pas été pensée au départ pour des parents avec des jeunes enfants. C’est pourquoi je considère que c’est la partie la plus difficile et ingrate de ce travail prenant, qui est par ailleurs formidable. Ainsi, j’apprécie de pouvoir représenté au mieux les gens de ma circonscription ainsi que de me faire le porte-parole d’enjeux si importants !

Si l’on gagne en 2015 ? Mes priorités sont une hausse des impôts des grandes compagnies, un service de garde public universel, le rétablissement d’un salaire minimum, la bonification des pensions et la fin de l’imposition des boites postales communautaires.

Entretien réalisé par courriel
entre avril et juin 2015

Pour aller plus loin
Site officiel

Crédit photos : Site officiel du député.

Entretien avec Ève Péclet, députée de La Pointe-de-l’Île 2/2

La semaine dernière nous publiions la première partie de notre entretien avec Ève Péclet, députée de La Pointe-de-l’Île, porte-parole adjointe de l’opposition officialle en charge de la justice et présidente du caucus jeune du NPD. Après avoir largement parlé de son engagement et du traité de libre échange Europe-Canada (AECG), suite et fin de l’entretien autours des relations internationales, des lois portées par Mme Péclet et de la jeunesse.

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Sur le sujet des affaires internationales, une actualité brûlante a été la crise israélo-palestinienne. À la Chambre des Communes vous vous étiez fermement engagée pour la Paix et la création d’un État palestinien. On a entendu beaucoup de choses sur le NPD à ce propos, et notamment que les députés ne devaient pas s’engager trop visiblement. Pouvez-vous tirer au clair cette affaire et exposer la position du NPD sur le conflit ?

Le NPD a toujours eu la même position concernant le conflit israélo-palestinien; nous défendons toujours une coexistence pacifique entre deux États indépendants avec des frontières négociées, la fin de l’occupation israélienne en Palestine et la fin de la violence envers les civils. Lors du dernier conflit, nous entrions dans une période décisive en ce qui a trait à la situation entre Israël et la Palestine et nous critiquions la position non-équilibrée du gouvernement canadien concernant ce conflit; «ce que nous avons du côté canadien, sous les conservateurs, c’est le négativisme, les reproches, les attaques et les menaces», avait déclaré notre chef, M. Mulcair. Les conservateurs de Stephen Harper gèrent de façon indélicate et inefficace les dossiers diplomatiques de cette importance et nous voyons les répercussions que cela peut avoir. Nous perdons toute crédibilité comme acteur de soutien et nous minons à la base les efforts de nos alliés pour la paix.

Le Canada devrait jouer un rôle constructif dans la résolution de la question israélo-palestinienne et comme nous l’avons fièrement déjà fait sur ​la scène internationale à d’autres occasions. Au lieu de se retrousser les manches et d’agir concrètement pour permettre aux négociations entre les deux États d’avancer, le Canada se place en très mauvaise position en prenant parti ce qui met en péril toutes tentatives de négociations et l’empêche de participer aux efforts menés par nos alliés comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Nous appuyons fermement un règlement du conflit israélo-palestinien prévoyant deux États. Nous demandions donc au gouvernement d’appuyer ces efforts car il est clair que ce conflit ne peut être résolu que si les Israéliens et les Palestiniens s’assoient à la table des négociations.

Dans les deux secteurs dont vous vous êtes occupé, pourriez-vous présentez au lecteur un cas emblématique de politique conservatrice que vous avez combattu et les propositions du NPD ?

Au niveau des affaires étrangères, je ne peux passer sous silence les deux décisions prises par le gouvernement conservateur de se retirer du Protocole de Kyoto et de la Convention de l’ONU pour lutter contre la désertification. Cela fait du Canada le seul pays dans le monde à avoir fait marche arrière sur le plan environnemental face aux défis auxquels font face la communauté internationale. C’est une décision qui a été décriée non seulement par beaucoup de canadiens et canadiennes mais, par nombreuses organisations internationales et plusieurs autres États. Je suis prête à admettre que la politique partisane peut jouer au niveau de la politique nationale mais, lorsque l’on représente un État, membre de la communauté internationale, un pays du G7, membre de l’OCDE, le Canada a une responsabilité. Malheureusement, depuis 2006, les conservateurs n’ont pas su faire preuve de leadership et ont clairement miné la crédibilité du Canada aux yeux de la communauté internationale.

Au niveau de la justice maintenant, où devrai-je commencer ? Les principes régissant les politiques conservatrices sont loin de ce que nous connaissons au Canada. « La loi et l’ordre » selon eux. Leur projet de loi C-10 constitue un exemple parfait de l’approche conservatrice en matière justice. Au Québec, nous avons une longue et profonde tradition de réinsertion et de réhabilitation qui guide un peu nos politiques. Pour les conservateurs, ce sont des principes et des valeurs qui n’existent pas. L’ajout de peines minimales obligatoires non seulement enlève le pouvoir discrétionnaire des juges, mais il rend aussi complètement inefficace ce système que nous chérissons ; ce système justement basé sur la réhabilitation plutôt que sur la répression. Les États-Unis, champion de l’approche répressive, commencent à faire marche arrière et réalisent maintenant à quel point ce genre de politiques sont néfastes à long terme. Je lisais justement un article qui donnait en exemple la Floride et le Texas, qui veulent complètement revoir leur approche au niveau de la justice criminelle. Pendant ce temps, nous, au Canada, on fait le contraire, c’est insensé ! Sans vous parler des peines pour adultes imposées aux mineurs ce qui viole les principes fondamentaux de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Je peux aussi faire mention du projet de loi C-13 (anciennement C-30) sur l’accès légal. Les conservateurs veulent à tout prix adopter un tel projet de loi qui donnerait un accès légal aux informations personnelles des canadiens sans mandat aux agents de la paix et aux fonctionnaires publics.

Bref, avec les conservateurs au pouvoir, on régresse que ce soit en Affaires étrangères ou en matière de justice !

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Pourriez-vous citer une loi que vous êtes fière d’avoir porté, et votre plus gros regret quant à un projet rejeté faute de majorité ?

Je suis vraiment contente que vous me posiez la question car un des sujets qui m’a poussé à vouloir m’impliquer en politique est la responsabilité sociale des entreprises. De ce fait, j’ai déposé le projet de loi C-584, Loi concernant la responsabilité sociale d’entreprise inhérente aux activités des sociétés extractives canadiennes dans des pays en développement.

Le Canada se trouve dans une situation unique au monde. Plus de 75 % des compagnies minières ou des compagnies qui œuvrent dans le secteur extractif sont incorporées ici.

Dans la majorité des cas, ces compagnies sont actives dans des pays où les populations sont vulnérables, compte tenu de divers facteurs, notamment l’instabilité politique ou une sécurité déficiente. Elles se trouvent aussi dans des pays où le respect et l’application des droits des travailleurs, des droits de la personne et de la protection de l’environnement sont souvent inadéquats ou inefficaces.

Or, je crois profondément que le respect de ces principes ne peut être restreint dépendamment des capacités ou de la détermination des États de remplir leurs propres obligations dans ces domaines. On parle de milliers de personnes qui voient leurs droits fondamentaux violés. Des milliers de personnes qui vivent dans la peur de perdre leur maison, de perdre leur famille ou même qui vivent dans l’éternel cercle vicieux de la violence et de la corruption. Ce ne sont pas les valeurs que nous voulons promouvoir, au contraire !

