Comme régulièrement, index des articles, recension, entretiens réalisés dans un cadre universitaire, ou au moins proche. J’ai encore quelques articles en attente, puis il y aura un creux, lié à la parentalité et à la fin de thèse (deux sous parties encore !).
Comme à chaque fois, cliquer sur les images amène sur l’article et j’ai tenté d’organiser par type d’articles (articles, entretien, recensions). Et enfin, tout n’est certes pas absolument universitaire, mais ça me semble réunir les travaux ayant cette ambition/exigence.
D’abord j’ai un peu honte, j’avais zappé dans mes précédents index (et c’est quelque chose pour un livre parle d’invisibilisation) la parution au printemps 2024 de l’importante somme Construire un Matrimoine de la BD – Créations, mobilisations et transmissions des femmes dans le neuvième art, en Europe et en Amérique, dirigée par Marys Renné Hertiman et Camille de Singly et publié aux Presses du réel/ArTec. J’y ai écrit un article appelé « D’Yvette Lapointe à Zviane, les femmes dans la création de bande dessinée au Québec ». La bonne nouvelle est que récemment le livre a été mis en accès libre sur openedition ! Vous pouvez donc le retrouver en cliquant sur l’image, mon article comme tout le reste :
Vient ensuite un article qui a mis du temps à sortir, ça faisait longtemps que je voulais étudier un peu plus Yvan Pommaux (j’avais déjà parlé un peu Angelot du Lac dans mon article sur Bayard), notamment la série des John Chatterton, que j’ai lu enfant pour le premier tome, et dont je n’ai découvert les deux autres volumes que bien plus tard. La rencontre avec une collègue spécialiste du conte lors de mes études à l’INET a permis à cet article de naître. C’est avec beaucoup de plaisir que je cosigne donc avec Eva Barcelo-Hermant « John Chatterton : un chat noir dans le labyrinthe des contes et des éditions » pour Publije, revue de l’Université du Mans spécialisée en littérature jeunesse, université où nous avons justement tous les deux fait notre master sur ces sujets.
Dernier article universitaire strictement, un extrait de ma thèse à vrai dire, « Julie Doucet, traverser les frontières » est paru dans l’International Journal of Canadian Studies/Revue internationale d’études canadiennes vol. 63 en cette fin d’année. J’y explore l’énorme influence de l’autrice dans le champ francophone/anglophone, à travers les éditions, rééditions, réceptions, de son travail, et quelques planches iconiques dont le sens semble étonnament transporté au fil des éditions. Au-delà de ça, ça me fait toujours plaisir d’être publié dans des revues canadiennes, celle-ci est publiée par les Presses universitaires de l’Université de Toronto.
Sinon, j’avais publié chez l’Égouttoir il y a plusieurs années une version corrigée et illustrée d’un travail définitionnel du fanzine. Voici la présentation qu’en faisait l’éditeur : « Passionné par les fanzines, auxquels il a consacré de nombreux textes depuis ses années de lycée, Maël Rannou a finit par se lasser qu’on lui demande : « « « Mais un fanzine, c’est quoi ? » » ». Afin de ne pas répéter toujours la même chose, il propose avec Définir le fanzine un bornage historique et plusieurs définitions évolutives de ce concept qui n’a cessé d’évoluer et de couvrir des réalités mouvantes. Afin de montrer cette diversité et d’ouvrir le débat, Lénon, Alex Baladi, El Chico Solo, Léa Murawiec, Jean-Paul Jennequin, Caro Caron et Jean Bourguignon, tous et toutes actifs dans le fanzinat de bande dessinée, ont apporté en BD ou dessin leur propose vision du fanzine. » Ce fut un best-seller, à l’échelle du fanzinat, avec un deuxième tirage (ça fait 300 en tout, calmons-nous) et comme il est épuisé et que je ne fais plus trop de salons, j’ai voulu le rendre dispo. On le trouve donc sur HAL, archives ouvertes de la recherche en France, en fichiers imprimables !
Si là aussi ce n’est pas directement universitaire, j’ai écrit l’introduction du hors-série de la belle revue 303 « L’Appel du fleuve, la Loire en bande dessinée ». Cette revue consacrée à l’art visuel en Pays de la Loire, dont l’existence risque d’être frontalement menacée par la casse culturelle de la présidente de région, propose ici de nombreuses visions de la Loire en bande dessinée, de l’évocation intime au reportage en passant par l’histoire sociale, le futurisme ou l’onirique. Mon texte tente une typologie d’approches du paysage en bande dessinée, mêlant les récits du numéro et d’autres publications, convoquant Élisée Reclus ou Catherine le Forestier. Un texte écrit pile avant d’aller à la maternité, c’est Histoire(s) d’un paysage.
Du côté des entretiens, deux ont été publiés, tous deux réalisés avec ma camarade Irène Le Roy Ladurie. Le premier poursuit mes travaux réguliers sur Pif gadget, en donnant la parole à Claude Bardavid, dernier rédacteur en chef du magazine « canal historique », à l’occasion d’un dossier de Comicalités consacré aux magazines de bande dessinée en France. Titré d’une joyeuse citation, on peut lire « « On n’avait pas l’impression de travailler à la mine » » en cliquant sur l’image :
L’autre a été réalisé il y a plusieurs années et a mis son temps pour arriver en ligne, un dialogue avec Tony Neveux, typographe qui a tenté de créer une spécificité sur la typographie d’auteurices de bande dessinée. Pensé pour un dossier sur la lettre dans la bande dessinée de la revue neuvième art, l’entretien a fini par sortir isolément. « Pour moi, une lettre est une image » est à lire ici :
Si le site n’est pas strictement universitaire, son exigence et son sérieux me semblent tout aussi proches. J’ai donc le plaisir de ponctuellement écrire des recensions pour Nonfiction. La première en mars derniers « L’écocritique, un concept pour lier environnement et littérature », à propos de L’Écocritique. Repenser l’environnement au prisme de la littérature (Sophie Chiari, 2024), l’autre tout récemment « Les éditeurs sous toutes les coutures », à propos d’Être éditeur. Histoire, discours, imaginaires, d’Anthony Glinoer (L’Échappée, 2024). Deux livres verts dans les deux cas, aux sujets bien distincts, les deux sont toutefois de belles réussites :
Et enfin, c’est sur neuvième art, mais vraiment très bref, j’avais écrit un panneau de l’exposition MédiaBD consacrée à l’histoire de la bédéphilie. Ce n’est qu’à peine 2000 signes, et je concluais avec « Le fanzinat bédéphile aujourd’hui ». Pour la peine je mets le lien direct juste avant mais ici un lien vers toute l’exposition, car c’est intéressant et ça va vite à lire :
Ce site n’a vocation à publier tout mes devoirs, mais ceux qui me connaissent savent que j’ai une curieuse lubie d’accumulation de diplômes universitaires*. Je vous jure que s’il y a sans doute un complexe derrière ça, la première raison est une passion d’apprendre. L’an dernier, en parallèle de l’Institut national d’études territoriales, j’ai donc suivi la licence en sciences sociales mention ethnologie de l’Université de Strasbourg. J’y ai eu des cours passionants sur des sujets divers : des cours de fondamentaux de l’anthropologie, de la sociologie de la famille, de l’anthropologie urbaine, de la nature, des cultures matérielles (j’en ai déjà un peu parlé) et, donc, de l’anthropologie de la mémoire. C’était passionnant sans être mon cours favoris mais le devoir m’a intéressé, j’explorais quelque chose de très intime et j’ai eu une très bonne note. Mais au-delà de ça ça m’a vraiment touché de creuser ce sujet des bretons, liés à l’histoire familiale, à la poésie, etc. Voici donc ce texte, calibré pour être un devoir mais qui, j’espère, se lira bien.
Le monument aux Bretons de Conlie, une reconnaissance mémorielle paradoxale
Pour cette étude j’ai choisi un lieu de mémoire situé à Conlie, en Sarthe, à proximité de la frontière mayennaise. C’est un lieu de mémoire dont l’existence me semblait évidente, puis dont j’ai appris par plusieurs camarades de lycée résidant à proximité qu’ils n’en avaient jamais entendu parler. J’ai finalement appris qu’il existait bien, grâce à un retraité bénévole dans un musée associatif de la ville consacré à la Seconde Guerre mondiale. Il le connaissait par son intérêt pour l’histoire locale, bien que non lié période : il s’agit d’un monument assez sobre consacré aux Bretons morts en 1870-1871 dans le camp de la Jaunelière. Afin d’étudier ce monument je ferai d’abord un rapide récit de la manière dont je l’ai découvert, expliquant le pourquoi de ma surprise, puis décrirait le contexte de l’événement mis en lumière par le monument, puis le décrirait en rappelant l’histoire de sa construction, avant de parler de la vie mémorielle qui se déploie autour de son sujet. Constamment, cette histoire bute sur des paradoxes mémoriels, qui m’ont paru l’intérêt central de ce travail.
