Un article du projet « Chantons la bande dessinée avec... »
Voici un objet passionnant (signalé par Tzvetan Liétard), à vrai dire à la limite du hors-sujet car il s’agit avant tout d’un texte, à peine illustré, mais manuscrit, et dans un journal qui publie beaucoup de dessins, par un auteur de bandes dessinées – elles-mêmes souvent pleines de texte -, alors les frontières… Voici en tous cas Casse-têtes, une des chansons d’un 45 tour d’Yves Montand sorti en 1978. Une chanson qui dénonce la violence, celle des policiers sur les manifestants comme des chasseurs sur les phoques, une chanson sur la bêtise brute de la répression, mais aussi sur la manière dont elle vide l’esprit des victimes et peut éradiquer toutes résistances. Membre du Mouvement de la paix et des Droits de l’homme, acteur régulier pour Costa-Gavras et ses films engagés, habitué de chansons de soutiens à diverses causes, le chanteur-acteur n’a pas encore rejoint le tournant de la rigueur et soutenu le libéralisme, rien d’étonnant dans ce texte donc, même si son engagement profond et direct à la TV peut étonner :
Son origine se trouv dans le n°332 de Charlie Hebdo, le fameux journal satirique, dont la couverture de Reiser évoquant un bébé phoque résonne d’ailleurs avec le texte :

Dans ce numéro, apparaît le texte « Un moment d’amnésie », qui se veut poème, évoquant des visages divers, tous disparus et suggérés. Le texte chanté est le même, seul le titre change. C’est a priori Montand lui-même qui l’a lu, et a demandé à Gébé de l’utiliser – à sa grande surprise. On a donc quelque chose de quasi littéral, comme dans le Frère d’armes des Bérus. La chanson fonctionne, en déclamant avec des rythmes saccadés. C’est brillant, mais cela reste au fond l’adaptation d’un texte, et non d’une bande dessinée, contrairement au titre des Bérus. En étant honnêtre, c’est donc un cas hors sujet. Mais j’ai trop aimé cette découverte pour ne pas la partager.