En 2005, un rapport du comité des Affaires étrangères du Parlement canadien reconnaît les conséquences néfastes qu’ont les activités des compagnies minières canadiennes sur les populations des pays en développement et les abus qui ont été commis. Le plus important est que ce rapport précise que les mesures volontaires ont été inefficaces à ce jour et qu’il faut que le gouvernement revoit sa stratégie. Ce rapport a déclenché plusieurs actions de la part du gouvernement notamment qui ont mené des tables rondes nationales en 2007 sur la responsabilité sociale des entreprises. En 2009, le gouvernement conservateur décide de créé le Bureau du conseiller en responsabilité sociale des entreprises en réponse au rapport des tables rondes de 2007. Par contre, il fait bien attention de ne lui octroyer aucun véritable pouvoir. Le conseiller ne détient ni l’autorité d’enquêter sur des plaintes ni le pouvoir judiciaire d’assurer que les parties impliquées participent de bonne foi au processus d’arbitrage.

Le bilan est un échec total car aucun des six cas soulevés n’a abouti en médiation et même trois de ces cas ont vu les compagnies minières, elles-mêmes accusées de violation des droits de la personne, refuser de participer à la médiation. Tous les cas sont donc fermés, et la première conseillère nommée, Marketa Evans, a démissionné en octobre 2013, un an avant la fin de son mandat. Le poste de conseiller reste toujours inoccupé depuis sa démission.

Malheureusement, force est de constater que rien n’a été fait depuis 2005 car même à la suite des consultations le gouvernement adopte un mécanisme volontaire…qui n’a, à ce jour, absolument rien accompli et refuse toujours d’agir !

En 2011 le NPD a fait élire énormément de jeunes de moins de trente ans, en mai vous avez d’ailleurs été élue présidente du caucus jeune du NPD. En quoi ce caucus consiste-t-il, pourquoi vous semble-t-il aussi important d’inclure les jeunes dans la politique et que répondez-vous à ceux qui vous disent qu’ils n’ont pas assez d’expérience/de diplôme/de connaissances (etc.) pour être députés ?

Il y a une chose qui est claire, l’inclusion des jeunes en politique n’est pas un acquis. C’est dommage, parce que pendant toutes ces années, les revendications et les intérêts des jeunes n’ont jamais vraiment pu trouver leur place dans les politiques fédérales. Et malheureusement, ça se ressent !

C’est une tendance que le NPD a commencé a renverser ! Bon, comme vous le savez, je suis la présidente du caucus des jeunes et je peux vous dire que c’est déjà tout un progrès. En 2008, lorsque Niki Ashton a été élue sous la bannière NPD, c’était la plus jeune femme au Parlement. Par contre, il n’y avait pas caucus des jeunes au sein du NPD… ni des autres partis, je suis certaine de ça. Depuis 2011, c’est complètement différent. On compte 22 député(e)s dans le caucus des jeunes, tous ont moins de 33 ans. Notre rôle, c’est de faire en sorte que les politiques dont on discute au Parlement prennent en compte la réalité vécue par des milliers de jeunes au Canada. On veut donner une place aux enjeux qui les touchent lors des débats. On veut aussi aller à la rencontre des jeunes de partout au Canada, pour les écouter et pour comprendre ce qu’ils besoin que l’on fasse pour eux. On est en quelque sorte la voix des jeunes au sein de notre parti mais aussi, au sein du Parlement. C’est de cette façon que je le vois.

Et ce que je réponds à ceux qui me disent que les jeunes n’ont pas assez d’expérience/de diplôme/de connaissances (etc.) pour être député(e)s ? La meilleure chose à faire lorsque qu’on se sent mal représenté, c’est de s’impliquer et de se représenter soi-même. Ce ne sont pas les politiciens de la vieille école qui vont adopter des politiques pour les jeunes ! Si on veut changer les choses, nous sommes les mieux placés pour le faire !

Alors que les prochaines élections approchent, quel regard portez-vous sur vos trois ans de mandats et comment voyez-vous l’avenir ? Et vous représenterez-vous?

Ce n’est pas quelque chose que je cache et je suis très consciente que les gens ont voté pour Jack Layton lors de la dernière élection en 2011. C’est d’ailleurs en partie à cause de lui que j’ai moi-même joint le NPD lorsque j’étais plus jeune. Par contre, les gens ont aussi voté pour le changement, l’espoir et le positivisme que Jack incarnait. Je prends sur moi la prochaine élection, et de ce fait ma réélection, et je pense que ces valeurs ; je les incarne tout autant.

Je suis fière de pouvoir rencontrer les jeunes afin de rebâtir leur confiance envers la politique et afin de les pousser à s’impliquer, à travailler pour bâtir notre future, celui qui répond à nos aspirations. Je suis très fière de ce que mon équipe et moi avons accompli dans le comté. Je suis allée à la rencontre de la population pour les écouter et les consulter sur autant de sujets possibles. Je suis leur voix au Parlement ! Je me bats pour que leurs droits et leurs intérêts soient entendus par le gouvernement. Que ce soit pour l’assurance-emploi ou Postes Canada, les gens peuvent compter sur moi pour les défendre. Nous avons soutenu les organismes communautaires de La Pointe-de-l’Ile et avons travaillé sur plusieurs de leurs projets. Nous sommes là pour les soutenir ! Ce sera aux gens de La Pointe-de-l’Île de décider en 2015 s’ils me font l’honneur de leur confiance pour un prochain mandat.

Entretien réalisé par courriel
de septembre à novembre 2014

Pour aller plus loin 
Site officiel d’Ève Péclet
Page facebook d’Ève Péclet

Crédits images : Photo officielle d'Ève Péclet / Lors d'un rassemblement de soutien en 2013

Entretien avec Ève Péclet, députée de La Pointe-de-l’Île 1/2

Militante associative dans le domaine social, présidente d’Amnistie Internationale dans son université, diplômée en droit, Ève Péclet a été élue députée néodémocrate de La Pointe-de-l’Île en 2011. D’abord porte-parole adjointe de l’Opposition officielle en matière d’affaires étrangères elle est aujourd’hui porte-parole adjointe en charge de la justice. Née en 1988, elle fait partie de ces nombreux jeunes élus arrivés à Ottawa après la vague orange, un statut qu’elle assume et revendique en étant élue présidente du caucus jeune du NPD en mai 2014, avec Pierre-Luc Dusseault comme vice-président. Première partie d’un long entretien dont la fin sera publiée la semaine prochaine.

Avant toutes choses, pouvez-vous décrire votre parcours et ce qui vous a amené à rejoindre le NPD et à en être la candidate ?

J’ai toujours eu une passion pour les gens, pour ce qui se passe autour de moi. Je ne me suis jamais vu comme une personne passive et mon intérêt pour l’implication sociale est venu tout naturellement, à un très jeune âge d’ailleurs. Je crois que c’était plus un besoin pour moi, un peu comme manger ou boire. C’est ce qui m’a permis de passer à travers des moments plus difficiles de ma vie et de rediriger mon énergie sur quelque chose de concret et de positif.