Il me paraît important de revenir brièvement sur ce qui m’a entraîné vers ce monument, cela faisant à mon sens pleinement partie de l’ethnographie mémorielle. Fils d’une famille implantée historiquement en Bretagne, j’ai été élevé avec une certaine proximité envers la Bretagne, tout en vivant en Mayenne. Dans mon adolescence, alors que j’allais vers Conlie, mon grand-père (né en 1929) m’a alors évoqué l’endroit où « les bretons ont été trahis », j’ai entendu plusieurs fois cela évoquer ensuite par mon père. Je fus surpris de voir que nous parlions alors d’un événement de la guerre de 1870, à laquelle aucune personne réellement proche de mon grand-père n’avait pu participer. Il utilisait pourtant directement ces termes, alors même qu’il était au cours de sa vie devenu fonctionnaire puis élu local, porteur du drapeau français en plus de sa bretonnité. Découvrant dans les mêmes années la poésie de Tristan Corbières, j’ai lu avec attention le poème « La Pastorale de Conlie », long et déchirant récit de Bretons traversant leur pays pour aller à la guerre sous ordre de la France, mais parqué dans un camp en cours de route et mourants à petit feu. Réalisé quelques années après les faits, j’y ressentais la même colère que celle de mon grand-père, celle que Benjamin Stora évoque en parlant d’« archive incandescente » (Brun, Ledoux et Mesnard, 2021) et il me semblait donc évident que pour les centaines de Bretons morts ici, un monument devait être construit et l’histoire bien connue. J’ai donc été surpris de voir qu’assez peu, et que le monument était certes haut, mais d’une réalisation assez simple, la sculpture étant par ailleurs posée au bord d’une route départementale. Cela a par ailleurs révélé un conflit de mémoires sur le nombre de morts, sur la réalité de la volonté d’éliminer les Bretons, ce que pouvait laisser penser ma famille ou Corbières qui insistent sur le mépris et la déloyauté, sur la présence de fosses communes, imaginées par des illustrations réalisées par Jean Moulin en 1930 mais a priori non attestées historiquement. Factuellement il y a bien eu en 1870 mobilisation d’une « Armée de Bretagne » pour lutter contre la Prusse, seulement pour des raisons en partie logistiques elle dut s’arrêter à Conlie. Entre les conditions climatiques, les maladies, le sentiment de déracinement et d’abandon d’une population ne parlant pas français, ce qui créera des problèmes de compréhension avec le commandement, le manque d’armes et de consignes, l’armée se retrouve parquée plus d’un an et plus d’une centaine de ses membres meurent. Corbières ou Le Mercier, dans des textes publiés en 1873 et 1930, décriront un carnage voire une volonté manifeste de tuer les Bretons, ce qui est contesté par les historiens parlant plutôt d’un ensemble de mauvaise décision ou d’incompétence (Lagadec, 2021). Sur ce conflit potentiel, a priori, le monument ne dit d’ailleurs pas grand-chose.
C’est en effet en haut de la la butte de la Jaunelière, directement au bord au bord de la D 304, que se trouve le monument. Le lieu est celui du camp où les Bretons sont morts, mais il est peu visible, dans une petite route, moyennement indiquée (il existe quelques panneaux, dont un étrangement posé, à quelques mètres, semblant dire qu’on peut ne pas le voir), et avec un espace d’accueil assez faible. Faute d’avoir pris une photo de ce sens, la photo proposée par Google est assez marquante :
Il s’agit donc d’un endroit de passage, même faible, absolument pas aménagé, et peu propice aux cérémonies. S’il est lié à un endroit précis, la modestie de l’ensemble frappe, nous sommes dans la quasi-opposition avec un lieu habité, négocié avec son environnement, puis mémorialisé tel que décrit par exemple dans le cas de Drancy (Lefeuvre, 2021). Ici, l’invisibilisation est quasi automatique, il n’y a rien à masquer ou détruire, mais il se pose les mêmes questions de révélation puisque rien ne laisse plus penser qu’il y a eu un camp. Entre une route et des bosquets, il faut aller le chercher pour le trouver et sa forme est en elle-même relativement sobre. Il est facile d’imaginer la difficulté des médiations historiques possibles, qui ne peuvent se fonder que sur de longues descriptions, rien n’étant plus visible. Il s’agit donc en érigeant un monument de lutter contre l’oubli tout en honorant, puisqu’aucune trace n’est manifeste. Plus précisément, il ne s’agit pas tant de garder mémoire de l’évènement mais bien du lieu, car il existe dans le cimetière de Conlie une « Croix des Bretons », nettement plus imposante, entretenue par le Souvenir français et érigée dès 1873. Cette croix rendant hommage aux Bretons morts pour la France est érigée suite à une souscription, le christ est taillé en Bretagne et la pierre en marbre de Bretagne (Dehayes de Marcere, 1878), la plaque indique que le monument est « ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE DES MOBILISÉS BRETONS DÉCÉDÉS AU CAMP DE CONLIE ».
Quand cette antériorité m’est apparue, j’ai imaginé que le « Monument aux Bretons » érigé en 1913 prenait la suite de ces mobilisations, pour faire revivre le lieu de la mémoire humiliée et mobiliser sur une fibre bretonne qui existe toujours. C’est le premier paradoxe qui m’a frappé : le monument de 1913 est né après des enquêtes parlementaires et n’a a priori que peu intéressé les Bretons. Pour l’historien Yann Lagadec on assiste même à
une progressive « sarthisation » de la mémoire : c’est en Sarthe que les publications de récits, mémoires ou analyses se font, autour de la bataille du Mans entre autres, bien plus qu’en Bretagne. De manière très révélatrice, les cérémonies organisées à Conlie en mai 1913 à l’occasion de l’édification d’un monument commémoratif passent presque totalement inaperçues en Bretagne. (Lagadec, 2021)
En parallèle de cette commémoration, une médaille aux combattants du canton est remise. La face avant du monument, qui porte une assez classique gerbe de blé gravée et les dates d’existence du camp (somme toute brève : « Octobre 1870 -Janvier 1971 ») puis témoigne du souvenir de « L’Armée de Bretagne » et de la remise de médaille. Nous sommes donc dans un pur monument républicain, et assez peu breton, c’est pourtant lui qui me semble, par la force du lieu, investir plus fortement la mémoire. Postérieurement, le monument lui-même va subir des modifications qui témoignent d’un réinvestissement des mouvements autonomistes et indépendantistes Bretons vont réinvestir l’histoire des oubliés de Conlie puis, très récemment, d’une nouvelle approche de médiation croisée.
Lieu mémoriel « officiel » même si peu praticable, le « Monument aux Bretons » va petit à petit devenir le lieu de ce que Foucault appelle une « contre-mémoire ». Il y a là un autre paradoxe puisque, nous l’avons vu, le monument n’est pas né d’un engagement particulier des Bretons : il sera redécouvert au fil du xxe siècle, alors que le récit du camp de Conlie, appelé Kerfank (« le village de boue »), est mis en avant dans les récits nationalistes. Lagadec souligne d’ailleurs que bien d’autres épisodes, plus glorieux pour les Bretons, auraient pu être valorisé, mais que c’est bien ce récit de l’abandon par la France qui a été priorisé et a largement circulé, avec parfois des chiffres fantaisistes – plusieurs centaines de morts directs et indirects sont cependant attestés. Le monument porte la trace physique de cette évolution à partir de 1971, date du centenaire de l’installation du camp. C’est sous une forme atypique puisqu’une plaque noire est ajoutée, vissée dans la pierre, sur la face droite du monument. Contrairement à la face avant, rien n’indique l’origine de la plaque, je n’ai pas non plus pu retrouver à ce jour de document expliquant qui l’a financée et installée, mais cette plaque est en breton, ce qui indique tout de même quelque chose, et porte un texte étonnamment violent face au texte plus consensuel de la face avant. On y lit en effet ceci : « 1871 D’ar Vretoned trubardet Kerfank-Conlie, dalc’homp soñj 1971 » soit « 1871 Aux Bretons trahis au village de boue de Conlie. Souvenons-nous 1971 ». Il s’agit bien d’honorer ici les morts bretons, mais en désignant un coupable, ce qui est très différent d’un souvenir patriotique français. Cela arrive après des décennies d’écritures et de redécouvertes de l’événement, avec des livres à succès (Le Mercier, 1930), des textes militants dont, quelques années plus tard en 1978, une chanson du célèbre groupe Tri Yann, qui continue d’installer la trahison dans la mémoire collective bretonne. Il n’y a pas de traduction du texte à proximité du monument, ce texte en breton reste donc un témoignage pour initié dans un territoire où personne de le parle. Là aussi, en comparant au travail mémoriel du site de Drancy, je reste frappé par l’absence de médiation directe, d’explication d’un site déjà complexe, qui se complexifie avec cet ajout de strates mémorielles parfois concurrentielles.
