Comme à chaque fois, cliquer sur les images amène sur l’article.
Lors du congrès 2022 de l’Association des bibliothécaires de France, le sociologue Denis Merklen (dont j’avais parlé ici) a réalisé une conférence d’ouverture qui a tapé dans l’œil des éditrices des Presses de l’enssib. Elles ont décidé d’appeler une dizaine de professionnels très divers – allant de grands pontes à des militants associatifs en passant par un collègue ayant posé une question lors de la conférence – afin de leur proposer de commenter et prolonger la réflexion de Merklen, dans une série de rebonds aux approches très diverses. Avec Stéphanie Khoury nous ne sommes pas de grands pontes, mais nous avons été contactés suite à la parution de notre opuscule, Les Bibliothèques de proximité (Presses universitaires Blaise-Pascal). Comme pour l’ouvrage, nous avons écrit à deux mains un texte nommé « Assumer la communauté », et tout est en accès libre sur openedition ici, avec la conférence inaugurale et ses exégèses et prolongements ! Pour notre part nous partons vraiment de quelques mots et d’une idée générale et glissons sur ses propos en le croisant avec d’autres (notamment un texte brillant de Cécile Boulaire) :
En tant que critique BD comme en tant que bibliothécaire, il arrive souvent que vienne la question du « roman graphique », terme qui m’énerve toujours un peu pour ce qu’il charrier souvent dans la bouche de celles et ceux qui l’utilisent : se distinguer de la bande dessinée, souvent en étant loin des intentions et du contexte originel du terme. Il reste que le terme a eu un succès marketing réel, et impose de s’adapter à cette réalité langagière pour, en tant que bibliothécaire, accueillir correctement et répondre aux demandes des personnes qui viennent régulièrement se renseigner auprès de nous. Alors le roman graphique en bibliothèques, qu’en faire ? Je tente de détricoter tout cela dans cet article pour la revue roumaine Meridian Critic, une revue de littérature consacrée au « roman graphique » justement, et se trouvant soudain avec un article de bibliothéconomie, qui m’a permis d’enfin poser cette réflexion qui me trotte depuis longtemps en tête.
Étant chercheur sur la bande dessinée, il y a une certaine logique à ce que je publie un jour dans Comicalités, et pourtant je ne l’avais toujours pas fait ! En réalité j’avais des articles en attente de parution depuis pas mal de temps, mais outre que j’étais très en retard sur certains articles il y a un temps normal de publication et, hasard de calendrier, deux papiers sont parus en quelques mois d’affilés ! Comme il y en a deux, je ne mets pas le logo mais un extrait d’image à cliquer.
J’ai ainsi participé au dossier « Dessins d’enfance dans la bande dessinée », auquel j’avais proposé un article un peu atypique puisque sans double aveugle puisque je revenais sur mes archives de « dessinateur de la famille » ou « artiste de la classe » qui, finalement, n’a pas vraiment continué. J’y montre un rapport aux codes de la bande dessinée (bulles, cases, séquences) même avant de savoir lire et, surtout, un rapport à la publication, en singeant les codes du magazine ou de l’album. Cela s’appelle « Bande-dessiner avant de savoir lire, une exploration d’archives personnelles », je suis très curieux de retours dessus, car l’intérêt ne me semblait pas évident mais, curieusement, il intrigue.