Je me distingue de mes camarades au secondaire en m’impliquant au sein de comités comme Amnistie Internationale et Solidarité Monde. Je mets de l’avant beaucoup d’initiatives et, d’ailleurs, la direction de mon école me remet, lors de ma graduation, un prix pour mon engagement social.

Toute ma vie et mon parcours scolaire sont intimement liés à mon engagement social et je continue de faire du bénévolat dans plusieurs organismes par exemple pour les jeunes décrocheurs ou les personnes itinérantes. Au CÉGEP, je m’implique au niveau de l’association étudiante (à un poste de l’exécutif) et du mouvement étudiant. J’ai continué d’être impliquée à l’Université en tant que présidente et trésorière du comité Amnistie Internationale, vice-présidente du club des débats et gagnante de la 2e place d’un concours de plaidoirie national en droit criminel.

Mon implication politique commence un peu plus tard, après mes 18 ans. Je me rends alors compte que je peux voter, que j’ai une voix et que maintenant, j’ai une certaine responsabilité sociale à être engagée. Je commence à participer aux activités du NPD et devient membre du parti. Je m’implique dans les campagnes de Thomas Mulcair en 2007 et 2008. D’ailleurs, j’étais aussi vice-présidente du comité des jeunes néo-démocrates de l’Université de Montréal.

Bref, c’est un peu mon parcours très militant qui, toute ma vie je crois, m’a amené vers le chemin de la politique. Probablement sans le savoir, jusqu’à temps que je me rende compte que j’avais la possibilité (et la responsabilité) de changer les choses pour ma famille, pour mes ami(e)s et pour tout le monde.

Vous avez été une des nombreuses élues de la vague orange, que beaucoup n’ont pas vu venir. Jeune femme active comment vous êtes-vous intégrée au sein d’un caucus majoritairement masculin, cinquantenaire et fait de nombreux professionnels de la politique ?
Je dois commencer par dire que je n’étais pas seule. Nous avons été près d’une vingtaine de jeunes femmes à faire leur entrée au Parlement en 2011. On pouvait se soutenir ! Ça n’a pas toujours été facile, je dois l’admettre, et ça reste difficile à ce jour. Je l’ai souvent dit : être une jeune femme en politique, c’est hors du commun. On ne répond pas à l’image classique du politicien. La preuve, en ce moment même, lorsque je parle d’un politicien, vous pensez à cet homme d’âge mûr, cheveux grisonnant, costume-cravate non ? Et bien voilà.

J’ai dû travailler fort pour démontrer que j’avais ma place, comme n’importe quel homme, au Parlement. Je suis combative, je suis passionnée. C’était un autre défi pour moi. Mais, le sentiment de devoir se prouver en tant que femme et non en tant qu’individu reste malsain et est, tristement, un des résultats du système patriarcal que l’on connaît depuis toujours. Je ne sais même pas encore ce que je devais vraiment démontrer mais j’ai bien senti que l’idée que je sois capable de bien traiter mes dossiers n’était pas acquise. J’ai eu droit au fameux « tu n’es pas juste belle, tu es aussi intelligente »’ à quelques reprises. Bref, on ne s’attardera pas sur ça !

Je suis bien contente de constater que nos jeunes députées ont su briser ces préjugés. J’espère que nous avons pu ouvrir la porte à une nouvelle génération de femmes en politique !

Vous êtes formée en droit et vous occupez désormais de la justice au sein du NPD, auparavant vous étiez chargée des affaires étrangères, pourquoi ce choix ?

En fait, j’ai commencé au commerce international. J’ai d’ailleurs voyagé en Europe dans le cadre de notre étude sur le traité de libre-échange avec l’Union Européenne. J’ai beaucoup aimé étudier ce genre de dossier et j’avais déjà travaillé sur les règles de commerce international lors de mes études en droit.

Par contre, les affaires étrangères et le droit international ont tous deux toujours été ma passion. On peut le voir dans mon parcours avec ce lien quasi continuel que j’entretiens avec Amnistie Internationale. Ma formation en droit a d’ailleurs en partie été orientée sur le droit international et les institutions internationales. Par contre, la justice et le droit restent mes âmes-sœurs et je ne me vois pas ailleurs pour l’instant.

Le traité de libre-échange fait polémique en France. Beaucoup de partis de gauche ont la crainte d’une négociation donnant tout pouvoir aux entreprises pour briser les lois plus progressistes dans certains pays. Quelle est la position du NPD sur ce sujet et que défendez-vous particulièrement dans l’accord ?
L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (AECG) est l’accord le plus important négocié depuis l’ALENA. Il serait impossible pour moi de discuter de long en large de toutes les problématiques et enjeux qui y sont reliés en quelques lignes, par contre, il faut noter que le gouvernement canadien a profondément manqué de transparence durant les négociations. En tant que parlementaires, nous n’avons jamais été mis au courant des déroulements des négociations et nous avons été laissés dans le noir total concernant les principaux enjeux sur la table. Nous entreprenions une étude de l’accord sans même en connaître le contenu !

Par exemple, une des problématiques soulevées par nombreuses organisations, y compris le NPD, était la possible inclusion d’un chapitre sur le règlement des différends en matière d’investissement (l’équivalent du chapitre 11 de l’ALENA). Ce genre de mécanisme a été fortement critiqué pour ses effets néfastes sur la souveraineté des États. En pratique, ces mécanismes affectent la capacité d’un État à légiférer ou règlementer des domaines comme l’environnement, la santé publique ou les investissements car ils offrent la possibilité aux entreprises de poursuivre les États pour atteinte aux principes de libre-échange. Le Canada a d’ailleurs été condamné à payer des centaines de millions de dollars en vertu du chapitre 11 de l’ALENA. Nous avons demandé au gouvernement de ne pas inclure de telles dispositions dans l’AECG.

Nous avons aussi des préoccupations concernant la gestion de l’offre des produits laitiers et nous voulons être certains que le gouvernement négocie un traité qui protège nos industries : nombreuses fermes laitières familiales dépendent de la gestion de l’offre au Québec et partout au Canada. Le libre-échange en soit n’est pas mauvais. Dans une économie de plus en plus mondialisée, nous devons permettre à nos industries d’accéder à d’autres marchés tout en adoptant une approche balancée et juste. Nous devons veiller au bien-être de nos industries tout en restant compétitifs. Les gouvernements successifs ont adopté une vision assez simpliste du commerce international en signant des dizaines de traités de libre-échange sans vraiment apporter le soutien nécessaires à nos propres industries. Il faut aussi mentionner qu’il y a des experts dans le domaine de la santé qui ont prévenu le gouvernement des possibles répercussions de l’accord sur les dépenses en matière de médicaments : on parlerait ici d’une augmentation de près de 2 milliards de dollars pour les provinces.

 à suivre la semaine prochaine…

Pour aller plus loin 
Site officiel d’Ève Péclet
Page facebook d’Ève Pécle

Entretien avec Charmaine Borg, députée de Terrebonne-Blainville

Née en novembre 1990 et très tôt touchée par la politique, Charmaine Borg fait partie des « Cinq de McGill », ces étudiants de l’Université devenus députés néodémocrates en 2011. Une fois la surprise passée, elle a pris ses marques à la Chambre des communes, devenant une spécialiste des questions numériques sans pour autant oublier ses premiers engagements : le social et l’environnement.