Les médiations autour de ce monument témoignent aussi bien de cette « sarthisation » (en réalité plus proche du territoire de la communauté de commune que du département, en pure « histoire locale ») que d’une reprise par la bretonnité, une double approche qui reste relativement loin du souvenir national global. Ainsi, en 2015 un professeur d’histoire de collège constatant qu’« aucun élève de la 6e à la 3e n’avait entendu parler du camp de Conlie » (Ouest-France, 2015), décide d’investir ce sujet avec une classe. Après tout un cycle de travaux, ils ont créé une plaque de médiation expliquant l’histoire du camp, plaque installée au sein du collège pour que « tous les élèves qui passent par ce collège entendent parler de cette page tragique de l’histoire locale. » (Ibid.) Une action intéressante mais qui souligne l’absence de ce type de dispositif auprès du « Monument aux Bretons » et participe au fractionnement de la mémoire. Les médiations autour du Monument sont donc principalement de deux faits : celle d’un réinvestissement de nationalistes bretons (Le terme n’a pas de portée autre que descriptive, désignant des personnes se reconnaissant et revendiquant une nation bretonne) et des associations historiques locales. Ainsi, si je n’ai pu voir aucun de ces événements, certaines recherches en lignes font ressortir un rassemblement annuel de nationalistes bretons. De manière plus sure, des recherches indiquent des venues de groupes de militants bretons, notamment pour le centenaire, en association avec la mairie, ce qui crée une intéressante alliance de mémoires. Les associations historiques locales ont en effet un fort rôle et le Musée associatif Roger Bellon de la Seconde Guerre mondiale, même s’il ne porte pas du tout sur ce conflit, organise depuis 2012 des « Balade en histoire du camp des Bretons ». Réalisé par un « auteur en histoire locale » (titre donné par le guide lui-même, Les Alpes Mancelles, 2015), cette ballade mémorielle s’arrête devenant le monument, mais il n’est qu’une étape d’un parcours sur des terrains désormais vides mais visant à revivifier le souvenir de lieux absents, transformés, une sorte de parallèle modeste de ce que d’autres mémoriaux, comme celui de Drancy et ses guides professionnels, établissent. Je n’ai pu voir de ces ballades, qui restent rares dans l’année, mais la plaque y est sans doute traduite et contextualisée. Enfin, si la crise sanitaire a empêché les commémorations prévues en 2020 et 2021 pour les 150 ans du Camp, elles ont bien fini par avoir lieu, associant la mairie des associations bretonnes militantes. Par la suite, une association « Kerfank 1870 Conlie se souvient » a été créée à Conlie, dont les premières actions ont eu lieu pour les Journées du Patrimoine de 2023, soutenu par la mairie et le musée Roger Bellon, l’association a réalisé des visites en costumes et évocations du lieu. Le 11 novembre suivant, en parallèle donc des cérémonies militaires officielles, a finalement lieu la cérémonie des 150 ans, marquée par la présence d’élus locaux sarthois mais aussi par l’association nationaliste bretonne Koun Breizh, qui participe au cérémonies, dépose gerbes et drapeaux, fait jouer un bagad au pied du Monument et indique sur Facebook sa satisfaction d’avoir « noué des liens importants » (Voir par exemple ce post Facebook du 11 novembre 2023, consulté le 13/01/2024) avec les associations de la ville. Ici encore se retrouve cette curieuse mémoire croisée, qui scelle une alliance inattendue et témoigne d’une mémoire sans doute portée différemment selon les structures, aux objectifs pas forcément identiques, mais en lutte pour qu’une mémoire existe.
Constamment, ce Monument m’a amené vers des surprises, et à souligné des paradoxes : plusieurs monuments se partagent la mémoire, conflictuelle, celui qui marque le plus fortement le lieu historique est érigé en mémoire des soldats bretons par ceux que la mémoire bretonne accuse de traîtrise, il est finalement porté par les historiens locaux, avant d’être réinvesti par les nationalistes, physiquement avec une plaque mais aussi dans des éléments de culture populaire. Aujourd’hui, le Monument et la mémoire portée sont surtout saisis par des associations et institutions locales et des militants bretons, comme si ce Monument d’abord national vivait finalement dans des émanations différentes. Sans surprise, les cérémonies récentes sont d’ailleurs riches d’élus locaux, mais pas de représentants de l’État, comme si cette mémoire difficile pouvait se partager à une certaine échelle mais devait rester conflictuelle à une certaine strate. Des territoires « éloignés », perçus ou se vivant comme tels, peuvent ainsi s’allier pour leur histoire, subie dans les deux cas, Conlie n’ayant jamais demandé de camp. Ils font ainsi vivre un récit qui semble bien porter une « contre-mémoire », alors même que le Monument est né d’une manière tout ce qu’il y a de plus officielle et s’ancrant dans un « récit national » français bien différent.
* Afin de le lister quelque part, pour les curieux, à ce jour j’ai un Brevet de technicien supérieur (Edition), trois licences (Sciences de l’information et de la commuication, parcours Métiers de l’édition, du commerce du livre et des bibliothèques / Droit, parcours administration publique / Sciences sociale, parcours ethnologie), deux master (Histoire et Sciences de l’information et de la communication, parcours Politique des bibliothèques et de la documentation), plus quelques trucs hors diplômes classiques comme mon Diplôme universitaire en droit de la propriété intellectuelle, deux programmes courts (9 ECTS chacun) en études québécoises et mon Certificat d’aptitude aux fonctions de conservateur territorial des bibliothèques. Et le doctorat ? Et bien on se demande pourquoi il a du retard… (si vous vous questionnez, oui, j’aimerai faire encore des formations : un master en lettre, compléter une année pleine en études québécoises, une licence en sciences politiques… peut être quelque chose en management, mais j’arrive au bout quand même).
Le sujet est peu étudié, y compris par moi qui ne fait que l’aborder de très loin dans mon livre, mais Pif Gadget a connu quelques versions étrangères. Je ne parle pas là d’exports, nombreux (j’évoque notamment le cas du Québec ici avec Sylvain Lemay), mais de transpositions du magazine dans d’autres pays (certes il y a eu quelques Pif Gadget spécifiquement québécois, mais c’est rare… et c’est dans l’article !).
Il s’agit par exemple de Pajtás magazin Pif en Hongrie, créé en 1978 et traduisant une bonne part de matériel français à côté de créations locales. Le journal a même existé en parallèle de l’import du magazine français, jusqu’en 1982. Ce journal est très mal documenté et je n’ai aucun lien avec la Hongrie, c’est un champ qui reste à explorer. Pif collection a fait de petits textes sur ces magazines, on les trouve dans le menu de gauche sous le titre « les versions étrangères » (étrangement je ne peux y faire de lien direct), on y découvre également une édition espagnole, de 1978 aussi, qui reprend carrément le graphisme du journal français.
Le forum des fans de Pif Gadget, dans un abondant et érudit sujet, a également trouvé une version danoise dès 1973. Yps, magazine allemand, est souvent évoqué, le journal ayant eu une grande longévité et du succès. C’est cependant un magazine préexistant qui s’est mis à accueillir largement les productions Vaillant, jusqu’à faire de Pif et Hercule les mascottes du titre, et pas une transposition directe. Cela étant, tous ces exemples montrent bien, quelle que soit la stratégie commerciale employée (traductions de bandes dessinées, export ou magazine directement transposé), qu’il y avait une vraie volonté de diffusion internationale du journal.
Version espagnole (n° 6, 1978) et danoise (n°9, 1974) de Pif Gadget, trouvés sur Pimpf
Si le sujet reste à étudier, une chose est certaine : dans les différents titres connus, aucun ne semblait être en anglais. La chose n’est pas forcément surprenante, en Grande-Bretagne les magazines européens comme la bande dessinée n’étaient pas si implantés, quand les États-Unis apparaissent comme des ennemis naturels du journal proche des communistes. Mais si le récit politique peut exister, diverses études ont bien montré que le service commercial de Vaillant n’était pas spécialement idéologue, et voici que des documents nous montrent qu’il a été question de manière très sérieuse que la Maison des Idées publie le journal aux USA.
Oui, vous m’avez bien lu, je parle de Marvel, éditeur de super-héros qu’il n’a pas hésité à mettre au service de la lutte contre l’URSS durant la Guerre froide (encore en cours à l’époque de ces échanges). C’est JL Mast, un des rares Français à dessiner pour Marvel mais aussi régulier exégète du comics, qui en a trouvé trace et m’a transmis les photographies qui suivent. Il dépouillait alors les archives de Stan Lee au American Heritage Center (Wyoming), afin de nourrir sa bande dessinée Fathers of Marvel Comics (que l’on peut suivre ici). Qu’il en soit mille fois remercié, tant ce petit trésor était inattendu.