Le deuxième article est la version largement augmentée d’une communication tenue lors d’un colloque MédiaBD sur la bédéphilie sur la « bédéphilie en revue ». Il trouve désormais sa place dans le dossier permanent de Comicalités sur l’« Histoire et influence des pratiques bédéphiliques ». C’est un dossier passionnant dans son ensemble, sans surprise j’aime beaucoup ce sujet, j’y ai écrit un article très nerd que j’aime bien aussi, à savoir l’analyse de l’ensemble des chroniques « Et les fanzines ? » publiées dans Spirou de décembre 1972 à mars 1978. Il s’agit d’une section assez marginale, qui a connu à peine plus de 80 occurrences sur six années d’existence, dans un hebdomadaire, mais elle-même histoire du fandom, discussions entre fans, petites annonces, et laisse voir énormément de choses passionnantes. Au rang des choses intéressantes mises à jour : de futurs acteurs du milieu déjà visible, l’émergence d’un vocabulaire spécifique (avec par exemple des hésitations sur « fanzinothèque » ou « fanédithèque »), des échanges très marqués sur les questions de production matérielle, etc. Et je ne vous parle pas de cet hommage cherchant des auteurs japonais en 1973 ! (sans succès)
Après un article sur les fanzines dans les bibliothèques municipales, j’ai profité de ma formation d’élève conservateur territorial des bibliothèques et d’une journée d’étude que nous organisions avec nos collègues élèves conservateurices d’état sur la question de la précarité en bibliothèque pour réaliser avec Soizic Adam, Marie Denancé et Juliette Eyméoud cet entretien avec Alexandre Favereau-Abdallah, responsable des politiques de développement des publics et d’accueil des publics du champ social au service des bibliothèques et du livre de la Ville de Paris, publié par le Bulletin des bibliothèques de France en septembre.
Décidément toujours en lien avec l’Enssib, les Presses de l’école ont publié en septembre un ouvrage qui vient poursuivre et compléter le travail que j’avais entamé avec Bandes dessinées en bibliothèques (Cercle de la librairie, 2018). Dans ce premier ouvrage sur le sujet, Benjamin Carco avait rédigé plusieurs chapitres. Cette fois il dirige l’ouvrage Valoriser les bandes dessinées et les mangas en bibliothèque, dans la collection La Boîte à outils, et j’y ai écrit un chapitre nommé « Recommander des bandes dessinées en bibliothèque : prescrire et/ou ouvrir », qui a surtout pour objet de présenter différentes médiations atypiques ou originales autour de la bande dessinée. Le volume a l’air tout à fait passionnant, avec des données à jour, plus de place pour les bibliothèques universitaires et une très belle contribution graphique de Chloé Cruchaudet, entre autres.
Au rang moins purement utilitaire en terme de qualifications universitaires, mais toujours intéressants pour se forcer à des lectures fines d’ouvrages, j’ai aussi rédigé plusieurs recensions d’ouvrage ces derniers mois, pour des revues différentes. Les recensions sont aussi pour moi l’occasion de parfois, pas systématiquement loin de là mis parfois, sortir de la bande dessinée pour explorer d’autres champs : les fans studies il y a quelques temps (évoquées dans mon précédent post d’index universitaire), le livre d’occasion ici, etc.
J’ai donc publié quatre recensions ces derniers mois, la première dans Distances et médiations des savoirs, revue du CNED, à propos de Le livre d’occasion, sociologie d’un commerce en transition, de Vincent Chabault (Presses universitaires de Lyon). Ce sociologue du commerce clôt ainsi une série de recherches sur le commerce du livre :
Pour la Revue française des sciences de l’information et de la communication (ou j’ai projet de bientôt parler fanzine), j’ai rédigé une recension sur le catalogue de l’exposition sur La bande dessinée du réel : Une nouvelle forme de journalisme ?, de Florence Amsbeck & Christophe Cassiau-Haurie. Ce catalogue d’une exposition ayant eu lieu dans une bibliothèque (la BnU) synthétisait assez magiquement de cette étrange discipline qu’est l’infocom et dont dépendant les bibliothèques, le journalisme ou l’étude médiatique.
Bande dessinée toujours, quand même oui je continue mes passions hein ^^, avec cette recension des actes du colloques À coups de cases et de bulles – Les violences faites aux femmes dans la bande dessinée, un ouvrage dirigé par rien moins que quatre personnes (Frédéric Chauvaud, Lydie Bodiou, Jean-Philippe Martin et Héloïse Morel) qui a l’avantage d’être aussi entièrement en ligne sur openédition ! Cette recension là est dans le dernier numéro de Questions de communications, revue à vocation interdisciplinaire et pluraliste du Centre de recherche sur les médiations de l’Université de Lorraine.
Et ce tour de recensions se termine avec une nouvelle recension pour le Bulletin des bibliothèques de France. Ci-dessus j’avais déjà indiqué la parution d’un entretien, et bien ici je parle du très intéressant La Fabrique de la bande dessinée, dirigé par Pascal Robert, qui met vraiment bien en avant toute une nouvelle génération de chercheureuses.