Index de mes articles universitaires, point 4 sur ?

Comme à chaque fois, cliquer sur les images amène sur l’article.

PUBLIER POUR DIFFUSER LA PAROLE : Jack T. Chick, évangélisme trash et diffusion DIY à grande échelle

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PUBLIER POUR DIFFUSER LA PAROLE :
Jack T. Chick, évangélisme trash et diffusion DIY à grande échelle

Couvertures en anglais, espagnol, français et yoruba de Are Roman Catholics Christians?
Une 4e de couverture typique, sans tampon
Extrait du Film de votre vie, version française, non daté
Extrait de Party Girl, p. 09.

Fanzine hommage à Placid et Muzo

Index de mes articles universitaires, point 3 sur ?

En novembre 2022 je fais un point sur mes publications en début de troisième année de doctorat, alors que je me réinscris pour une 4e (et théoriquement dernière) année, voici le nouveau point ! J’écrivais en conclusion : « À suivre : d’autres recensions (pour le BBF et Communication…), des articles pour le Bulletin des bibliothèques de France, La Revue française d’histoire du livre, Comicalité, Voix Plurielles, Mémoires du livre, Archives des lettres canadiennes, Images du travail, Travail des images, Hermès et quelques autres projets, ainsi que deux directions de revues ». Le temps universitaire étant ce qu’il est, certains de ces articles ne sont toujours pas parus (voire écrit), mais la majorité oui, et par ailleurs d’autres se sont invités là !

En amorce toutefois, j’avais oublié dans ma dernière synthèse, une recension pour Textimages, revue d’étude du dialogue texte-image, qui a consacré un numéro à « Espaces et formes du texte dans la bande dessinée » sous la direction de Blanche Delaborde, Benoît Glaude et Pierre-Olivier Douphis. Je n’y avais pas écrit de long article, ce n’est pas vraiment mon champ, mais j’avais avec plaisir donné ma lecture de Presse et bande dessinée. Une aventure sans fin, ouvrage collectif dirigé par Alexier Lévrier et Guillaume Pinson aux Impressions nouvelles. Textimages n° 21 est paru au printemps 2022, désolé pour l’oubli et revenons donc au post-novembre.

Paru très peu de temps après mon point de l’an dernier, « Sylvie Rancourt, après Montréal » me permet d’étendre dans le Voix plurielles Vol. 19 n° 2 (novembre 2022) une communication donnée lors d’un chouette colloque sur la bande dessinée hors champ, en profitant d’un numéro sur le thème « Hors des centres : bande dessinée et comics au Canada » , dirigé par Chris Reyns-Chikuma et Jean Sébastien. J’y étudie le travail de Sylvie Rancourt, autrice intégrée au champ comme une originalité, avec un discours souvent répété sur la naïveté et son arrêt de la bande dessinée, ce alors qu’elle n’est ni complètement ignare de la bande dessinée (elle a indiqué en avoir toujours lu) et qu’elle a continué à produire des centaines de planches, mais après avoir quitté la capitale pour la campagne québécoise, où son travail était donc complètement inaperçu. Une relative invisibilité accentuée par son choix de faire dessiner ses récits par d’autres personnes, des personnes encore moins installée qu’elle dans le milieu et souvent très amateures. Il y a honnêtement encore beaucoup à écrire sur elle et ce travail je pense, mais ce papier premier une première étude de son travail post-2000 et je suis vraiment très content d’avoir pu le mener, d’autant que j’ai envisagé tout un doctorat sur Rancourt.

Un exemple de mini-zines auto-édités par Rancourt dans les années 2010

Images du travail, travail des images est une belle revue étudiant, comme son nom l’indique, la représentation picturale du travail, avec un angle en grande majorité sociologique. Leur n° 14, paru en février 2023, voit son dossier être entièrement consacré à la bande dessinée, sous la codirection de Jean-Paul Géhin, Françoise F. Laot et Pierre Nocérino. On y trouve notamment plusieurs contributions en partie en bande dessinée, ce qui est très stimulant, mais je n’avais ni le temps ni la compétence pour répondre sur cet axe. Il s’avère que la revue a aussi une section de textes courts, d’analyses brèves d’une image, potentiellement d’une planche, qui m’a permis de participer quand même avec ce commentaire d’une planche de La Petite Russie, une bande dessinée semi-biographique de Francis Desharnais sur une communauté autogérée du Québec.

Extrait de l’extrait commenté

La Revue française d’histoire du livre est une vieille revue dont le thème est assez clair. Pour son n° 143 ( février 2023), elle s’est penché sur le neuvième art du côté de l’édition avec le thème « Éditer la bande dessinée: approches nouvelles ». Sous la direction de Nicolas Champ, on trouve plusieurs textes vraiment intéressants. Il est malheureusement publié par une revue hors de prix et en accès fermé. Heureusement, la loi française autorise tout chercheur à déposer ses articles sur hal, vous trouverez donc mon article monographique sur les stratégies éditoriales des éditions Powx Pow (« Pow Pow, itinéraire d’un éditeur quadricéphale ») dans sa sobre maquette libre office ici.

Après avoir publié quelques recensions dans le Bulletin des bibliothèques de France, j’y ai publié le point d’étape « Fanzines et bibliothèques en France : une relation contradictoire », synthèse d’observations et enquêtes auprès des quelques rares fonds de bibliothèques territoriales accueillant des fanzines, et de leur politique pour la mise en valeur de ces fonds atypiques (souvent il n’y en a pas vraiment, mais parfois du désir !).