Le total de documents représente six courriers. Ils indiquent que d’autres discussions ont eu lieu, au téléphone ou peut-être lors d’un festival. Il est notamment documenté qu’en 1972 une importante délégation de Pif Gadget, comprenant Hugo Pratt, André Chéret et Claude Compeyron, cadre du PCF et directeur des éditions Vaillant (puis Vaillant-Miroir Sprint) de 1970 à 1979, s’est rendue aux États-Unis. Pratt s’amuse dans son autobiographie en imaginant ce que ce dernier a du répondre au questionnaire d’entrée demandant si l’on est communiste… Je n’ai pas de certitude sur la présence de Limansky, responsable commercial, dans cette délégation mais ce serait probable. Dans mon article sur Pif au Québec on peut notamment voir que Limansky traverse l’Atlantique pour promouvoir le journal dans les mêmes années, montrant bien que c’était une pratique possible. Et il s’avère que les premiers échanges postaux sont datés de septembre 1973 donc peuvent correspondre à cette période.
Nos traces débutent par un courrier de Linda M. Reilly, une employée de Marvel (a priori du côté licencing). En le lisant, on comprend que Limansky a proposé à Marvel d’acheter les droits de Pif Gadget et de publier le journal pour le marché anglophone. Suite à cet échange, Linda M. Reilly écrit donc le 6 septembre à Limansky pour lui demander des exemplaires du journal, montrant bien que la discussion à dépassé la courtoisie.
American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.
Nous sautons ensuite au 24 septembre, il est fort probable que Limansky ait répondu à Mme Reilly mais nous n’en avons pas copie. Cette lettre est directement adressée à Stan Lee et reçoit une réponse quatre jours plus tard :
American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.
Limansky informe son possible partenaire qu’il prépare une version anglophone de Pif Gadget, visant les États-Unis et l’Angleterre. Sans l’évoquer, il pense sans doute au reste du Royaume et au Canada où il y a déjà une agressive politique en zone francophone. Il indique aussi d’une venue le 10 décembre à New York, et s’enquiert de sa présence et de celle de son équipe de confiance.
Stan Lee lui répond directement et rapidement, montrant que l’affaire est sérieuse. S’il réitère sa demande de matériel dans les mois qui viennent, il explique à Limansky qu’il tentera d’être au maximum disponible lors de sa venue afin de prendre le temps nécessaire pour leur projet, temps qu’il imagine important puisqu’il évoque « la semaine entière ». Lee veut aussi lui montrer les bureaux de Marvel et les méthodes de travail américaines, afin que le français comprenne bien le fonctionnement différent de l’industrie du comics. Plus anecdotiquement, il termine d’un mot chaleureux en français « With very best regards, mon cher ami…. ». L’affaire n’est pas conclue mais semble partir sur de bonnes bases. Et s’il y avait un doute un télégramme envoyé trois jours plus tard (la date est donné par JL Mast car je ne la vois pas sur le document) confirme l’intérêt de Lee :
Le scénariste, mais surtout président de Marvel comics international, écrit (je traduis rapidement) : « Cher André, ceci pour confirmer le fait que je suis extrêmement intéressé pour publier Pif et vos gadgets pour les marchés britanniques et états-uniens. Une lettre suivra avec plus de détails. » Notons que Lee a bien corrigé le marché Anglais indiqué par Limansky en Britannique, et quelques coquilles dans le nom de rue ou de ville (Sayette et Parisx, sans doute lié à la dictée).
Nous n’avons pas la réponse de Limansky, elle est de fait venue par téléphone, mais une autre copie de télégramme de Lee, peu lisible, est enregistrée dans les archives encore une fois trois jours plus tard (4 octobre) :
American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.
Le texte est peu lisible, c’est une copie, pâle, et en photo. le voici : « Just received your call. Please grand me a three month option effective immediately for Pif Gadget for Great Britian and United States most important and urgent best » (en réalité tout est en majuscule, mais c’est tout de même plus lisible ainsi). On le voit, Lee pose une option de trois mois, il est extrêmement intéressé et la chose est urgente. Par ailleurs, le rythme d’échange est effréné, on peut imaginer que Lee a reçu quelques exemplaires pour accélérer ainsi le rythme alors qu’il parlait encore quelques jours plus tôt de recevoir des choses en octobre ou novembre, pour en discuter en décembre.
On attend donc la suite avec grande impatience mais… rien. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’aucun échange n’a eu lieu, téléphonique, ou même écrit, Limansky est peut-être même bien venu en décembre, mais aucune trace dans ce lot d’archives. C’est l’année suivante, le 5 avril 1974, bien loin de l’empressement initial, qu’on retrouve un courrier du responsable de Pif Gadget.
American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.
Dans ce courrier Limansky ne désespère pas et explique à Lee qu’il lui enverra bientôt des récits pouvant être « bons pour l’internationals », indiquant avoir suivi les conseils de Lee. Il y a assurément eu des allers-retours, sans doute certaines BDs ne paraissaient pas traduisibles pour Lee, mais nous n’en saurons, cette fois, vraiment pas plus. Si ce n’est qu’il n’y aura jamais de Pif en anglais sur les marchés imaginés.
Est-ce juste que les contenus étaient finalement trop européens pour Marvel ? Trop chers (sans doute pas) ? Peut-être le lien avec le PCF a-t-il fini par peser, mais Lee devait bien en avoir connaissance en octobre 1973 alors qu’il était emballé. Une hypothèse plus crédible se trouve également dans ces archives, qui m’a tout autant été soufflée par JL Mast (l’ai-je déjà remercié ? Il a aussi un site officiel), est celle de la crise pétrolière. Certes, elle avait déjà débuté en septembre 1973, mais son impact continue durant plusieurs années, notamment sur les matières premières et le papier (ce qui nous rappelle quelque chose…). Une lettre qui ne concerne pas Pif Gadget atteste en tous cas de cette problématique dans la période
American Heritage Center, Wyoming, Stan Lee Papers.
Holli Resnicoff, assistant de l’éditeur, indique à un autre éditeur français, Opéra Mundi, que « l’extrême crise du papier aux USA » impose de reporter toutes nouvelles publications. Le courrier date du 18 avril, quelques jours après la relance de Limansky, on peut imaginer qu’il a eu une réponse ressemblante.
Il ne faut cependant pas totalement tirer un trait sur les liens Marvel/Pif Gadget, même s’il ne furent pas exactement ce qui était attendu. Des années plus tard, en 1990, le journal français lance Pif Super Géant, dans la foulée des poches et magazines dérivés, un rien calqué sur Super Picsou Géant. Cette publication comique, qui accueille les héros du journal, publie de temps à autre des hors-séries « Aventures ». Curieusement (enfin, sans doute parce que cela avait du succès), à côté de Loup Noir, Robin des bois ou Docteur Justice, Spiderman et Hulk apparaissent. J’aime particulièrement la quatrième de couverture de ce numéro de juillet 1991 qui accueille tout ce petit monde :
La présence de Hulk est uniquement liée à sa présence dans un épisode de l’homme-araignée, le journal lui donne tout de même la couverture. Au numéro suivant c’est Spidey. Une arrivée donc pour la collaboration Marvel/Pif Gadget, mais sans doute nettement moins aboutie qu’espérée par Limansky, et plus proche du chant du cygne : le journal met la clef sous la porte en décembre 1993, les super-héros n’auront pas suffi à le sauver.
Imagex est un auteur météore, avec une brève carrière, que j’aime beaucoup et qui a fortement marqué la BD alternative. Depuis plus d’une décennie, je cherche à remettre en avant son travail, avec de faibles moyens. Grâce à Jean-François Biguet, nous l’avons un jour retrouvé et L’Égouttoir a pu republier de vieilles pages, ou publier des bandes inédites dans Gorgonzola. J’ai aussi réalisé une série d’articles sur Du9 pour développer l’intérêt et l’analyse sur son œuvre, autour des albums Mauvais rêves, Colonie de vacanses(septembre 2013) et de Jalousie, un album annoncé mais jamais paru (février 2014). Dans ce corpus, le dossier sur Viper du Gorgonzola n° 18 paru en octobre 2012 (désormais en ligne sur Du9) peut aussi être pris en compte. Si l’on veut un état de l’art complet, notons l’article du blog de Mitchul sur Mauvais Rêves, dès juillet 2009, avec intervention d’Imagex lui-même en commentaire. Par la suite il publiera une interview sur un sujet curieux et plutôt intrigant (les bibliothèques des interviewés), au résultat modérément intéressant dans ce cas précis (Imagex venait de déménager). Notons que je m’étais aussi prêté à l’exercice, je redécouvre même que je l’avais inauguré avec les bibliothèques de ma maison d’enfance.
Logiquement, avec ce travail de réédition comme d’écriture, une envie de réédition était là depuis le début. Mais bon, L’Égouttoir n’en avait pas les moyens. Nous avons travaillé, cherché, et finalement, après des années, The Hoochie Coochie va sortir une grande et belle anthologie, dans laquelle je signe un texte au côté de Jean-Pierre Mercier, coéditeur d’un des deux livres de l’artiste. Dans mes recherches, en bon bédéphile à l’ancienne, j’avais tenté de réaliser une bibliographie complète, sachant que la plupart de ses publications sont dans des fanzines ou magazines peu étudiés (et encore, depuis bulledair propose les sommaires complets de Viper, du Krapö et de Zoulou, en plus de bdoubliées pour d’autres magazines).