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Pour commencer pouvez-vous décrire le parcours qui vous a amené à vous engager au NPD et à porter ses couleurs au Québec ? Vous étiez une militante impliquée, mais ne vous attendiez pas du tout à être élue, comment se sont passés les premiers jours après votre élection ?

Depuis l’adolescence, le NPD a toujours été le parti de mon choix. Je l’ai choisi pour ses politiques sociales, pour sa position en matière d’affaires étrangères ainsi que pour le dynamisme de son chef. À l’âge de 17 ans, j’ai commencé à m’impliquer plus sérieusement au sein du NPD comme bénévole et militante. Au fil des années, je me suis engagée davantage en siégeant sur le conseil exécutif du comité des jeunes néodémocrates du Québec et sur le conseil exécutif du club NPD à l’Université McGill. J’ai aussi eu la chance de participer activement à plusieurs campagnes électorales. Comme notre parti tient particulièrement à encourager la présence des femmes et de la jeunesse en politique, on m’a offert de me présenter aux élections fédérales de 2011 ; offre que j’ai acceptée sans hésiter.

Les premières journées suivant mon élection furent très occupées. En effet, je souhaitais dès lors prendre en charge mes nouvelles responsabilités afin de bien représenter les citoyens de ma circonscription. Je suis donc allée à leur rencontre pour mieux connaître leurs priorités et ainsi, mieux orienter mon travail parlementaire.

Avant d’être élue vous suiviez des études de sciences politiques avec une spécialisation sur l’Amérique latine, pourquoi ne pas avoir voulu vous spécialiser dans les relations internationales ?

D’abord, je suis et serai toujours interpellée par les relations internationales de mon pays. Cependant, être intéressée par un enjeu spécifique ne signifie pas nécessairement être la meilleure personne au sein d’un groupe pour défendre le dossier. Dans le cas du caucus NPD, il y avait déjà un député qui possédait une vaste expérience et une excellente réputation en matière d’affaires étrangères. Puisque notre chef nomme les membres du cabinet fantôme en fonction des compétences, de l’expérience et du mérite, il était tout à fait logique que mon collègue se voie attribuer ce dossier de porte-parole. De mon côté, ça m’a permis de découvrir et de me concentrer sur un autre domaine passionnant, soit celui des enjeux numériques, et je suis très heureuse de la tournure des événements !

Petit à petit, vous vous êtes affirmée comme la spécialiste des enjeux numériques. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre en main ce sujet très technique et pourtant fondamental ?

À la suite de mon élection, j’ai été nommée sur le comité permanent de la justice et des droits de la personne. Peu de temps après, le comité devait se pencher sur un projet de loi contenant diverses mesures sur l’accès légal aux renseignements personnels et j’ai pris en charge l’étude de ce sujet. De fil en aiguille, mon travail sur les enjeux liés à l’accès légal ainsi que sur le projet de loi C-30 fut reconnu par mes pairs et par différents experts du domaine numérique. Par conséquent, Thomas Mulcair m’a nommé porte-parole des enjeux numériques lors du réaménagement du cabinet fantôme. Aujourd’hui, je suis très fière d’être la plus jeune députée à avoir été nommée au sein du cabinet fantôme.

On présente souvent les enjeux numériques comme un gadget, une question mineure. Imaginons que vous êtes face à un citoyen sans connaissance particulière d’internet, qui ne fait qu’y lire ses courriels par exemple, comment lui expliquerez-vous l’importance de votre travail ?

C’est un excellent exemple, car la simple action de lire ses courriels implique divers enjeux très importants. D’abord, l’accès à une messagerie électronique nécessite obligatoirement l’accès à Internet. Idéalement, la connexion Internet de tous les Canadiens serait caractérisée par une vitesse relativement élevée et un prix abordable. Puisque le Canada est un grand pays comprenant plusieurs régions peu peuplées, offrir à tous les citoyens un tel accès à prix abordable, peu importe leur emplacement, représente un défi de taille. Voilà donc l’un des enjeux sur lequel je travaille en tant que porte-parole.

De plus, le fait d’avoir un compte courriel implique nécessairement que la personne concernée partage certains de ses renseignements personnels avec le monde numérique. Je ne crois pas me tromper en affirmant que cette personne tient à ce que ses renseignements soient bien protégés et ne soient pas utilisés, sans son consentement, par l’État ou le secteur privé. Ceci est un autre sujet sur lequel je travaille à titre de porte-parole des enjeux numériques.

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Charmaine Borg signant son assermentation, 2011

Avec les révélations de Snowden et les scandales qui ne cessent d’éclater sur la manière dont les données des particuliers sont traitées, comment a réagi le gouvernement conservateur et que feriez-vous différemment ?

À mon avis, plutôt que de corriger la situation, le gouvernement conservateur a fait le contraire. Alors qu’ils auraient pu mettre en place des mécanismes pour superviser toutes les demandes d’accès aux renseignements personnels effectuées par la GRC et les autres agences de surveillance, les conservateurs ont proposé, dans deux projets de loi distincts (S-4 et C-13), des mesures facilitant le partage de renseignements personnels entre le secteur privé et public, sans mandat et sans consentement.

La Loi sur la protection des renseignements personnels et des documents électroniques doit être mise à jour et c’est ce que j’exige de ce gouvernement. Par exemple, il faut corriger les lacunes présentes dans la Loi qui permettent aux agences gouvernementales canadiennes d’obtenir les renseignements personnels des Canadiens détenus par les fournisseurs d’accès Internet. J’aimerais également qu’un mécanisme de supervision soit mis en place pour s’assurer que les agences de surveillance respectent la vie privée des citoyens canadiens. De plus, je modifierais les projets de loi S-4 et C-13 afin d’éliminer tous les articles facilitant le partage de renseignements personnels sans mandat et sans consentement.

Au-delà du numérique vous êtes fortement impliqué dans les causes sociales et environnementales. Sur ces sujets, le bilan conservateur est lourd… Alors que le Canada s’est retiré du protocole de Kyoto, pensez-vous qu’il soit encore possible d’inverser la tendance ?

Certainement, mais pour ce faire, il faut un changement de gouvernement. Le Canada mérite un gouvernement qui mettra la protection de l’environnement et le développement durable à l’avant-plan de ses politiques… et c’est ce que propose le NPD. Je crois qu’en instaurant un système du pollueur payeur, en faisant des investissements importants dans l’économie verte et en appliquant bien les Lois environnementales canadiennes, notre pays se portera déjà mieux.

Le nombre de jeunes élus a été très important lors de l’élection de 2011. L’engagement des jeunes était un de vos combats avant votre élection, comment perpétuez-vous cet engagement ?

À titre de jeune députée, je souhaite surtout encourager les jeunes à prendre leur place sur la scène politique. Pour ce faire, je vais souvent dans les écoles pour parler aux jeunes et leur présenter mon travail. J’essaie constamment de les inclure dans le processus démocratique en leur présentant différents enjeux qui pourraient les intéresser. J’ai également animé un atelier lors duquel des élèves du secondaire rédigeaient un projet de loi sur les minéraux de conflits. Ce fut une incroyable expérience ! De plus, j’ai organisé un concours de rédaction de projet de loi pour les jeunes du secondaire qui les incitait à aborder un sujet qui leur tenait à cœur.