Le gros projet universitaire de cette année, hormis la rédaction de thèse débutée en juin, est sans nul doute la codirection de mon premier numéro de revue universitaire. C’est grâce à Philippe Rioux, qui m’a invité à faire ce travail avec lui, que j’ai eu la chance de pouvoir travailler sur le vol. 14 (n° 1) de Mémoires du livre/Studies in book culture consacré à « La bande dessinée vagabonde ». Pour le premier numéro que cette revue bilingue publiée par l’Université de Sherbrooke consacre à la bande dessinée, nous avons pris le parti des circulations, des transferts culturels et jeux d’adaptation et resémantisations. Les propositions ont été nombreuses et c’était proprement passionnant, même si le sujet permet sans nul doute de publier nombre d’autres articles.
Pour ma part, je cosigne logiquement l’introduction avec Philippe, où nous détaillons un peu nos ambitions, mais ait aussi eu le plaisir de cosigner un autre texte, avec Noémie Sirat, à propos des Nombrils et de la place de leur québécité dans son parcours européen au sein du magazine Spirou. L’article se nomme « Vers les Nombrils universels » et constitue clairement un angle important de mon travail de recherche, annoncé dès le résumé de quelques paragraphes de ma thèse quand je me suis inscrit. Je suis très très heureux qu’il paraisse, tout comme tout le numéro, on trouve les articles cités en lien et tout le numéro en cliquant sur l’image ci-dessous :

Au rang des recensions je suis bien content du doublé au sein de la belle revue Communication, éditée par l’Université de Laval, mais au Québec, à laquelle j’avais forcément envie de contribuer. J’avais écrit ces textes il y a bien un an et il s’agissait de retour sur des ouvrages de Fan Studies, champ que j’ai vraiment envie d’explorer même si ce n’était pas l’urgence de la thèse. J’ai donc lu avec grand intérêt deux ouvrages sur le sujet : Les fans, Une approche sociologique, de Gabriel Segré (Presses universitaires Blaise Pascal, 2020), dans une collection que j’aimais tellement que j’ai finis par y écrire un livre entre-temps, et Les Fans. Publics actifs et engagés, de Mélanie Bourdaa (C&F Editions, 2021), qui s’impose comme la spécialiste française des études de fans et est pour sa part en sciences de l’information et de la communication.

Enfin, toujours dans les recensions, j’ai profité de cette rentrée pour publier ma première note de lecture sur le carnet biblio de La Brèche, association de chercheureuses sur la bande dessinée qui est chère à mon cœur, puisque j’ai été des cofondateur, puis membre de sa collégiale durant deux ans. Mais je n’avais encore rien publié sur le carnet, chose désormais faîte avec ce recueil d’entretien avec des éditeurs de bandes dessinées alternatives par Frédéric Hojlo.

Dans les choses à venir encore en 2023-24 donc, outre la thèse, mes premiers articles sur Comicalité (il était temps ! Mais a priori rien de moins que trois dans trois dossiers différents), et des propositions en cours chez Hermès, Belphégor, Meridian Critic, ¿ Interrogations ?… Avec plusieurs collaborations, ce qui me réjouit ! Des articles pour neuvième art, bien sûr, et pleins de projets, mais que je mets de côté pour la rédaction de thèse.

Il y aura aussi, bien sûr, le numéro d’@nalyse, revue des littératures franco-canadiennes et québécoises, que je dirige sur le thème « Vingt ans de bande dessinée québécoise au XXIe siècle, affirmation et résurgences ». Pressé de vous le présenter. Allez, prochain point une fois la thèse soutenue !

Index de mes articles universitaires, point 2 sur ?

Après un premier point paru en mars 2022 sur les publication de ma première année et demi de doctorat, voici le point sur mes articles universitaires depuis, alors que j’entame ma troisième année ! (je ne compte pas les livres, j’en parlerais dans un post à part).

Alors bon, qu’y-a-t-il eu, comme vous le savez le temps universitaire fait que des choses paraissent des lustres après leur publication. Bref voici donc les articles parus entre mars de fin octobre 2022 !

La belle et intelligente couv de Jean-Charles Andrieu de Lévis

La très belle revue d’histoire culturelle Sociétés & Représentations a consacré son n° 53 (comme la Mayenne !) à la bande dessinée et particulièrement à la manière dont a été abordée l’histoire de la bande dessinée, sa façon de constituer ses archives, etc. Dirigé par Sylvain Lesage, ce numéro est particulièrement riche (et épais), avec de contributions de chercheurs et chercheuses que j’apprécie beaucoup, comme Benoît Crucifix, Florian Moine, Jessica Kohn… J’y ai signé un texte que je vois un peu comme le pendant de celui-ci, nommé « Bande dessinée québécoise : historiographie d’un champ sous double influence ».

La revue est en papier et sur Cairn, donc indisponible gratuitement aux non-chercheurs, mais j’ai déposé le texte (dans sa maquette finale, car la revue l’autorise ce qui est déjà ça) sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03668615

Ce n’est qu’une recension mais elle fait plaisir car elle est dans la Revue française des sciences de l’information et de la communication, une bonne grosse revue dans mon domaine. Pour le moments les appels à articles m’excitent modérément mais il y a de beaux dossiers réguliers, donc faire des recensions reste un moyen de participer à ce bel ensemble. Et ça tombe bien car le livre très multi-disciplinaire d’Anna Giaufret se cale bien avec une analyse InfoCom. Ma recension ici : https://journals.openedition.org/rfsic/13625

N’ayant sans doute alors pas tout compris à ce que demande comme travail un article universitaire j’avais, après un stimulant colloque, proposé deux articles à Strenae, très chouette revue sur le livre jeunesse et les objets culturels de l’enfance. Les deux ont été accepté, et il a fallu les écrire. Cela a pris du temps mais voici que la revue est parue et tout le dossier est vraiment passionnant, et riche avec une quinzaine d’articles tout de même ! Le site est en accès libre et on trouvera donc facilement mes deux texte.