Évidemment, ce genre de liste n’a plus vraiment d’usage dans des ouvrages imprimés aujourd’hui, surtout qu’on oublie toujours des choses, mais c’est parfait pour ce site, comme ça si vous trouvez d’autres strips, dessins ou articles d’Imagex, je pourrai mettre à jour cette liste ! Donc n’hésitez pas pour des ajouts, corrections ou compléments (notamment pour les dates imprécises), d’autant qu’il y a des planches non identifiées à la fin. Par ailleurs quand l’anthologie sortira, je pourrai ajouter les republications nouvelles. Vivement !
Carte postale accompagnant Viper, 1983. Ce dessin inspirera le personnage de Mister Vrö à Mattt Konture.
« Sommaire » (illustration), 1 page, dans le Krapö n° 8, avril 1979.
« Voilà !» (illustration), 1 page, dans le Krapö n° 9, septembre 1979.
« Je parle pas », 2 pages, publié dans Sandwich n° 55, supplément au Libération du 13 décembre 1980, republié dans le Gorgonzola n° 19 en octobre 2013.
« Le Vélo », Viper n° 3, juin 1982, 2 pages, repris dans Mauvais rêves (Artefact, coll. « Contagion », 1983).
« Bord de mer », (À suivre…) n° 58, novembre 1982, 6 pages, repris dans Colonie de vacanse (Futuropolis, coll. « X », 1986).
Viper n° 4, octobre 1982 : « Papa Goldorak », 6 pages, repris dans Mauvais rêves (Artefact, coll. « Contagion », 1983). « Tchaï Shop (la petite boutique de thé) », scénario de Gérard Santi, 2 pages. « Niouzes », illustration d’une rubrique d’actualité (½ page). « Les aventures de Viper et Ganja », illustration, une page. Carte postale offerte avec le numéro, ½ page.
Viper n° 5, décembre 1982 : « Sommaire », illustration, 1 page. « Dura lex, sed lex.. », illustration d’un texte signé Flo et Andy, 1 page. « Le V. Pire : De Lorean coulé par la neige », illus d’un article d’Anita Jolijoint, ½ page. « Grand-père est mort », 2 pages, repris dans Mauvais rêves (Artefact, coll. « Contagion », 1983).
Mauvais rêves (Artefact, coll. « Contagion », janvier 1983) : « La Vie Débile », 13 pages. « Le Cri », 2 pages. « Un mauvais rêve », 8 pages. + les récits prépubliés dans Viper et indiqués comme tels.
« Colonie de vacanse », (À suivre…) n° 64, mai 1983, 4 pages, repris dans Colonie de vacanse (Futuropolis, coll. « X », 1986).
Viper n° 6, février 1983 : « Dans les tours », 6 pages, repris dans Mauvais rêves (Artefact, coll. « Contagion », 1983). « L’Ami indien », scénario de Gérard Santi, 2 pages.
« Dans les tours », très beau récit annonçant le virage de science-fiction fantasy, Viper n° 6, février 1983.
Viper n° 7, avril 1983 : « Sa gueule de con dans Calcutta bondé », scénario de Gérard Santi, 2 pages. Carte postale offerte avec le numéro, ½ page.
Viper n° 8, juillet 1983 : « “Fabienne” et les bêtises que j’ai faites… », 3 pages. « Les Beedies en vente libre », illustration d’un rédactionnel non-signé, ½ page « Jalousie », (À suivre…) n° 71, décembre 1983, 5 pages.
Viper n° 9, octobre 1983 : « 1989 », 3 pages. « 1984 », 1 page. « Boeing sud-coréen vol 007, Que s’est-il vraiment passé ?, 1ère partie », illustration d’un texte de Marylin Hobeau, 1 page. « De Paris à Kathmandu : Joyeuse années 84 », illustration, 1 page.
Viper n° 10, janvier 1984 : « Sommaire », illustration, 1 page. « Change culturel », 2 pages. « Les Aventuriers du subconscient », illustration, ½ page « Point de vue », illustration, 1 page.
« Fendar le pétard », strip publié dans Zoulou n° 3, juin 1984.
Viper n° 10, juillet 1984 : « Sur les chemins, carrément mou ! », scénario de Gérard Santi, 2 pages. « Souhaits », illustration, 1 page. « Mémoires », scénario sous le pseudonyme de Chardot, dessin de Mattt Konture, publié dans le Zoulou n° 4/5 de juillet 1984, repris dans les Archives Mattt Konture (L’Association, 2006). 4 pages.
« Classique mais efficace », strip publié dans le dossier « Évite l’armée ? Les dessinateurs donnent leurs trucs efficaces », Zoulou n° 8, novembre 1984.
« La Peau de l’ours », scénario sous le pseudonyme de Chardot, dessin d’Emmanuel Moynot, publié dans le Circus HS n° 10 de novembre 1984. 5 pages.
Illustrations, 3 pages, dans le Nerf n° 1, A.A.N.A.L., 1985.
« Le petit homme qui regardait », (À suivre…) n° 89, juin 1985, 9 pages.
« La Dernière femme », Pilote Mensuel n° 136, octobre 1985, 4 pages.
Le Carré n° 5, octobre 1985 (repris en pages de gardes du Gorgonzola n° 24, 2019) « Le Glome », illustration d’une fausse notice de roman, 1 page. « Détruire Paris », illustration d’une fausse notice de roman, 1 page.
Colonie de vacanse (Futuropolis, coll. « X », 1986). Reprends les deux récits indiqués précédemment.
« Pas d’papa », 3 pages, inédit réalisé en 1986, dernière BD d’Imagex. Publiée dans le Gorgonzola n° 21 en octobre 2015.
Un texte et une illustration dans Récits où l’auteur s’exprime par 3 images dans 1 carré, supplément au P.L.G.P.P.U.R. n° 22 dirigé par Emmanuel Moynot (sous le pseudo de Yatmul), janvier 1988.
Couverture et de nombreuses illustrations, Amstrad cent pour cent n° 5, juin 1988. Alors qu’Imagex à cessé la bande dessinée, une jonction avec son travail dans le jeu vidéo (tout le numéro ici).
Baby Jo in Going Home, graphisme du jeu, dessin de la pochette et du manuel, Loriciel, 1991.
« Les éditions Artefact », reprise d’un strip de Mauvais rêve en en changeant les texte pour le dossier sur l’éditeur du Gorgonzola n° 22, janvier 2017.
Illustrations, 3 dessins contemporains illustrant l’éditorial et les crédits, Gorgonzola n° 25, mars 2022.
Extrait du manuel de Baby Jo in Going Home, 1991.
Non datés (mais dans les 80’s) :
« Happening », 2 pages, publié dans un zine américain non identifié, republié dans le Gorgonzola n° 17 en octobre 2011.
« War game », BD à quatre mains avec Mattt Konture, inédite puis publié dans Manga Table, La Table, 2016.
« Les Cinq “dernières” minutes », 4 pages, inédit acheté par Métal Hurlant publié dans le Gorgonzola n° 19 en octobre 2012.
Réalisation sans doute unique d’un un micro-fanzine dédié à Étienne Robial, aperçu lors de l’expo « futuropolis 1972-1994 : un éditeur aux avant-gardes de la bande dessinée » à la CIBDI en 2019 et de l’expo « étienne + robial » aux Musée des arts décoratifs (2022-23).
Nerf p.19, 1985. Imagex y expérimente le dessin sur ordinateur qui marquera sa carrière suivante, dans le jeu vidéo.
Après un premier point paru en mars 2022 sur les publication de ma première année et demi de doctorat, voici le point sur mes articles universitaires depuis, alors que j’entame ma troisième année ! (je ne compte pas les livres, j’en parlerais dans un post à part).
Alors bon, qu’y-a-t-il eu, comme vous le savez le temps universitaire fait que des choses paraissent des lustres après leur publication. Bref voici donc les articles parus entre mars de fin octobre 2022 !
La belle et intelligente couv de Jean-Charles Andrieu de Lévis
La très belle revue d’histoire culturelle Sociétés & Représentations a consacré son n° 53 (comme la Mayenne !) à la bande dessinée et particulièrement à la manière dont a été abordée l’histoire de la bande dessinée, sa façon de constituer ses archives, etc. Dirigé par Sylvain Lesage, ce numéro est particulièrement riche (et épais), avec de contributions de chercheurs et chercheuses que j’apprécie beaucoup, comme Benoît Crucifix, Florian Moine, Jessica Kohn… J’y ai signé un texte que je vois un peu comme le pendant de celui-ci, nommé « Bande dessinée québécoise : historiographie d’un champ sous double influence ».