Beaucoup critiquent la crédibilité des jeunes élus, que leur répondez-vous ? Le fait d’être élue avec cinq autres étudiants (dont quatre de la même université) a-t-il été une force ?

Si les gens examinaient le travail que tous les jeunes élus ont effectué au Parlement et dans leurs circonscriptions respectives, je crois qu’ils réaliseraient rapidement que nous travaillons fort et avec passion. Plusieurs des jeunes députés néodémocrates sont responsables de dossiers importants au sein du cabinet fantôme et jouent des rôles essentiels au sein des comités parlementaires auxquelles ils siègent. À mon avis, le fait d’être plusieurs jeunes politiciens dotés d’une feuille de route impressionnante démontre à la population canadienne que les jeunes ont leur place en politique.

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Pouvez-vous présenter un projet de loi ou une motion que vous avez défendu qui vous a particulièrement tenu à cœur lors de la mandature ?

Selon un ordre préétabli, tous les députés ont l’occasion de proposer un projet de loi qui sera voté par la Chambre des communes. J’ai donc présenté le projet de loi C-475 qui visait à mettre à jour la Loi sur la protection des renseignements personnels et des documents électroniques afin de mieux protéger les Canadiens dans l’ère numérique. L’objectif de mon projet de loi était d’instaurer un mécanisme obligatoire et efficace d’avertissement lors d’atteintes aux renseignements personnels des Canadiens. Parallèlement, mon projet de loi cherchait à inciter les organisations du secteur privé à respecter la Loi – trop souvent ignorée à l’heure actuelle – en accordant au Commissaire à la protection de la vie privée du Canada le pouvoir de rendre des ordonnances.

Malgré l’appui de tous les membres de l’opposition, le projet de loi n’est malheureusement pas passé à l’autre étape du processus législatif, bloqué par les conservateurs. Paradoxalement, le même gouvernement conservateur qui a voté contre mon projet de loi s’est inspiré de plusieurs des propositions présentes dans C-475 pour rédiger son propre projet de loi S-4.

Dans six mois, votre mandat touchera à sa fin. Quel bilan pouvez-vous tirer, quel regard portez-vous sur ces quatre ans et sur le milieu politique et vous représenterez-vous ?

Je suis très heureuse de mon mandat jusqu’à présent. Quand j’ai été élue, je souhaitais être une députée accessible et à l’écoute des citoyens. Plusieurs d’entre eux étant désabusés par la politique, je voulais bâtir un climat de confiance entre les gens de ma circonscription et leur représentante sur la scène fédérale. C’est pourquoi j’ai fait beaucoup de porte-à-porte et j’ai organisé de multiples activités et séances d’information. De par ma façon de gérer les dossiers de citoyens, j’ai le sentiment d’avoir été présente pour eux. Au parlement, je voulais être une voix forte pour les gens de ma circonscription tout en défendant les intérêts des Canadiennes et Canadiens en matière d’enjeux numériques. J’ai donc travaillé sans relâche et aujourd’hui, je crois sincèrement avoir atteint mes objectifs.

J’adore mon travail et j’aime aider les gens. C’est ma passion. Pour moi, la politique est l’ultime façon de participer au bien-être collectif. C’est donc avec la conviction que nous méritons mieux qu’un gouvernement conservateur que j’aurai le plaisir de me représenter comme candidate lors des prochaines élections fédérales.

Entretien réalisé par courriel
en août-septembre 2014

Pour aller plus loin :
Site officiel de Charmaine Borg
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Présentation vidéo de la députée

Entretien avec Pierre-Luc Dusseault, député NPD de Sherbrooke

Petite rupture estivale pour un entretien avec Pierre-Luc Dusseau, en attendant la rentrée. Député de Sherbrooke, il est un des nombreux élus NPD de la « vague orange » de 2011. Mais contrairement à ce qui a pu être dit sur certains de ses collègues, ce n’est pas un élu par hasard, son engagement politique étant ancien. Il se n’attendait peut-être pas à être élu à 19 ans mais a tout de suite choisi d’assumer sa fonction. Retour sur trois ans de mandat.

En 2011 le NPD a raflé de nombreux sièges au Québec, surprenant de nombreux observateurs et parfois même des candidats. Votre cas est différent, dès le début vous y croyiez et avez fait campagne pour gagner, en vous appuyant sur un bagage politique et un territoire que vous connaissiez. Pouvez-vous me présenter votre parcours et l’origine de votre engagement ?

Je me suis engagé au NPD vers la fin de mon passage au CÉGEP. Pendant ma première année universitaire, j’ai été de plus en plus impliqué avec le NPD : que ce soit en étant un des membres fondateurs du NPD de l’Université de Sherbrooke, en participant aux différentes instances de l’aile québécoise du NPD fédéral ou en devenant Président de l’association de circonscription du NPD Sherbrooke. Je me suis joint au NPD en grande partie pour le message positif et optimiste que portait son chef à cette époque : Jack Layton. De fil en aiguille, j’ai appris à mieux connaître le NPD au point de vouloir mettre mon nom sur le bulletin de vote lorsque l’élection générale de mai 2011 est arrivée.

Ce fût une expérience exigeante mais très instructive. Dès le départ, je souhaitais obtenir le meilleur résultat possible pour notre formation politique dans le comté de Sherbrooke. J’ai fait campagne à temps plein en allant dans des endroits publics distribuer des dépliants, en faisant du porte-à-porte et en participant aux débats des candidats. Ces efforts ont porté leurs fruits, mais il ne faudrait surtout pas sous-estimer le poids que la campagne nationale du NPD, avec Jack Layton, a eu sur nos campagnes locales en tant que candidats du NPD au Québec. Ma campagne active et visible au niveau local conjugué à la popularité de notre chef m’a permis de l’emporter dans un territoire considéré imprenable.

Élu à 19 ans et onze mois, vous êtes le plus jeune député de l’histoire de la Chambre des communes. C’est un atout, mais ça peut aussi être très réducteur : avez-vous ressenti un jugement de certains ? (comme un refus de vous prendre au sérieux, ou des tentatives de vous cantonner aux questions de jeunesse…) Je pense cela autant au sein votre caucus qu’après de vos adversaires ou de vos électeurs.

Être le plus jeune député de l’histoire de la Chambre des communes a fait circuler mon histoire à travers le Canada dans les jours suivants mon élection. Des centaines de jeunes mon contacté pour me dire qu’il était inspiré par mon exploit et que ça leur donnait espoir dans le système politique actuel. Par contre, quand je suis arrivé au Parlement, ma crainte était de ne pas me faire prendre au sérieux et d’avoir de la difficulté à faire ma place. Ce n’est pas ce qui est arrivé. Probablement que si je n’avais pas pris mon travail au sérieux et que je ne m’étais pas montré comme une personne responsable, mes collègues ne m’auraient pas considéré. Mais comme j’ai pris mon travail très au sérieux et que j’ai fait mes preuves, je crois avoir gagné le respect de mes confrères et consœurs députés.

L’une des preuves de cette confiance est certainement lorsque mon chef m’a désigné comme Président d’un comité parlementaire. Ce travail me permet de gagner le respect de mes collègues de tous les côtés de la Chambre également. Est-ce que les jeunes députés ont plus de pression pour performer et démontrer leur sérieux ? Probablement. Il suffit de prendre ses responsabilités et prouver qu’on est tout autant qualifié pour faire ce travail.