Le premier, vu comme une sorte d’addendum à mon ouvrage sur Pif Gadget et le communisme et à des années de travail sur la question, aborde le sujet de Pif Gadget et l’écologie politique, occasion de lier mon engagement militant et cette recherche, sur un axe inattendu : https://journals.openedition.org/strenae/9420

Le second, nettement plus lié à ma thèse et croisant des sujets se recherche et passion, porte sur Pif Gadget au Québec et a été coécrit avec Sylvain Lemay, mon codirecteur de thèse, à travers l’étude de nombreux journaux et de la communication à propos du journal dans la province (où l’aspect communiste, pour le coup, était tu) https://journals.openedition.org/strenae/9439

Un contenu qui va aller en augmentant au fil des semaines, et donc à surveiller !

Ce n’est pas strictement universitaire mais cela reste lié à de la recherche, j’ai été chargé de diriger le dossier sur Julie Doucet (présidente de la BD !) pour neuvième art, revue en ligne de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image. Le dossier a été lancé vendredi dernier avec un article introductif de Marie Bardiaux-Vaïente et un long entretien que j’ai réalisé. Il a joliment été titré d’un extrait de l’échange « J’ai trop besoin de toucher, de manipuler la matière, de remuer ». Suivront d’autres articles, textes et témoignages, assurément un autre de ma main puis de johanna Schipper, Izabeau Legendre, Jean-Philippe Martin et Irène Le Roy Ladurie. Et potentiellement d’autres les dossiers étant ouverts à l’infini.

Si vous vous le demandez, le dessin de couv est celui de la couverture du n°14 de la seconde série des Aventures de Pif le chien (juin 1957).

Et c’est en novembre qu’est sorti mon article sans doute écrit depuis le plus longtemps pour le moment, en rythme universitaire je sais que ce n’est pas si long. Suite au colloque PIFERAI sur les strips de Pif le chien, les Éditions universitaires de Dijon ont donc publié le petit ouvrage Pif le chien – Esthétique, politique et société, sous la direction d’Henri Garric et Jean Vigreux, avec des noms qu’on retrouve dans Strenae, mais pas que. J’ai pour ma part fait une analyse pas du tout penchée sur l’idéologie mais sur l’historique éditorial et les réutilisation des strips par les éditions Vaillants, soit un article nommé « D’un support à l’autre, usage et réusage des strips de Pif le chien ». Un autre article universitaire sur Pif attend sa publication, mais j’espère que c’est le dernier à court terme, histoire de ne pas m’en dégouter ^^ En tous cas avec la sortie du livre et sa promo, tout ça a une convergence d’actualité qui, pour le coup, est assez intéressante.

Un article un peu hors de mes sujets de recherches, même si deux des personnes étudiées sont du Québec, tout de même, mais que j’ai tenu à écrire car le thème du dossier m’intéresse beaucoup. Par ailleurs, publier dans Alternative francophone, revue consacrées à la francophone « en mode mineur » dont j’aime beaucoup le postulat en cinq points et dont j’apprécie le fait qu’elle soit publiée par l’Université de l’Alberta, province où la francophonie est bien minoritaire, me faisait bien plaisir. Mon texte sur la vulgarisation/transmission scientifique du point de vue des auteurs/médiateurs se trouve sur ce lien, au milieu d’un beau numéro sur « La bande dessinée scientifique – Les nouveaux territoires du documentaire » : « Depuis la table à dessin : transmettre la science du côté des auteurs. »

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À suivre : d’autres recensions (pour le BBF et Communication…), des articles pour le Bulletin des bibliothèques de France, La Revue française d’histoire du livre, Comicalité, Voix Plurielles, Mémoires du livre, Archives des lettres canadiennes, Images du travail, Travail des images, Hermès et quelques autres projets, ainsi que deux directions de revues : un numéro de Mémoires du livre sur la bande dessinée vagabonde avec Philippe Rioux à paraître au premier semestre 2023, et un numéro (appel en cours) d’@nalyses sur « Vingt ans de bande dessinée québécoise au XXIe siècle ».

Bandeau de couv : photo d’un tiroir de mots prédécoupés pour les collages de Julie Doucet, dans son atelier, août 2022.

Index de mes articles universitaires, point 1 sur ?

Cela n’échappe pas à celles et ceux qui me suivent : j’écris beaucoup, de la chronique d’album au livre, en passant par la tribune d’opinion (et Julie Doucet a bien gagné !) ou l’article de fond. Depuis que j’ai débuté mon doctorat en septembre 2020 je publie aussi, forcément, des articles universitaires. Généralement long, parfois un peu laborieux, ils passent par le fameux principe de la relecture en double aveugle (deux correcteurs anonymes relisent le texte, anonyme aussi, le commentent et l’évaluent). De mon expérience c’est intéressant mais parfois curieux (j’ai parfois eu des relecteurs aux avis diamétralement opposés), c’est en tous cas un rythme très différent de la presse et une reprise assez éreintante. Moi qui déteste me relire ou revenir sur un truc fait dans le passé j’y suis bien obligé, c’est le jeu, et je découvre aussi des délais parfois très long, le délai moyen est bien de six à huit mois entre écriture et publication mais, dans certains cas (notamment les actes de colloques), ça peut prendre des années.

Autre chose remarquée, je suis en Sciences de l’information et de la communication, une matière qui est par principe aux croisement. J’écris donc dans des revues diverses avec des articles publiées ou en cours de publications dans des revues d’histoire (surtout, puisque mon labo est quand même un labo d’histoire culturelle), d’arts et lettres, de métiers du livres et des bibliothèques, de journalisme… Tout ça pouvant entrer dans les « revues qualifiantes » nécessaires pour chercher des postes une fois docteur. Tout ça est loin mais pas inintéressant. Je constate aussi des pratiques différentes selon les revues, plus ou moins exigeantes, même si je n’ai jamais eu l’occasion de traiter avec une revue prédatrice (de toute façon par principe si quelqu’un veut que je paie pour publier je fuis).