La revue est en papier et sur Cairn, donc indisponible gratuitement aux non-chercheurs, mais j’ai déposé le texte (dans sa maquette finale, car la revue l’autorise ce qui est déjà ça) sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03668615
Ce n’est qu’une recension mais elle fait plaisir car elle est dans la Revue française des sciences de l’information et de la communication, une bonne grosse revue dans mon domaine. Pour le moments les appels à articles m’excitent modérément mais il y a de beaux dossiers réguliers, donc faire des recensions reste un moyen de participer à ce bel ensemble. Et ça tombe bien car le livre très multi-disciplinaire d’Anna Giaufret se cale bien avec une analyse InfoCom. Ma recension ici : https://journals.openedition.org/rfsic/13625
N’ayant sans doute alors pas tout compris à ce que demande comme travail un article universitaire j’avais, après un stimulant colloque, proposé deux articles à Strenae, très chouette revue sur le livre jeunesse et les objets culturels de l’enfance. Les deux ont été accepté, et il a fallu les écrire. Cela a pris du temps mais voici que la revue est parue et tout le dossier est vraiment passionnant, et riche avec une quinzaine d’articles tout de même ! Le site est en accès libre et on trouvera donc facilement mes deux texte.
Le premier, vu comme une sorte d’addendum à mon ouvrage sur PifGadget et le communisme et à des années de travail sur la question, aborde le sujet de Pif Gadget et l’écologie politique, occasion de lier mon engagement militant et cette recherche, sur un axe inattendu : https://journals.openedition.org/strenae/9420
Le second, nettement plus lié à ma thèse et croisant des sujets se recherche et passion, porte sur Pif Gadget au Québec et a été coécrit avec Sylvain Lemay, mon codirecteur de thèse, à travers l’étude de nombreux journaux et de la communication à propos du journal dans la province (où l’aspect communiste, pour le coup, était tu) https://journals.openedition.org/strenae/9439
Un contenu qui va aller en augmentant au fil des semaines, et donc à surveiller !
Si vous vous le demandez, le dessin de couv est celui de la couverture du n°14 de la seconde série des Aventures de Pif le chien (juin 1957).
Et c’est en novembre qu’est sorti mon article sans doute écrit depuis le plus longtemps pour le moment, en rythme universitaire je sais que ce n’est pas si long. Suite au colloque PIFERAI sur les strips de Pif le chien, les Éditions universitaires de Dijon ont donc publié le petit ouvrage Pif le chien – Esthétique, politique et société, sous la direction d’Henri Garric et Jean Vigreux, avec des noms qu’on retrouve dans Strenae, mais pas que. J’ai pour ma part fait une analyse pas du tout penchée sur l’idéologie mais sur l’historique éditorial et les réutilisation des strips par les éditions Vaillants, soit un article nommé « D’un support à l’autre, usage et réusage des strips de Pif le chien ». Un autre article universitaire sur Pif attend sa publication, mais j’espère que c’est le dernier à court terme, histoire de ne pas m’en dégouter ^^ En tous cas avec la sortie du livre et sa promo, tout ça a une convergence d’actualité qui, pour le coup, est assez intéressante.
Un article un peu hors de mes sujets de recherches, même si deux des personnes étudiées sont du Québec, tout de même, mais que j’ai tenu à écrire car le thème du dossier m’intéresse beaucoup. Par ailleurs, publier dans Alternative francophone, revue consacrées à la francophone « en mode mineur » dont j’aime beaucoup le postulat en cinq points et dont j’apprécie le fait qu’elle soit publiée par l’Université de l’Alberta, province où la francophonie est bien minoritaire, me faisait bien plaisir. Mon texte sur la vulgarisation/transmission scientifique du point de vue des auteurs/médiateurs se trouve sur ce lien, au milieu d’un beau numéro sur « La bande dessinée scientifique – Les nouveaux territoires du documentaire » : « Depuis la table à dessin : transmettre la science du côté des auteurs. »
*
À suivre : d’autres recensions (pour le BBF et Communication…), des articles pour le Bulletin des bibliothèques de France, La Revue française d’histoire du livre, Comicalité, Voix Plurielles, Mémoires du livre, Archives des lettres canadiennes, Images du travail, Travail des images, Hermès et quelques autres projets, ainsi que deux directions de revues : un numéro de Mémoires du livre sur la bande dessinée vagabonde avec Philippe Rioux à paraître au premier semestre 2023, et un numéro (appel en cours) d’@nalyses sur « Vingt ans de bande dessinée québécoise au XXIe siècle ».
Bandeau de couv : photo d’un tiroir de mots prédécoupés pour les collages de Julie Doucet, dans son atelier, août 2022.
Dans la série des entretiens préparatoires, une courte série de questions à José Jover, membre d’Anita Comix, qui a publié dans beaucoup d’endroits dans les 80’s et notamment dans Pif Gadget, avec Aziz Bricolo. Envisagé pour mon livre à paraître chez PLG (Pif Gadget et le communisme) dans quelques mois, j’ai reçu ces réponses il y a quelques semaines, alors que la maquette du livre est bouclée ! Très souvent, le camarade Jover répond à mes questions en développant autre chose, d’imprévu et de tout de même fort intéressant ! C’est l’occasion de parler de bande dessinées, d’édition (José Jover a lancé Tartamudo), du nouveau Pif Gadget et de militantisme, un terme qui – chose rare – n’effraie pas notre invité !
Avant de collaborer avec Pif Gadget, en étiez-vous lecteur ?
Oui bien sûr et aussi de son ancêtre Vaillant !
La série Aziz Bricolo est signée avec Boudjellal et Larbi, vous formiez ensemble un groupe nommé « Anita Comix », souvent présenté comme le premier atelier d’auteur de BD issu de l’immigration. Pouvez-vous présenter un peu ce que vous voulez dire par là et comment la série Aziz Bricolo est arrivée dans Pif Gadget ?
Aziz Bricolo est né d’abord dans le magazine du syndicat national des instituteurs Virgule (1981). J’avais pris rendez-vous avec la rédaction, dont le rédacteur en chef était PEF : auteur Jeunesse célèbre avec son Prince de Motordu mais à l’époque il n’avait publié qu’un seul album Jeunesse : Moi ma grand-mère (La Farandole, 1978). Pef, est devenu un ami très proche aux cours de toutes les années qui ont suivi.
Puis, j’ai dit à mes deux acolytes d’Anita Comix, Farid Boudjellal et Roland Monpierre de se joindre à moi pour ce journal, nous avons donc créé « Aziz Bricolo » pour Virgule. Nous avons commencé à travailler ensemble avant Aziz, avec un personnage que j’avais créé à la fin des années 1970, « Raymond Lafauche » : un pervers sympa et voleur, dont l’occupation principale était à base de gags sur le vol et sur une page ! (courrier des lecteurs bien gratiné d’ailleurs : ils adoraient ou détestaient !). Entre Raymond (qui était le prénom de mon beau père à l’époque) et Aziz, l’aventure a duré deux bonnes années, à raison d’une ou deux pages par mois, d’abord avec Raymond puis avec Aziz : ce dernier était une volonté de Pef qui voulait une série sur la diversité.
Bien plus tard (1987-1988 par-là…), j’ai proposé une autre série BD (Salséro) à Anne-Marie Schropff qui était rédactrice en chef de Pif Gadget, à l’époque encore sise rue du Faubourg Poissonnière. C’était aussi le siège des éditions VMS Vaillant-Miroir du Sprint ET la Farandole, j’avais commencé pour eux un album Jeunesse avec André Igual à l’écriture : La Vie privée des Monstres. C’était encore à la demande de Pef, directeur de collection, mais La Farandole et VMS ont fermé la boîte, avant que ça ne sorte. J’ai ai fait la toute première publication chez Tartamudo des années plus tard, en 1995.
Édition des Fictionnettes de 2004.
Nous avons passé plus d’un an dans des réunions de rédaction, tous les mois chez PifGadget (dernière formule coco historique), dans lesquelles participaient des auteurs comme nous, des repreneurs de personnages de Pif (Yannick avec Hercule), mais aussi des anciens très connus de notre milieu, comme Alberico Motta ou François Corteggiani. Anne-Marie m’a proposé de faire une série comme LaRibambelle, de Roba, alors j’ai pensé reprendre Aziz, mais ce coup-ci sans Roland Monpierre, parti pour d’autres aventures. Ce sera donc avec Larbi Mechkour au dessin et couleur, je l’avais connu à la radio libre « Carbonne 14 » au début des années 1980, et présenté à Farid, avec ils ont fait LesBeurs (Albin Michel, 1985).
Avez-vous, avec votre groupe Anita Comix, ciblé ce journal en fonction de ses valeurs revendiquées ? Ou avez-vous été contacté pour ces mêmes raisons ?