Pierre-Luc Dusseault en 2011 lors de son assermentation

Le NPD est un parti progressiste, lors des dernières élections il est pour la première fois devenue opposition officielle mais le gouvernement de Stephen Harper à la majorité absolue. Afin de bien faire comprendra votre positionnement, pourriez vous donner un exemple de loi votée par les conservateurs à laquelle vous vous êtes vivement opposé ?

Le soir du 2 mai 2011, j’ai appris une très bonne et une très mauvaise nouvelle à la fois : j’ai été élu député de Sherbrooke et les conservateurs ont gagné une majorité de sièges. J’ai été amèrement déçu de ce dernier résultat. Par contre, ma réaction à quand même été positive. J’ai décidé de me retrousser les manches et de travailler encore plus fort pour faire avancer mes idées contre un gouvernement diamétralement opposé à mon Parti. Cette réalité parlementaire nous a vite rattrapé lorsque nous avons été à la Chambre des communes devant le gouvernement conservateur.

L’un des premiers combats que nous avons mené a eu lieu dès le premier mois de séance : la défense de Postes Canada. C’est une des joutes parlementaires qui m’a le plus marqué depuis mon élection. Nous avons tenu tête aux conservateurs pendant plus de 3 jours consécutifs de débats pour empêcher une Loi de retour au travail suite au Lock-out décrété par la direction de Postes Canada.

De manière plus personnelle, pouvez-vous présenter un projet de loi que vous êtes le plus fier d’avoir défendu et/ou voté ?

Oui, l’un des projets de Loi que j’ai été le plus fier de défendre a été le Projet de Loi sur le bilinguisme des agents du Parlement, présentée par ma collègue Alexandrine Latendresse. C’est un projet de Loi qui a d’ailleurs reçu la sanction royale depuis et j’en suis très fier.

Vous êtes très présent en ligne, que ce soit sur votre site, facebook, twitter, etc. Est-ce vous qui vous exprimez directement ? Si oui, pensez-vous que cela permette réellement de rapprocher élus et citoyens ?

Oui, je publie la très grande majorité des messages qui sont envoyés sur mes comptes de réseaux sociaux. Considérant les expériences que j’ai eues sur les réseaux sociaux, je peux confirmer que ce canal de communication additionnel est très utile et utilisé par mes concitoyens. C’est un nouveau moyen de communiquer directement, sans intermédiaire, avec les citoyens qui m’ont élu comme leur représentant au Parlement fédéral.

 Entretien réalisé par
courriel en juin 2014

Pour en savoir plus :
Site officiel
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Entretien avec André Bellavance, député de Richmond-Arthabaska, candidat à la chefferie du Bloc Québécois

Le premier déclaré des candidats à la chefferie du Bloc Québecois en est aussi l’un des rares élus. Journaliste de carrière, qu’il émaille de quelques postes de collaborateur parlementaire, il a principalement officié à la radio, notamment autours de Victoriaville. En 2004, il réussit à prendre des mains des conservateurs la circonscription de Richmond-Arthabaska. Député apprécié, il est réélu en 2006, en 2008 et est un des quatre survivant des élections de 2011.

Porte-parole du parti en matière d’agriculture et d’agroalimentaire et leader parlementaire depuis décembre 2011, il a rapidement annoncé ses ambitions lors de la démission de Daniel Paillé. Longtemps seul en lice, il mène campagne depuis des mois, a le soutien des trois autres parlementaires et fait figure de favoris. Premier à nous avoir répondu, nous publions donc son entretien avant celui de Mario Beaulieu, qui paraitra la semaine prochaine.

En 2011, le Bloc a subi sa plus sévère défaite. Comment avez-vous analysé cette défaite et avec quels objectifs souhaitez-vous aborder les élections de 2015 ?

Après l’élection de 2011, nous avons entamé une analyse sérieuse des résultats de la campagne électorale. Nous avons fait ce travail avec rigueur et sans complaisance. Cela nous a conduit à lancer un grand chantier de réflexion auprès de toutes les militantes et de tous les militants afin de redéfinir en profondeur ce qu’est le Bloc Québécois et ce à quoi nous aspirons. Cet exercice audacieux culminera les 23 et 24 mai prochain à Rimouski.

Quant à l’aspect plus technique, avant d’être contraint de quitter pour des raisons de santé, Daniel Paillé a fait un travail important pour moderniser l’organisation et nous donner les moyens d’atteindre notre objectif : montrer aux Québécoises et aux Québécois que seul le Bloc Québécois porte l’ensemble de leurs valeurs, l’ensemble de leurs aspirations et l’ensemble des consensus québécois.

Beaucoup d’électeurs ont de la sympathie pour le Bloc mais se questionnent sur l’utilité d’un parti fédéral qui ne peut pas avoir de majorité. Comment justifiez-vous le sens du Bloc ?

Le Bloc Québécois est le seul parti sur la scène fédérale qui a défendu, et qui défend encore, chacun des consensus de l’Assemblée nationale.

Au sein des partis fédéralistes, même quand l’Assemblée nationale parle d’une seule voix, il s’en trouve toujours pour dire qu’ils connaissent mieux ce qui est bon pour le Québec que le seul Parlement contrôlé par la nation québécoise !

Cependant, ce ne sont pas seulement les partis fédéralistes qui sont à la source du problème. C’est le système fédéral lui-même. Le fossé entre les intérêts du Québec et les intérêts du Canada s’élargit jusqu’à les rendre souvent inconciliables. Pourtant, aucun parti fédéraliste n’est prêt à permettre au Québec de faire ses propres choix, de prendre ses propres décisions.

Vous n’avez jusqu’ici jamais été candidat-e à la chefferie d’un parti, qu’est-ce qui vous a motivé à y aller cette fois-ci ? Et quels sont les axes majeurs de votre candidature ?

Mon ambition a d’abord été d’être un bon député.

Je me considère comme un joueur d’équipe. J’ai appuyé Gilles Duceppe, j’ai appuyé Daniel Paillé, et j’ai toujours cru sincèrement qu’ils étaient en mesure de faire avancer le Québec.

Mais comme dans toute équipe, il faut prendre ses responsabilités, ne pas reculer quand c’est à notre tour de prendre le leadership, quand ce sont nos forces et nos qualités qui sont requises. J’estime avoir la rigueur, l’écoute, l’humilité et la ténacité pour conduire le Bloc Québécois aux prochaines élections.

Dès le 22 avril, j’ai dévoilé les trois axes majeurs qui fondent ma candidature et qui découlent des nombreuses rencontres et discussions tenues avec les militantes et militants depuis les dernières élections fédérales. J’entends démontrer que ce ne sont pas seulement les partis fédéralistes qui sont à la source du problème, mais le système fédéral lui-même ; faire du Bloc Québécois une coalition au sein de laquelle les souverainistes et tous ceux et celles qui croient que le Québec mérite d’être respecté pourront contribuer et favoriser l’implication des élus du Bloc Québécois dans les débats qui touchent directement la population.