Bref, ci-dessous la liste des articles universitaires que j’ai publié à ce jour depuis le début de mon doctorat, certain ont été écrit bien avant : l’année anticipant ce doctorat pour Le Temps des médias notamment, en dialogue avec ma directrice, me permettant de débuter avec déjà un revue qualifiante dans mon CV, ou carrément dans des colloques fait il y a des années, comme celui sur Glénat. J’attends toujours la publication de celui sur Pif le chien, tenu en 2019.

Octobre 2020 : « La bande dessinée durant le Printemps érable (2012), un outil de diffusion et de mobilisation pour une lutte en cours », Le Temps des médias, 2020/2 (n° 35), p. 54-71. Premier vrai article publié dans le cadre de mon doctorat, en répondant à un appel pour un dossier sur les luttes sociales, il mêle mes quatre thèmes favoris : BD, politique, Québec et fanzines ! Autant dire que je pouvais m’arrêter là (mais non). J’ai envie de leur proposer un varia depuis longtemps, ce sera possible quand j’aurai fini les quatre articles en retard j’imagine….
En ligne : https://www-cairn-info.ezproxy.universite-paris-saclay.fr/revue-le-temps-des-medias-2020-2-page-54.htm (pour ceux qui n’ont pas cairn je l’ai mis sur hal aussi).

Je trouve ça curieux ces revues universitaires ne changeant jamais de couv, il n’y a même pas le thème (et en plus ils se sont gourés sur l’année).

Juin 2021 : « La bande dessinée québécoise et ses liens avec l’Europe francophone : une histoire artistique et critique encore à établir », Études canadiennes / Canadian Studies, 90 | 2021, 113-139.
Un texte présentant les intuitions de ma recherche future, je l’avais écris en début de doctorat, c’est un peu touffus, pas forcément très construit, mais particulièrement utile en début de recherche pour commencer à centrer mon propos. Un article à paraître cette année en est un peu le pendant du côté historiographie. De manière plus générale ça m’intéressait assez de publier dans la seule revue d’études canadiennes en France et je suis plutôt bien tombé avec un n° sur la jeune recherche pile quand je débutais la mienne ! En plus ils ont décidé de mettre tous les numéros sur OpenEdition dès parution avec ce numéro https://journals.openedition.org/eccs/4774

Entre les gros folios, les textes au milieu de l’image géante et la couleur de typo on a autant un recueil d’articles, vraiment chouette, qu’un essai plastique et d’édition, qui me questionne un peu plus.

Juin 2021 : «  Inachève bien les chevaux, tentative de typologie des bandes dessinées inachevées », Éclat n°1, p.
Si ce n’est pas strictement une revue universitaire (il n’y avait d’ailleurs pas de relecture en double aveugle), cette revue éditée par la Haute école des arts du Rhin et 2024 publie les actes d’une journée d’étude passionnante tenue en octobre 2019 sur la BD fragmentée, curieusement mêlée à des dessin d’étudiants et à une mise en page en typo viollete-rose, pourquoi pas. J’avoue assumer modérément le jeu de mot de titre finalement ^^ Texte sur hal : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02549690

Autre exemple de revue avec toujours la même couv mais là le thème est annoncé.

Août 2021 : « La bande dessinée argentine et la politique, autour d’un malentendu – Entretien avec Latino Imparato », Caravelle n° 116, p. 151-166.
Comme j’ai fait un dossier de revue sur la BD argentine, une anthologie de BD colombienne, que je publie aussi des chiliens dans Gorgonzola, des gens croient que je suis expert de la zone latino-américaine : en fait, absolument pas, je ne parle d’ailleurs ni espagnol ni portugais ! Alors quand on m’a contacté pour un dossier sur la BD argentine et la politique dans une des plus grosses revues d’études hispaniques et lusophones j’étais un peu embêté. In fine, on m’a proposé de réaliser un entretien avec un acteur de l’édition en France, c’était alors beaucoup plus simple et pas un réel article universitaire, mais bien dans une revue universitaire, le malentendu du titre pourrait aussi désigner mon rapport à la BD latino-américaine.
C’est en ligne sur OpenEdition : https://journals.openedition.org/caravelle/10859

Novembre 2021 : « Jacques Glénat et les fanzines », avec Philippe Capart, et « Titeuf et la génération Tchô », dans Reyns-Chikuma Chris (dir.), 50 ans d’histoire des éditions Glénat, Presses de l’Université de Liège, coll. « ACME ».
La journée d’étude a du avoir lieu en 2018, bizarrement l’éditeur a tenu à fusionner la communication de Philippe et moi, qui parlait du jeune Glénat-Guttin, pourquoi pas mais ce sont vraiment deux blocs indépendants réunis un peu artificiellement. Constatant que durant ce colloque personne n’avait parlé de Titeuf et Tchô, juste tout de même importante chez Glénat, j’ai proposé un article sur ce sujet aussi. C’était beaucoup, mais j’aime vraiment cet article, même si croyant que le livre ne sortirai jamais j’en ai proposé une version plus grand public et limité à Titeuf à Bédéphile, et que les deux trucs sont finalement sortis en même temps, hum.

Décembre 2021 : « Le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise : construction, limites et réceptions d’un objet contradictoire », InterFaces n°31 (2).
Article pour la revue en ligne de l’Universidade Federal do Rio de Janeiro, revue majoritairement en portugais consacrant son dossier au thème « Prix : querelles et consécrations ». C’était intéressant à faire, sur une matière très contemporaine (qui a déjà évoluée) et c’est en ligne : https://revistas.ufrj.br/index.php/interfaces/issue/view/1922/

D’autres articles sont déjà écris : deux pour Strenae, un pour Société & Représentation, un est en cours de rédaction pour Alternative francophone, un autre pour la Revue française d’histoire du livre… Un projet de numéro coordonné pour Mémoires du livre, des projets pour le Bulletin des bibliothèques de France et Sur le journalisme… Mais aboutiront-ils ? Quand paraîtront-ils ? C’est un mystère ! M’enfin, c’est déjà pas mal en un an et demi de doctorat ces publications.