J’ai créé la rencontre d’« Anita Comix », chez moi au Kremlin Bicêtre (1981), et trouvé le nom à cause d’un 33 tours que j’avais sous les yeux à mon atelier à ce moment-là, un disque d’Anita Ward (Ring my bell). Roland Monpierre, que j’ai connu aux Beaux Arts de Paris (octobre 1975, c’était l’un des rares artistes noirs !), et Farid Boudjellal, ami d’enfance de Toulon, ne se connaissaient pas, et lorsque nous avons lancé « Anita comix » nous ne savions pas que nous avions créé le concept Black Blanc Beur ! Je me suis dit aussi, que les rédacteurs en chef préféreraient imaginer voir débarquer une belle sud-américaine, plutôt que trois poilus issus de l’immigration ! Et ça a marché, comme quoi… Plus tard, nous avons participé à la naissance de SOS Racisme dont les leaders étaient des sous-marins du PS, Harlem Désir (choisi pour son nom !) et Julien Dray. Nous avons fait l’affiche pour « La Marche des beurs N°2 : convergence 84 ». Nous apparaissons aussi dans le film Performances, sur les talents issus de l’immigration, avec Rachid Taha et une grande et belle expo à Beaubourg sous l’égide de Jack Lang.
Affiches d’Anita Comix pour Convergence 84 et SOS Racisme
En plus de Pif Gadget, nous avons commencé à bosser pour Pilote, dirigé par Jean-Marc Thévenet, réalisé des tas d’affiches et de plaquettes illustrées, et beaucoup travaillé pour toute la galaxie de la presse communiste : Révolution, Regard, L’Humanité et L’Humanitédimanche, pour qui j’ai illustré des articles de presse et quelques couvertures… PifGadget est dans cette galaxie.
Ma motivation est simple à comprendre : j’ai été un immigré avant ma naturalisation, avec une carte de séjour et une carte de travail. J’ai participé à des associations (oubliées) en faveur des immigrés, telle le CUFI (Comité Unitaire Français Immigrés) et suis entré dans l’extrême gauche Trotskiste d’Alain Krivine. Ils me paraissaient les mieux indiqués au regard des sectes des malades maoïstes, de Lutte Ouvrière, voire des trotskistes dits Lambertiste, dont avait fait partie Jean-Luc Mélenchon, par exemple. On a pu débattre sur ces thèmes ensemble, au début des années 2000 puisque je l’ai fréquenté de près.
C’est la raison pour laquelle il est présent dans le documentaire Jeunesse (collectif avec entre autres, Cavanna, Luis Régo etc) Mon album de l’immigration en France, que j’ai publié et co-dirigé avec ma jeune assistante de l’époque, que j’ai formé, Bérengère Orieux, qui est devenue éditrice de Ici-Même.
Aziz Bricolo est publié en 1987-1988 dans PifGadget, pourquoi la série s’est-elle arrêtée si vite ?
Parce que ça a fait faillite : les communiste feraient mieux d’engager un expert-comptable plutôt que des leaders politiques. François Cortegianni a pu récupérer des originaux des grands anciens, à VMS : DANS LES POUBELLES ! Ils avaient été jetés. Du coup, il m’a offert un original des Rigolus et des Tristus, de Cézard
On entend souvent qu’après 1975 le lien entre Pif Gadget et le communisme devient très ténu. Aviez-vous eu des échanges politiques avec la rédaction ou des collègues ? Sentiez-vous ce ce patronage du parti qui existait toujours ?
De fait, quand Pif Gadget renait de ses cendres vers 2004-2005, j’ai monté l’affaire avec les gars et les filles du journal des jeunesses communistes AvantGarde : à leur demande ! Je suis allé à des réunions place du Colonel Fabien, leur siège, et à L’Humanité, à Saint Denis. J’avais fait un « business plan » à hauteur de 50 000 en kiosques, avec une culbute financière à 30 000 vendus. Patrick Appel-Muller, rédacteur en chef adjoint de L’Humanité, que je connaissais de mes activités de dessinateur dans cette presse, est venu à plusieurs reprises à mon petit bureau de Tartamudo. Il venait prendre des notes pour savoir comment j’allais m’y prendre suite aux réunions !
J’avais monté une équipe de dessinateur, et de journalistes, dont Laurent Mélikian : il pourra témoigner de ce que j’écris là. Me voilà bombardé rédacteur en chef du nouveau Pif Gadget ! Puis, Patrick Apel Muller a pris le pouvoir du journal sur la base de mes notes, et a recruté François Cortegianni comme rédacteur en chef ! Il s’en excuse encore aujourd’hui, et indique que ce n’était pas sa volonté : ce à quoi je luiai dis que c’est de l’histoire ancienne. Bref, de fait au lieu de lancer 50 000 ex comme je l’avais prévu, ils en lancent… 400 000 ex… et ça a marché ! Ils ont même dû retirer les trois premiers numéros. Laurent Mélikian voulait faire un gros dossier dans le magazine LanfeustMag, où il bossait aussi, mais je lui ai dit que je ne voulais pas la guerre avec les cocos. Il a quand même fait une page sur cette histoire dans ce journal (que j’ai gardé bien sûr !).
Enfin, ne vous a-t-on pas par la suite étiqueté parce que vous veniez de Pif Gadget ?
Oui, je suis considéré comme un « militant » EN GÉNÉRAL (pas que pour Pif !), ce à quoi je réponds systématiquement : militant de quoi ?! Militant de la cause littéraire, artistique et des auteurs et artistes, certainement !
Entretien réalisé par courriel en décembre 2021
Les folles années de l’intégration, réédition des Beurs et d’Aziz Bricolo par Tartamudo en 2004.
En 2021, il y aura une journée d’études sur les fanzines à la BnF, normalement un colloque reporté à la Fanzinothèque de Poitiers, mon doctorat officiellement commencé me poussera à écrire régulièrement sur les fanzines (même si ce ne sera pas mon sujet central officiel) alors voici une petite bande dessinée pour 2021. Qui ne parle pas de l’année passée parce que bon. Bonne année : fanzine vivra, fanzine vaincra !
Avant d’ouvrir la Librairie Z à Montréal, le critique québécois Jean-Dominic Leduc a créé les éditions Mém9ire, consacrées à l’histoire de la BD Québécoise. Avant cela il avait même eu d’autres vies, de comédien notamment. Après la publication de plusieurs ouvrages historiques et numéros d’une revue (Sentinelle), il a lancé la collection « Chronographe », dirigée par Michel Viau, auteur du premier volume d’une importante histoire de la BD québécoise et un des plus grands spécialistes du sujet.
Cette collection avait pour but de proposer des classiques de la bande dessinée québécoises en version numérique de haute qualité, accompagnés d’une petite présentation historique. Au moins deux titres de cette collection furent toutefois imprimés en un petit nombre d’exemplaires Les dossiers de l’ineffable M. Brillant de Jack Der (1952) et donc En roulant ma boule, réédition soignée d’un recueil de gags de 1901, alternant les récits en séquences (toujours via des illustrations pleines pages) et des cartoons en une image. Le titre, apprend-on, vient d’une chanson célèbre du folklore, datant du XVe siècle.
Le très beau dessin de Raoul Barré a évidemment pris un coup sur les questions le fond – on y voit notamment un bourgeois se grimer en « sauvage » et un juif à la caricature qui fait désormais frémir, même si ici il le gag n’est pas proprement négatif (rien à voir avec une caricature antisémite des années 30) – mais l’intéressante introduction de Michel Viau rappelle bien qu’il s’agit ici d’une réédition historique pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de la bande dessinée du pays, et non un ouvrage comme un autre. Le thème central des gags est le défilé déguisé de la Saint-Jean, et moque gentiment les notables. Le livre est un des rares de l’auteur, qui ira s’installer à New York en 1903 d’abord comme dessinateur de presse, puis comme animateur pionnier. Il créera un studio en 1914, créera plusieurs dessins animés, participera à la version animée du comics Mutt and Jeff puis, à la fin de sa carrière, travaillera avec Pat Sullivan sur Félix le Chat.
Plus que pour le livre en tant que tel, En roulant ma boule vaut pour ce qu’elle présente (notons d’ailleurs que la réédition comprend la préface originale de Louis Fréchette), dans une perspective historique portée par un éditeur et un directeur de collection fascinés par l’histoire de la BD et voulant faire connaître celle de leur pays. Si le fascicule est publié par un éditeur et a tous les attributs de la publication professionnelle (maquette soignée, ISBN, dépôts légaux…), il rejoint cependant l’esprit des premiers fanzines de bande dessinée, tels GiffWiff ou Phénix, créé par des passionnés agissant en bénévoles amateurs dans les deux sens du terme. Son petit tirage, cherchant à rendre disponible un matériel précieux et oublié, qui a un écho limité, mais apprécié par un fandom, les range aussi assurément de ce côté. Les éditeurs ne renient d’ailleurs pas cette idée puisque la publication papier de cet album numérique a été réalisée pour une occasion précise : le festival Expozine de Montréal en novembre 2015. Un rappel actif des liens entre fanzinat et patrimoine, d’autant plus utile que malheureusement le site qui permettait d’acheter les PDF semble désormais indisponible quand le rare zine papier, lui, est encore là.