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Vous êtes élu depuis 2004, avez-été vice-président du caucus et êtes leader parlementaire, dans ce laps de temps quelle sont les projets de lois qui vous ont particulièrement tenus à cœur ? Pourriez-vous présenter des victoires législatives à nos lecteurs ?

Outre les batailles et les victoires du Bloc Québécois sur la reconnaissance de la nation, le déséquilibre fiscal, les commandites, la loi antigang et les mesures contre les fraudeurs, je suis particulièrement fier d’avoir fait adopter à l’unanimité une motion pour la protection de la gestion de l’offre qui empêche encore aujourd’hui le gouvernement de sacrifier les agriculteurs lors des négociations de libre-échange.

Je suis aussi très heureux d’avoir déposé un projet de loi visant à abolir la Loi sur la clarté qui octroi au gouvernement fédéral le dernier mot sur un référendum tenu au Québec. Même si le projet a été battu, cela a été l’occasion pour le Bloc Québécois d’accueillir un nouveau député, Claude Patry, et ça nous a permis de démontrer que tous les partis fédéralistes refusent à la nation québécoise le droit de choisir librement son avenir.

Vous avez-vécu la sévère défaite de 2011, l’exclusion de Mme Mourani, la démission de M. Paillé, la chute de Mme Marois et du PQ… Si vous êtes-élus à la chefferie du Bloc, quelles seront vos premières actions ?

Ce n’est pas parce que le chemin apparaît difficile qu’il est infranchissable, au contraire. Je suis prêt, dès le jour 1, à mettre les efforts qu’il faut pour redonner aux Québécoises et aux Québécois une alternative aux partis fédéralistes.

D’abord, je fais en sorte que le Bloc Québécois se rapproche encore davantage des Québécois, qu’il défende leurs intérêts dans tous les dossiers. Je m’assure que le Bloc Québécois se rebranche sur les préoccupations des citoyens.

Ensuite, je compte faire élire des députés pour qu’on se redonne la force du nombre, les moyens de nos ambitions et pour faire la différence pour les gens, en travaillant pour le Québec, au quotidien.

Parallèlement à notre travail de députés de tous les Québécois, je veux lancer l’idée d’une vaste réflexion sur l’avenir du Québec. Si je deviens chef du Bloc Québécois, je vais initier de nouveaux chantiers de réflexion sur l’avenir du Québec et la souveraineté en 2015.

 

Pour aller plus loin :
Site de campagne d’André Bellavance
Site officiel (hors-campagne) d’André Bellavance
Page facebook d’André Bellavance

Crédits photos : http://www.andrebellavance2014.com

Entretien avec Sadia Groguhé, députée NPD de Saint-Lambert

Sadia Groguhé est née en France en 1962 de parents algériens. Militante associative, elle s’engage lors des municipales d’Istres au côté du Parti Socialiste et devient conseillère municipale chargée de l’intégration en 1995. Elle démissionne en 2000, suite à la naissance de ses enfants, et émigre au Canada en 2005. Après sa naturalisation, elle s’engage logiquement au NPD et est élue députée de Saint-Lambert lors des élections fédérales de 2011. Leader parlementaire adjointe, elle est porte-parole adjointe du NPD en matière d’immigration, de citoyenneté et de multiculturalisme. Depuis le remaniement du cabinet fantôme de l’Opposition officielle en août 2013, elle est désormais whip adjointe du NPD et porte-parole adjointe en matière d’emploi et de développement social.

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Photo officielle de Sadia Groguhé

Fille d’immigrés algériens, française de naissance, émigrée au Canada, vous avez indiqué avoir quitté la France afin que vos enfants ne soient pas l’objet de discriminations liées à leurs origines. Un regard sur les scandaleuses attaques racistes qui ont lieu en France en ce moment semble malheureusement vous donner raison… Vous qui êtes spécialiste de l’intégration comment présenteriez-vous le modèle canadien ?

En ce qui concerne le Canada, on parle de multiculturalisme.  On met de l’avant l’aspect communautaire et chaque communauté peut donner libre cours à sa culture et à ses spécificités dans cet espace inclusif qu’est ce pays.  Les différences sont mises de l’avant et respectées.  Chacun peut  exprimer librement son appartenance communautaire tout en étant canadien, en respectant évidemment le cadre légal de la société d’accueil.

L’intégration est un processus à double sens.  De ce fait, il se produit par l’engagement de l’un vers la société et grâce à l’acceptation des nouveaux arrivants par la société d’accueil dans un tout unificateur ou tous devraient trouver leur place. S’il n’y a pas intégration, il y a exclusion.

La question des discriminations reste entière en France, on n’est pas au bout de cette problématique. Ce ne sont pas seulement des actions qui viendront à bout de cela, mais ça passe par un changement des mentalités. Les préjugés sont malheureusement tenaces et c’est effrayant de voir une femme noire arrivée aux plus hautes sphères de l’État se faire traiter de la sorte. On assiste, à mon avis, à une banalisation civique de ce phénomène qui n’est plus ostracisé ou marginalisé, mais qui, étant en germe depuis des années en France, voit aboutir son expression la plus radicale. Le mal silencieux se fait bruyant et à visage découvert ! C’est extrêmement grave et c’est en soi l’aboutissement de cette xénophobie qui a marqué notre siècle et les siècles d’avant.

Vous êtes franco-canadienne et avez été compagnon de route du Parti Socialiste. François Hollande, deuxième président socialiste de la Ve République était très attendu lors de son élection en 2012, et la déception est palpable dans l’électorat dit de gauche… Avant de parler du Québec pouvez-vous me donner vos impressions sur ces premières années de présidence progressiste après des années de droite dure ? De manière générale continuez-vous à regarder ce qu’il se passe dans la politique française ?

Le Parti socialiste, avec à sa tête François Hollande, est parti de très loin. La France est durement touchée par les problèmes sociaux et économiques et je crois que quel que soit le chef d’État, de droite ou de gauche, il aurait eu beaucoup de difficulté à remonter la barre. Pourtant, la gauche au pouvoir, ne l’oublions pas, peut-être et doit être porteuse d’espoir dans le sens où elle continue de ne laisser personne sur le bas-côté de la route. Le projet de société de la gauche reste un projet réunificateur et doit rassembler plus largement toute la mouvance progressiste. L’économie et le social sont indissociables et doivent être conjointement menés de front.

Je continue de suivre ce qui se passe en France, mais, je l’avoue, de moins en moins, faute de temps.

Vous revendiquez un engagement associatif complémentaire de l’engagement politique, je suppose qu’arrivée au Québec vous vous êtes d’abord penché sur l’engagement communautaire. Pouvez-vous nous raconter votre parcours militant au Canada, ce qui vous a mené à vous engager pour votre nouveau pays jusqu’à en devenir une élue ?

J’ai été très proactive lorsque je suis arrivée au Québec. Je me suis rapproché rapidement du domaine communautaire et j’ai effectué du réseautage là-dedans.  De plus, j’ai pu faire du bénévolat et j’ai participé à des rencontres dans les universités. J’ai pu faire partie de panels sur les questions de l’intégration. C’est essentiel de pouvoir connaître et décoder son environnement pour faire sa place. J’ai donc pris part à des réflexions sur des enjeux qui concordaient avec mon expérience et mes champs d’intérêts.