Page pour « J’ai », le fanzine

Alors que les cinémas autres lieux de loisirs restaient fermés, El Chico Solo s’ennuyait sur Facebook et s’est mis à intégrer furieusement des connaissances et amis dans des groupes divers. Un sur les BD rares, un sur les livres et revues sur la BD, un sur les BD franchement bizarres ou moches… Puis face aux exclamations de « J’ai » est née une règle : si l’on peut prouver qu’on possède le truc rare (ou que le posteur a cru rare), l’auteur du post envoie un fanzine. Sacré machin et il y en a qui reçoivent des tonnes de paquets (moi je n’en dois qu’un, mes zines québécois sont globalement inconnus). Il y a aussi des jeux spéciaux régulièrement, auxquels je ne comprend que pouic.

Tout à sa furia El Chico Solo a carrément publié un zine, gratuit contre des timbres, destiné au groupe, avec les meilleurs posts et des BDs et illus inédites, de lui, de Placid, de Zou, de JC Menu, de JP Jennequin, etc. (sommaire ici) J’y ai donc fait une page, destinée à n’être que très peu imprimée et globalement peu compréhensible (mais on y parle BD et égocentrisme, vous ne serez pas perdus). Mais j’ai convaincu El Chico Solo d’en envoyer un exemplaire à la Cité de la BD pour la mémoire !

Ci dessous la page en question donc. Il y a eu d’autres zines en liens avec le groupe, des zines gags, des réponses, je vous avoue que là même membre je n’arrive pas à suivre. Et pour les curieux le groupe est ouvert et accueille des nouveaux membres, rien qu’en regardant ce qui a été publié il y a de quoi se rincer les yeux.

Ma première BD en librairie : « Hommage à Charlie Schlingo », Comix Club n° 3, mars 2006.

En 2006 l’Égouttoir et Gorgonzola existaient déjà, j’étais en première et un évènement majeur allait arriver ! C’était la glorieuse époque des blogs BD, je discutais parfois avec Fafé sur MSN et les éditions Groinge avaient lancé Comix Club. Pour moi c’était dans le nec plus ultra, j’aimais déjà Ibn al Rabin et Jean Bourguignon, avec qui je ferai un album plus tard (et bé). C’est aussi dans Comix Club que Bsk a publié un des meilleurs strips de l’histoire.

Mais en tous cas j’avais assez bizarrement dit à Fafé que mon frère écrivait bien et était calé en BD et pourrait écrire des articles, ils avaient vu ses chroniques sur bulledair, il avait un blog à l’époque aussi. Bref, il a ainsi reçu l’appel à participation et j’y ai vu cet appel pour un hommage à Schlingo, on ne m’avait rien demandé, mais j’ai fait cette page qui a été étonnamment acceptée (Était-ce déjà J-P Jennequin à l’époque ou encore Big Ben qui s’en occupait ?). Bon la page est pleine de défauts, mais on y note déjà l’autobio et le goût du sommaire (et le mécontentement face à une aberration). Sans doute lié au fait que je devais l’appel à communication à mon frère je l’y ai dessiné, de manière bien peu avantageuse et je m’en excuse encore.

En tous cas voilà, ma première page de BD était en librairie, j’allais devenir dessinateur pro c’était sur ! Bon, ce fut à vrai dire aussi (je crois ? en tous cas il y en a eu peu) la seule page que j’ai dessinée qui s’est retrouvée en librairie. Dans le numéro suivant, j’écrivais mon premier article. Son sujet ? L’amour que je portais au fanzinat. Pour le coup, là, je n’ai pas fini d’en parler, en librairie comme ailleurs.

Notes techniques d’un apprenti journaliste (Jade 200U – Nos amis les médias ?, septembre 2009)

L’intégrale des numéros de Jade a été mise en ligne par 6 pieds sous terre. J’avais eu le plaisir d’y entrer par ce texte, qui a bien des défauts (ha, la folie donneuse de leçon de la jeunesse ! Oui je sais, toujours, mais pas pareil) mais qui me semble à vrai dire plutôt vrai. Depuis je me suis collé à de la chronique alimentaire et que je comprends un peu mieux que quand on en vit, il faut bien manger. Je suis depuis revenu à un autre métier que j’apprécie bien plus de faire de manière alimentaire et n’écris donc que si envie, ce qui est bien (et ne m’empêche pas d(accepter des commandes intéressantes).
Le texte était paru dans le Jade 200U sur le thème « Nos amis les médias ? », j’avais eu la surprise de le voir précédé d’une BD de Gilles Rochier, auteur des si recommandables Les Frères Cracra, Dernier étage, Temps Mort, Ta mère la pute, Solo… Il racontait notre rencontre pour Du9 et a accepté que je reproduise ici la bande dessinée en introduction, merci à luit (son instragram est là).
J’avais trouvé – outre que je l’étonnement d’être représenté en austère très calme – qu’il exagérait un peu avec sa question à rallonge qui n’en est pas une, pour le ressort comique. Seulement, après vérification sur l’entretien retranscrit que l’on trouve ici, il s’agissait d’un pur copié/collé. Hum.

Un Gilles Rochier visiblement traumatisé, 2009.

Jeune passionné de Bande Dessinée, j’ai pu, au fil des ans, m’essayer à la critique. Timidement d’abord au sein de la revue Comix Club, dont je suis devenu un collaborateur régulier, puis à travers des chroniques sur le site Du9, jusqu’à l’animation à la rentrée d’une émission radio bimensuelle consacré à ce médium. Durant ces années j’ai eu l’occasion de fréquenter un certain nombre d’expo, galeries, conférences de presse, festivals… et de pouvoir par la même occasion en admirer la faune… Ce qui suit n’est pas un système théorique : il s’agit de simple notes et observations tirées de cette expérience modeste, mais parfois édifiante.