En roulant ma boule, Raoul Barré, introduction de Michel Viau, 22,8 x 15 cm, 40 pages, Mém9ire, coll. « Chronographe », 2015. Chronique publiée en parallèle sur 1fanzineparjour.
Cet article fut rédigé pour Du9, qui n’en voulait pas, trouvant des points pas assez clairs où répétitifs. C’est bien normal et la relecture est toujours fine sur Du9, cependant je n’arrivais vraiment pas à améliorer le texte selon les désidératas puisque ce qui semblait peu logique à l’éditeur l’était pour moi. Aujourd’hui je dois bien avouer qu’il est parfois un peu bizarrement fichu.
Et puis l’article a été remis à plus tard, puis sa conclusion – qui appelait à une autre édition reprenant l’américaine – a été exaucée, rendant le papier obsolète. Comme bizarrement je l’aime quand même bien je le pose là, sur ce site que je veux utiliser comme une sorte de garage d’articles et de choses vues, dîtes, lues, ici où là. Voici donc un article périmé mais que j’aime bien.
Un placement de lettrage audacieux.
Un écrin pour
Gottfredson ?
Chez Disney il y a les artisans, petites mains des studios, dont le travail honnête et intègre fait le boulot sans plus. Et il y a ces auteurs qui ont réussi à apparaître derrière l’anonymat, ceux que les fans ont réussi à reconnaître, ont collectionné, ont pisté… Jusqu’à les faire apparaître enfin en pleine lumière. Du côté des canards le plus fameux d’entre eux est Carl Barks – même si l’on peut aussi y croiser quelqu’un comme Luciano Bottaro –, du côté des souris c’est indiscutablement Floyd Gottfredson qui s’impose.
Mon article est sans doute rempli de fautes, mais moi je n’ai pas les moyens d’avoir un relecteur.
Arrivé tôt aux Studio
Disney à la fin des années 30, l’intervalliste va rapidement
devenir le dessinateur régulier du strip de Mickey et
conservera ce poste durant plus de quarante ans. Ce travail très
visible, car publié dans de multiples journaux, sera longtemps
regardé de loin par la hiérarchie, qui priorisait les dessin animés
et voyaient les bandes quotidiennes comme de simples produits
dérivés. Pourtant, ou peut-être grâce à cette (relative)
liberté, Floyd Gottfredson réussi à imprimer un style propre et à
imposer sa patte. À cet
égard il fait partie des auteurs les plus célébrés du corpus
Disney pour leur apport à la bande dessinée.
Dès lors, l’annonce
d’une édition française intégrale de ses œuvres a tout de suite
fait naître espoirs et craintes. Espoirs, car découvrir de manière
chronologique et soignée un travail dont la publication a toujours
été éparse et sans exégèse est plutôt réjouissant. Craintes
car l’intégrale Carl Barks avait laissé un goût amer, le format
peu adapté écrasant des pages pourtant riches en détails. Malgré
des introductions intéressantes (signés JP Jennequin) ces albums se
contentait de reprendre un packaging italien et n’ont guère montré
l’intérêt de Glénat pour ce fonds. L’éditeur semblait le faire
car il fallait bien, au milieu de la licence, sans laisser paraître
un intérêt réel pour ce patrimoine1.
Mais les éditions de Barks avaient l’excuse d’être réalisées pour les rendre attractives aux enfants, et il est certain que les choix l’exceptionnelle édition de Fantagraphic – clairement dédiée aux collectionneurs – n’aurait pas été adapté2. Dans le cas de Gotfredson l’édition retenue vise explicitement le collectionneur, l’amateur, sans doute parce que le potentiel actuel de strips souvent désuets est moins fort auprès du jeune public. Ainsi on découvre des livres de très grand format, avec appareil critique, signet et coût à l’avenant (29,50 € le volume). Et il semble que cela prenne, la presse unanime saluant un écrin magnifique pour un auteur majeur3,4… ce qui est assez déprimant, tant les pages sont massacrées.
Une page bien trop grande et remplie pour être lisible malgré de subtils dégradés.
Il y a d’abord un non-choix. Si l’on fait des ouvrages pour collectionneur on va jusqu’au bout et l’on respecte un critère essentiel de la publication d’origine : le noir et blanc. Et contrairement au Barks l’argument du public-enfant pouvant découvrir Mickey ne tient pas, le pseudo-luxe de l’édition les exclus de fait. Un comparatif en bibliothèque le montre bien : le petit format massif des Barks, malgré tous leurs défauts, est régulièrement emprunté ; les Gottfredson, faisant parfois la moitié de la taille des enfants, sont désertés. La présentation leur dit bien « Ceci n’est pas pour vous », créant un problème de positionnement évident.
Pourtant, s’arrêtant au
milieu du gué, l’éditeur a décidé de coller des couleurs pour…
pourquoi d’ailleurs : Rendre le dessin plus lisible ?
Difficile de faire plus clair que le trait disneyien de Gottfredson.
Pour le rendre plus commercial ? Je doute que cela fonctionne vu
le problème de positionnement évoqué plus haut… Il s’agit
pourtant sans doute de cette raison, mais dans ce cas il était
possible d’utiliser des aplats sobres détachant le dessin, pas ces
constants dégradés photoshop franchement laids qui assombrissent
régulièrement des coins des dessins où les détails disparaissent
au lieu d’être mis en lumière ! Autre
hypothèse : il s’agit d’une volonté délibérée afin
de cacher « esthétiquement » une reproduction moyenne.
Les couleurs massacrantes sont toutefois une habitude des rééditions, seulement L’Âge d’or de Mickey Mouse ne s’arrête pas en si bon chemin. Si je suis incompétent pour juger la traduction et que l’appareil critique est plutôt intéressant5, le lettrage des bulles est catastrophique : alternance de taille de lettrage dans la même case juste pour des questions de place, aucun travail d’adaptation graphique… Comme on le voit dans les exemples joints, il n’est pas rare de voir des bulles à moitié vide ou, au contraire, un texte très serré dans son phylactère. À ce moment on commence à comprendre que l’apparence de luxe revendiqué par l’éditeur n’est qu’une fumisterie.
Des tailles de caractères changeant allégrement, des typos toutes serrées ou « flottantes »…
Et c’est là qu’il faut
en venir au format, le fameux format salué par ceux qui y voient un
moyen d’enfin mettre en valeur le dessin, de rendre service à
l’auteur. Outre que cette vision de la crédibilité artistique par
le grand format est assez pathétique, on en est ici très éloigné.
Car si le livre est grand les bandes restent assez petites, très
nombreuses sur une page (6 strips en général) et plutôt écrasées,
très peu d’espace étant laissé entre elles. Loin de servir la
bande dessinée, ce format réussi à la fois l’exploit d’être peu
pratique – essayez de le lire autrement que posé sur une
surface plane… – et pas adapté. Affichant tous les strips
collés, il créé un effet de masse empêchant la respiration et ne
permettant pas d’apprécier le rythme particulier du strip quotidien.
On rajoutera que si l’on avait vraiment voulu montrer un dessin plus
grand – pourquoi pas, de manière raisonnable cela peut-être
agréable – c’est forcément un format à l’italienne qui aurait
été choisi, afin de pouvoir respecter l’homothétie des planches.
Un format à l’italienne, plus proche des strips d’origines, un livre plus massif que volontairement impressionnant, un respect du noir et blanc, un appareil critique ordonné… Voici ce qu’une véritable édition patrimoniale aurait du respecter pour pouvoir prétendre au titre. Et c’est justement ce qu’on fait les éditions Fantagraphics, avec une superbe édition restaurée sortie il y a déjà quelques années quand, liée sans doute par un contrat absurde et visiblement peu concerné par son patrimoine, Glénat se contente de (mal) adapter une discutable édition italienne.
1On
notera que cela n’a pas empêché La Dynastie Donald Duck
d’obtenir le Fauve du Patrimoine en 2012 à Angoulême…
2
Une voix médiane reprenant les format des Picsou Magazine, à
la manière des Trésors de Picsou, aurait pu être une bonne
option pour faire une édition correcte sans la rendre
inintéressante pour un enfant.
4« L’édition
se présente sous la forme d’un grand volume cartonné, dans
lequel les planches peuvent se déployer dans toute leur hauteur. Le
rendu est splendide et l’on éprouve un réel plaisir à découvrir
ces aventures dans de si confortables conditions. » sur
actuabd http://www.actuabd.com/L-Age-d-or-de-Mickey-Mouse-T6-Par
5Quoiqu’apparemment
publié sans la moindre logique : ici on a un portrait de
collaborateur, là une fiche personnage, là un article général…
Le tout pouvant se trouver au début comme à la fin de l’ouvrage,
voire au milieu !