Mon saut en politique, je l’ai fait car, pour moi, la politique est là pour changer les choses ; tout naturellement, mon choix s’est porté vers le Nouveau Parti démocratique (NPD) à cause des valeurs de ce parti progressiste. J’ai été approchée par le parti et j’ai pris la décision lorsque les élections fédérales ont été déclenchées de me présenter comme candidate. La politique avait continué de faire partie de mes champs d’intérêts et lorsque l’opportunité de remettre le pied à l’étrier s’est présentée, je l’ai saisie.

grog2Entre autres sujets, Mme Groguhé est très engagé sur la Guerre Syrienne. Ici lors d’un rassemblement en soutien aux familles prises dans la guerre.

Vous êtes très engagée sur les questions d’immigration et d’intégration, pour des raisons personnelles que l’on comprend bien, mais ne craignez-vous-pas que l’on vous enferme dans ce sujet par facilité ? Pourquoi est-ce si essentiel à vos yeux au-delà de votre cas propre et quelles sont vos autres priorités pour le Québec ?

Je me considère et continue de le faire comme un être libre ayant des devoirs et des obligations, certes, mais avant tout avec un libre arbitre et une liberté de penser. Je m’investis en général dans ce que j’aime et lorsque notre défunt chef Jack Layton m’a proposé l’immigration, ce fut pour moi une joie immense. Ce dossier ne m’interpelle pas parce que je suis moi-même immigrante, mais essentiellement parce que je me considère comme citoyenne du monde. Il est important de travailler à bâtir une société dans laquelle quelle que soit votre couleur ou vos origines, vous avez votre place.

Ce qui m’importe, c’est de pouvoir travailler pour accroître la justice et pour faire du lieu où l’on décide de s’établir un endroit meilleur pour tous.  À ce sujet, je suis désormais porte-parole adjointe du NPD en matière d’emploi et de développement social.

Conséquemment, mes autres priorités pour le Québec et le Canada sont de lutter contre la pauvreté, de réduire le taux de chômage chez les jeunes, de consolider les services offerts aux familles, de pérenniser les pensions de retraite et de s’assurer que nos aînés puissent vivre dans la dignité.

Pourriez-vous citer une ou deux lois que vous êtes fières d’avoir portés, et votre plus gros regret quant à un projet rejeté faute de majorité ?

Lorsque j’étais porte-parole adjointe de l’Opposition officielle en matière d’immigration, je me suis portée à la défense de ce que nous avons appelé les « Oubliés de Buffalo ».  Il s’agissait surtout de demandeurs de résidence permanente ou temporaire dont les dossiers avaient été égarés par les autorités du bureau de Citoyenneté et Immigration Canada de Buffalo.

Après avoir pris connaissance de cette situation, j’ai directement interpellé le ministre de l’Immigration de l’époque, Monsieur Jason Kenney, afin d’exiger que ces dossiers soient régularisés et traités le plus rapidement possible.  En collaboration avec mes collègues du NPD, nous avons attiré l’attention des médias sur cet enjeu de taille et le ministre s’est finalement engagé à régler chacun des cas dans des délais raisonnables.

Face à un gouvernement majoritaire, qui exerce unilatéralement le pouvoir législatif dans notre système parlementaire d’inspiration anglo-saxonne, une élue de l’opposition peut donc tout de même réussir à infléchir les décisions des dirigeants en mobilisant la société civile.  J’en suis très fière.

grog3Lors d’une table ronde sur l’intégration des femmes au travail

Le NPD est un parti fédéral mais pas défini comme fédéraliste. Quelle est votre conviction personnelle à ce sujet et que pensez-vous des récentes attaques du gouvernement conservateur sur la question de l’autodétermination ?

J’adhère pleinement à la position officielle de notre parti à propos de la question de l’indépendance du Québec.  Nous sommes, bien évidemment, un parti qui fait la promotion de l’unité canadienne. En revanche, nous reconnaissons le caractère distinct du Québec.

Pour cause, le NPD a appuyé la motion du gouvernement fédéral, déposée en 2006, qui affirmait que le « Québec formait une nation au sein d’un Canada uni ».  Je considère que le Québec, dont une majorité de résidents s’expriment quotidiennement en français, contribue considérablement, par sa spécificité culturelle, au dynamisme du Canada.

En 2006, le NPD a aussi adopté, dans son propre programme politique, la Déclaration de Sherbrooke. Dans cette déclaration, « le NPD reconnait le droit du Québec à l’autodétermination, soit de décider de son avenir politique et constitutionnel. Ainsi, la souveraineté est une manifestation de ce droit, mais il peut aussi s’exprimer au sein de la fédération canadienne. » De plus, puisque le Québec a le droit de décider de son avenir, « il s’ensuit que le NPD reconnait que l’Assemblée nationale du Québec a la capacité de rédiger une question référendaire claire. Le NPD s’est donc engagé à respecter un éventuel processus référendaire et à reconnaitre l’expression d’une majorité de Québécois, soit 50% + 1, en faveur d’une modification au statut du Québec au sein de la fédération. »

Je crois que les Québécois peuvent pleinement s’épanouir au sein du Canada et l’approche de notre parti respecte – et respectera – le parcours de la nation québécoise.

Deux ans après votre élection lors de la vague orange, vous êtes à mi-mandat. Quel regard portez-vous sur vos débuts d’élue au Canada et qu’espérez-vous construire à l’avenir ?

J’ai le privilège de siéger à la Chambre des communes depuis 2011 grâce à l’appui de la population de la circonscription de Saint-Lambert.  Depuis mon élection, j’ai pu développer des partenariats avec les organismes communautaires de mon comté et accompagner les résidents dans leurs démarches auprès du gouvernement fédéral.  J’ai su renforcer les liens qui unissent les représentants politiques de la Montérégie, tant au niveau municipal, provincial que fédéral, et j’ai organisé plusieurs événements afin de souligner l’importance de l’implication citoyenne au sein de la société.  Ces étapes cruciales m’ont permis d’être à l’écoute des commettants de ma circonscription et de cibler les enjeux qui nous paraissent prioritaires.  Bien entendu, j’ai développé une expertise en matière d’immigration, d’emploi et de développement social, mais j’ai aussi consolidé mes connaissances en échangeant avec la population.

Je crois sincèrement que le Canada mérite mieux.  J’estime que le gouvernement fédéral se doit d’être solidaire envers les plus démunis et que la justice sociale, au-delà de toute forme de partisannerie, doit être au cœur de notre engagement politique.  L’atteinte du bien commun n’est pas un concept purement théorique.  Il vise à orienter nos actions, non pas pour améliorer les conditions de ceux qui bénéficient des meilleurs conditions de vie, mais pour aspirer à accroître le bonheur du plus grand nombre.  Je suis convaincue que notre équipe et moi-même seront en mesure de remplacer le gouvernement conservateur lors des prochaines élections fédérales.  Nous avons proposé des solutions qui répondent aux réalités de nos concitoyens.  Nous voulons travailler ensemble pour rétablir la respectabilité du Canada sur la scène internationale et pour nous occuper des gens qui nous entourent.

Entretien réalisé par courriel
en novembre/décembre 2013

Pour aller plus loin :
Site de Sadia Groguhé ;
Page facebook officielle ;
Site du NPD.

Photos extraites du site officielle de Sadia Groguhé.