1°) Le terme de Journaliste en Bande Dessinée porte en lui-même un paradoxe fort. En effet, ceux qui traitent le mieux du médium sont rarement officiellement journalistes (ils n’ont pas de carte de presse), alors que des journalistes assermentés se transforment bien souvent en simples reproducteurs de services de presse… Le travail véritable sur ce médium vient généralement de sites et revues spécialisées, dont les contributeurs sont amateurs, dans les deux sens du terme : ils aiment ce dont ils parlent – et le connaissent donc bien – et ne sont pas rétribués pour leurs travaux. Bien souvent d’ailleurs, ce bénévolat garantit une approche plus sincère. Ainsi, même des sites de tendance mainstream, défendant une conception rétrograde ou purement commerciale de la bande dessinée comptent parmi leurs rédacteurs des gens passionnés (dont la démarche est d’une grande sincérité), qui ont le mérite de savoir ce dont ils parlent. Ce qui parait rarement être le cas hors de la presse spécialisée.

C’est là que le bât blesse. On retrouve le même problème de légitimation qu’avec la diffusion des albums. Il a paru nécessaire de quitter le ghetto de la librairie spécialisée, pour que les ouvrages de bande dessinée rejoignent les autres livres. C’était d’ailleurs un combat légitime. Il n’empêche que sans certains de ces libraires militants pour la soutenir, la bande dessinée dite alternative n’aurait jamais pu avancer comme elle l’a fait, et ne pourra pas continuer à le faire. Le journaliste spécialisé connaît le même problème : il lui faudrait pouvoir intégrer des médias généralistes. En effet, bien qu’il lui soit toujours essentiel, la critique de bande dessinée aurait tout intérêt à sortir de son micro-microcosme.Il faut ces revues de fond, ces sites spécialisés avec un vrai travail et une vraie connaissance du travail des auteurs, des éditeurs, etc… Il faut avancer, et continuer de creuser le sillon ne serait-ce que pour donner une manne critique dans laquelle de « vrais journalistes », un peu plus scrupuleux que d’autres, pourraient venir s’informer, apprendre, et vulgariser. C’est le lot de toute critique qui se veut pointue d’avoir un public restreint. Il n’empêche que, même en sachant cela, un sentiment de vacuité peut naître chez l’apprenti critique qui se rend compte que, quelle que soit la dose de sérieux qu’il mettra dans son travail, il ne pourra jamais concurrencer l’amateurisme de certains professionnels…

2°) Au cours d’un micro-festival je surprends par hasard une discussion devant le stand de ma petite structure. Une personne, qui se révéle être malheureusement incontournable dans le microcosme, parle avec beaucoup de plaisir d’un article qu’il vient de publier sur un site d’information. En écoutant discrètement cette conversation, à laquelle je n’ai pas été convié, je reçois une leçon édifiante. Il évoque dans ce papier des planches d’Aurélia Aurita publiée dans Libération. La dessinatrice y racontait sa rencontre avec une journaliste d’Elle, qui lui avouait sans honte n’avoir pas lu son livre, après quoi Aurita refusait de donner l’interview. Jusqu’ici je trouvais en effet cela instructif : quel culot de la part de la journaliste ! Et bien non, notre homme expliqua alors qu’il était vraiment choqué de l’attitude de diva de l’auteur, que c’était vraiment se foutre du monde et que, franchement, « comme si c’était nécessaire de lire un livre pour en parler ».

Cette phrase, caricaturale au possible, est pourtant véridique. Le pire dans tout cela étant qu’en plus l’idée peut réellement se défendre. Ce journaliste tient le credo d’une bande dessinée diffusée le plus largement possible, d’où un engagement vers une BD plus caricaturale et souvent racoleuse1, et d’un combat incessant contre la majeure partie des alternatifs, sa seule jauge qualitative étant devenu les chiffres de vente. Dans ce schéma, il paraît simplement important que la bande dessinée rentre dans un maximum de médias. Il ne s’agissait dans Elle que de faire un portrait d’Aurita et non pas un travail critique, simplement faire découvrir l’auteur (et non son travail) à un public qui n’y connaît rien. L’incompétence de la journaliste d’ Elle dans le domaine de la bande dessinée n’aurait donc pas d’importance puisqu’il ne s’agit que de vulgarisation. Ce point de vue peut tenir, mais est-il vraiment viable ? On ne peut certes pas demander aux journalistes généralistes de connaître parfaitement la chose , mais, en sacrifiant tout recul critique au bénéfice de la médiatisation, on ne fera certainement pas le jeu de la bande dessinée : on préparera plutôt son caveau. Pourquoi paraît-il donc si aberrant de défendre une médiatisation populaire pointue ?

3°) J’ai un jour eu envie de m’adresser à un public un peu plus large, et ai frappé à la porte d’une revue importante dans le monde de la japanimation. Mon idée était de traiter de mangas plus alternatifs au sein d’une revue à large diffusion, pensant (et je le pense toujours) que les deux n’ont rien d’irréconciliable. Après avoir sollicité la rédaction, ils m’ont, fort logiquement, demandé un CV et un essai. J’avais justement publié un article sur Du9 à propos d’un livre de Ebine Yamaji, une mangaka révélée par Asuka qui me semble être parfaitement accessible et exigeante. Je leur ai envoyé mon texte, il faisait environ deux pages, car l’intrigue était particulièrement complexe et que j’avais vraiment voulu traiter de tout le travail de l’auteur. On m’a répondu qu’il était trop long.

Parfaitement prêt à faire des concessions, je réduis l’article à une page et le renvoie. On me répond qu’il est toujours trop long. «Une bonne chronique doit faire 500 signes » me signale-t-on. 500 signes ! Je veux bien croire que j’ai tendance à être bavard, mais 500 signes représentent environ 6 lignes ! Je me suis essayé à triturer et découper mon texte pour le réduire à cette portion congrue. Qu’en restait-il ? Un vague résumé et des compliments. Terminé les nuances, exit les petites réserves : on aime ou on n’aime pas. C’est ça la dictature du 500 signes, la revue qui me l’a appris n’est absolument pas un cas à part. C’est une marge naturelle ? Ma chronique ressemblait à un triste service de presse, j’ai donc renoncé à la publier. Je compris mieux alors pourquoi un grand nombre de « journalistes » se contentent de les recopier… Et la différence subtile que certains placent entre chronique et critique.

Quelques jours plus tard, je reçois un courriel enthousiaste de l’éditeur de Yamaji . Il était vraiment heureux d’avoir vu sur Du9 une vraie lecture de son livre, un peu plus longue que d’ordinaire, même s’il me signalait n’être pas d’accord sur tout. J’ai pu par la suite voir d’autres réactions d’éditeurs, ou d’auteurs, et tous étaient d’accord pour apprécier une critique un peu approfondie. En observant les lecteurs, j’ai pu constater qu’eux aussi préféraient plus de développement à un flot de textes courts purement informatifs, ne disant rien d’original, et ne donnant envie de rien. C’est à se demander alors pourquoi la pratique est si développée si personne n’y trouve son compte.

Une réponse se trouve peut-être du côté des journalistes eux-mêmes. La plupart des journalistes reçoivent des services de presse, et cet usage peut se défendre dans certains cas. Mais pour conserver ce privilège, il faut en traiter un maximum (généralement un peu chez chaque éditeur), même superficiellement. D’où une masse de titres traités en une page, ce qui conduit tout simplement à un paquet de notices illisibles, et une saturation pour le lecteur qui ne sera pas plus aiguillé qu’avant. Dès lors il lui est plus simple de se retourner vers des « valeurs sures » (toujours traités en tant que tels dans les entrefilets) que d’être curieux. Traiter plus de titres, pour gagner plus de services de presse ? Il serait sans doute excessif de réduire le problème à ce seul facteur2, il n’empêche que dans ce sacrifice de la qualité à la quantité, les seuls à vraiment y perdre sont une fois de plus les lecteurs…

1 Qu’il appellera populaire, faisant à mes yeux preuve d’un véritable mépris du « peuple » qu’il dit défendre.

2Mais il ne fait aucun doute que les SP jouent un rôle réel dans la dictature du 500 signes, le véritable commerce parallèle qui s’est développé par leurs biais en témoigne.

La bande dessinée Québécoise (France Québec Mag n°180, août 2017)

Reprise de l’article publié par le magazine de l’Association France-Québec, dont je suis membre depuis plusieurs années, longtemps inactif si ce n’est par cet article publié il y a deux ans et demi (j’ai décidé de m’y investir activement cette année, en entrant au CA de Laval-Québec, structure locale de l’association dans ma ville). Depuis quelques petites choses ont changé : malheureusement La Mauvaise Tête a cessé sa production, de son côté Pow Pow s’est par contre largement développé, avec un catalogue de plus en plus riche et essentiel (Lisez Les Petits Garçons, de Sophie Bédard !). La revue Front froid semble avoir cessé ses activités en périodique pour se consacrer à l’édition d’albums, dans le même esprit que la revue, quand Planches existe toujours après une période de flottement, et affiche un beau programme pour l’année à venir après avoir coédité son premier album en lien avec le festival de Montréal. Ces réserves posées, voici l’article tel que publié à l’époque.

Couverture du numéro où l’article a été publié.

La Bande Dessinée québécoise (BDQ) est issue d’une longue tradition graphique, notamment celle de la caricature anglo-saxonne. Ainsi, quand Punch in Canada paraît en 1849, la première revue d’humour dessiné, souvent politique, du Québec s’inspire directement de son aîné. S’il ne dure que quelques numéros, de nombreux autres magazines du même type naissant, développant une approche graphique populaire. C’est le 18 août 1909 qu’un certain Morisette publie Petit chien sauvage et savant dans Le Canard, ce strip muet est la première publication connue d’un auteur québécois qui dépasse le dessin unique pour être une vraie bande dessinée [NDA : Depuis, suite à des échanges avec un historien de la BDQ, il s’avère que cette affirmation issue d’un ouvrage de Mira Falardeau n’a aucune réalité historique, rien ne prouve que l’auteur soit québécois ni même qu’il s’appelle Morisette !]. Par la suite, plusieurs auteurs se démarquent dans la presse généraliste, souvent pour des pages d’humour à la manière des journaux étasuniens. Parmi eux, Albéric Bourgeois créé Timothée pour La Patrie, série au long cours ou des bulles sont utilisés dès 1904, une première dans la BD francophone ! Mais malgré ces débuts prometteurs, la concurrence américaine – ou un système de vente de strips centralisés par journaux et états permet de faire largement baisser les coûts – balaie rapidement la création locale…

La BDQ traverse alors une longue période de disettes. Bien sûr des productions existent, principalement des séries hagiographiques catholiques… La Société Saint-Jean-Baptiste publie des contes, des revues spécialisées sont publiées par la JEC, Fides sort quelques albums… Mais le but est purement didactique et cela se poursuit jusqu’à l’après-guerre. Une exception notable, celle d’Onésime, par Albert Chartier. Ce personnage, extrêmement connu outre-Atlantique, mais quasi inconnu ici, est publié pour en 1943 dans le Bulletin des Agriculteurs du Québec. Très lue, cette revue professionnelle accueillera les aventures de ce gentil naïf jusqu’en 2002, avec plus de 600 planches à son actif ! Pour beaucoup de Québécois, il s’agit de la seule création locale d’un niveau équivalent aux magazines européens. Chartier est également des années durant un des seuls auteurs québécois à vivre de la BD.

En 1968, alors que des magazines comme Spirou ou Tintin traversent l’océan (de manière parfois aléatoire), la vague contre-culturelle mondiale touche évidemment le Québec, qui est lui-même en pleine mutation et « révolution tranquille ». Le groupe Chiendent, mené par le poète Claude Haffely et des plasticiens contemporains, tente de monter un groupement à l’américaine pour placer ses bandes dans la presse québécoise. Quelques-unes paraissent, mais le contenu radical désarçonne et les auteurs vaquent à d’autres occupations tout en marquant durablement les lecteurs. De nombreux fanzines naissent, Jacques Hurtubise et son Hydrocéphale illustré (1971) créent le comics-book Capitaine Kébec, puis il lance Croc en 1979, magazine d’humour inspiré de Pilote qui sera leur premier vrai succès. 189 numéros paraissent, jusqu’en 1995, publiant les premiers travaux d’auteurs majeurs comme Fournier & Godbout (Michel Risque) ou Jean-Paul Eid. Il ne s’agit cependant pas que de BD, mais aussi beaucoup d’humour, d’actualités… Hurtubise lance donc une revue de grande qualité nommée Titanic, exclusivement consacrée à la BD, en 1983. Mais c’est un échec, un fanzine underground nommé Iceberg naît même en opposition amusée !

Trois générations de revues québécoises consacrées ou laissant grande place à la bande dessinée.

Il reste que Croc permet une vague de professionnalisation sans précédent, et s’il cantonne à l’humour le magazine ancre l’idée qu’une BDQ est possible. De très nombreux fanzines se créent, ainsi que des petites maisons d’édition osant la BD (Kami Case, Zone convective, Mille-Îles…), et une revue d’humour dessinée concurrente, Safarir, qui vivra jusqu’au milieu des années 2000, mais là aussi sans être exclusivement centré sur la BD et en s’éloignant de la satire propre à Croc. Safarir est un des rares exemples de revue québécoise ayant tenté de percer sur le marché européen puis États-Uniens avec des publications spécifiques, mais l’échec est patent dans les deux cas.

La deuxième moitié des 80’s voient aussi apparaître les travaux Julie Doucet et Sylvie Rancourt. Ces deux autrice, relativement éloignées du milieu de la BDQ et dont les travaux ne se croisent pas, ont la spécificité – outre d’être des femmes, chose assez rare à l’époque –, de pratiquer l’autobiographie et l’auto-édition. Longtemps elles seront parmi les plus célèbres représentants du 9e art québécois hors des frontières. Julie Doucet s’impose rapidement comme une pionnière de la BD underground francophone et est publiée en France dès les débuts de L’Association, maison d’édition majeure du renouveau des 90’s. Elle raconte ses rêves, sa vie de femme, son quotidien… Sans pudeur et loin des conventions avec un dessin volontiers trash. De son côté Sylvie Rancourt raconte, sans savoir spécialement dessiner, son quotidien de strip-teaseuse et vend ses BD dans les boîtes où elle danse, avant qu’elles soient reprises et commercialisées, notamment au USA ! Les spécificités propres à ces autrices cultes sont une particularité inexplicable – la raison la plus logique est qu’il s’agit d’un hasard – de la BDQ.

Les années 90 voient donc une génération d’auteurs arriver après des années stimulantes, où le marché reste très contraint par les productions franco-belges et américaines, mais où une carrière d’auteur est possible. Cela permettra l’émergence de structures plus fortes et de tout un tissu alliant auteurs, éditeurs, librairies… Les éditions La Pastèque se créent en 1998, Mécanique générale est fondé par l’auteur-libraire Jimmy Beaulieu à peu près à la même époque… Des fanzines puis des livres, permettant de concrétiser des travaux aperçus depuis des années : Benoît Joly, Pascal Girard, Luc Giard… La longévité de ces structures permet de voir différentes générations réunies. En même temps qu’ils republient des auteurs underground, comme Siris, ou de jeunes auteurs lors de l’avènement des blogs BD (Iris, Zviane…), ils se lancent dans des travaux patrimoniaux : Fournier & Godbout, Jean-Paul Eid ou Albert Chartier retrouvent le chemin des librairies !

Après une longue période de gestation liée à un environnement très peu protecteur, la production de BD québécoise a su s’affirmer et se rendre incontournable. Si pour beaucoup d’auteurs le Graal reste de percer en Europe (le marché francophone québécois restant très restreint), la simplification des communications facilite largement les échanges. Ainsi Paul à Québec, autobiographie de Michel Rabagliati ancrée dans son territoire, a obtenu le prix du Public à Angoulême en 2010 quand Guy Delisle a, lui, remporté le Fauve d’Or en avec ses Chroniques de Jérusalem en 2012. Du côté des ados Les Nombrils, des Sherbrookois Delaf et Dubuc, paraît dans Spirou et est une des séries les plus populaires des ados français. Une réalité montrant bien que la BDQ peut percer de manière totalement autonome, au-delà du pittoresque.

Parallèlement à ces structures historiques et à ces auteurs au CV déjà bien long voyant leurs carrières récompensées, une effervescence est encore en cours : de nombreux festivals, prix, formations… se créent. L’éditeur Glénat a même créé une filière spéciale, « Glénat Québec », pour repérer les talents locaux, associés à la force de frappe d’une des plus grosses maisons d’édition française. Enfin, de nombreuses structures se créent, comme les maisons d’édition Pow Pow et La Mauvaise Tête, lancée par des auteurs, qui présentent les travaux de la jeune garde québécoise sous des graphismes magnifiques (Michel Hellman, Vincent Giard, Luc Bossé, Zviane…). Du côté des revues, on peut saluer deux initiatives méritant particulièrement d’être soulignées : Front Froid, consacrée à la BD de genre, axe original permettant de mettre en lumière des auteurs au style plus réaliste dans des formats courts, et Planches, lancée voici trois ans pour promouvoir des auteurs québécois de tous styles. Si aujourd’hui l’objet de Planches a un peu évolué, la revue comporte toujours de nombreux auteurs locaux et met en avant cette production dans de longs dossiers révélant par la publication comme l’analyse la richesse de la production québécoise.